Les visas de travail au Japon

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Actualisé 2022-12-12 14:11

Décrocher un travail au Japon. Un rêve pour beaucoup. Mais obtenir un visa de travail est-il possible ? On dit souvent qu'il est difficile de trouver du travail au Japon. Certes, les démarches peuvent être longues et fastidieuses, surtout depuis la Covid. Pour lutter contre la crise sanitaire, le Japon a maintenu ses frontières fermées pendant près de deux ans. Le pays se rouvre peu à peu, et il devient de nouveau possible d'envisager une carrière professionnelle au Japon. Sous quelles conditions ? Quels sont les permis de travail accessibles ? Quelles sont les règles pour postuler ?

Le Japon rouvre progressivement ses frontières

Les étudiants et professionnels peuvent de nouveau se rendre sur le territoire depuis le 1er mars 2022. Pour eux, c'est la fin du tunnel, ou du moins, le début de l'amélioration.

À cause des frontières fermées, beaucoup d'étrangers ont vu leur demande de visa annulée. Des milliers d'étudiants ont été contraints d'abandonner leur programme d'études au Japon malgré leur certificat d'éligibilité, ou d'opter pour une solution en ligne pas toujours adéquate (cours selon l'heure japonaise, avec un décalage horaire parfois important, comme pour la France). Même casse-tête pour les travailleurs et les stagiaires dont les promesses d'embauche ont été supprimées.

Le Japon allège peu à peu ses mesures. Le 10 juin, il autorise l'arrivée de groupes de touristes munis d'un visa (sésame désormais obligatoire, quelle que soit la durée du séjour). Il est bien sûr formellement interdit de travailler avec un visa touriste. Les professionnels voient, dans ce nouvel assouplissement, un pas de plus vers une normalisation des échanges internationaux et une réouverture totale des frontières.

Les différents types de visas professionnels au Japon

Vous pouvez travailler au Japon avec 4 grands types de visas : le visa de travail, d'époux, le visa étudiant et le permis vacances travail Japon (PVT). Ils sont réservés aux longs séjours (supérieurs à 90 jours).

Les différents corps de métiers au Japon

 Métiers de l'enseignement :

  • Professeur : réservé aux postes en université
  • Instructeur : réservé aux postes dans l'enseignement public

Métiers de la recherche et de l'ingénierie :

  • Ingénieur : concerne tous les métiers ayant trait aux nouvelles technologies et à l'ingénierie.
  • Chercheur
  • Expert en sciences humaines : concentre des secteurs variés, de l'expertise juridique à la traduction, en passant par les relations internationales ou l'économie.

Secteurs de travail spécifiques :

  • Métiers du domaine médical : le candidat doit posséder une licence de travail au Japon
  • Métiers du juridique : le candidat doit posséder une licence de travail au Japon
  • Mutation : cas d'une personne mutée au Japon. Elle appartient toujours à l'entreprise, qui détient une antenne sur le sol nippon.
  • Main-d'œuvre qualifiée : les compétences du postulant doivent être reconnues sur le sol japonais. On conseille de passer son diplôme dans une école technique japonaise (senmon gakkô) ou de justifier d'une solide expérience (10 ans).

Autres activités :

  • Investisseur : vise tous les créateurs d'entreprise, de startup au Japon, ou les responsables de firmes étrangères.
  • Journaliste
  • Artiste : l'artiste doit pouvoir justifier de revenus réguliers lui permettant de vivre au Japon. Il doit pouvoir montrer sa production (œuvre littéraire, peinture, musique, danse etc.)

Que permet le visa de travail japonais ?

Ces visas permettent d'obtenir une carte de séjour d'une durée de quelques mois à 1 an renouvelable, pour travailler au Japon. Il est obligatoire d'exercer l'activité professionnelle inscrite sur le visa. Vous avez été sponsorisé par une entreprise pour exercer un métier dans cette entreprise. Votre permis de travail est attaché à votre catégorie d'emploi.

Le visa de travail « professionnel hautement qualifié »

Créé en 2012, ce visa (high skilled visa) concerne, comme son nom l'indique, les experts hautement qualifiés. Le gouvernement l'a crée pour attirer les talents étrangers et gagner en compétitivité sur la scène internationale. En effet, si le Canada, ou les États-Unis sont connus de longue date pour leurs programmes de recrutement de talents internationaux, le Japon reste encore une destination confidentielle. Avec ce visa, le pays cible l'élite. Il est réservé à 3 catégories d'emploi :

  • La recherche académique au niveau expert (et donc, différente du visa chercheur ou enseignant).
  • Une expertise technique rare, une spécialisation dans un domaine particulier (expertise plus poussée que celle requise pour le visa ingénieur).
  • Expert du management et de la direction, business manager, expert des finances, connaissance pointue du monde de l'entreprise, du marché international (compétences plus pointues que celles demandées pour le visa investisseur).

Le visa professionnel hautement qualifié est le plus avantageux. Sa durée est de 5 ans, contrairement aux autres visas, généralement d'un ou 3 ans. Le visa professionnel hautement qualifié donne accès à la résidence permanente en 1 à 3 ans. La procédure d'immigration est plus rapide que pour les autres visas. Le regroupement familial est autorisé. Il est également possible d'exercer d'autres activités professionnelles, en plus de celle mentionnée sur le visa.

De nombreux avantages, donc, mais des postulants rares. Du fait de ses nombreuses exigences, ce visa est très restrictif, et difficile à obtenir.

Les visas « specified skilled worker » (Tokutei ginou)

Crée en 2019, ces visas sont censés répondre à la pénurie de main-d'œuvre au Japon. Le gouvernement japonais a prévu de faire venir 500 000 employés jusqu'en 2025. Il existe 2 types de visas : type 1 et le type 2. Le type 1 est limité à 5 ans non renouvelable, et sans regroupement familial possible. Le type 2 est renouvelable et autorise le regroupement familial.

Les deux visas sont simplifiés : il n'est pas nécessaire de bien parler japonais. Un JLPT N4 suffit. En effet, les visas de travail au Japon recommandent, en principe, d'avoir un bon niveau de japonais. L'étranger doit réussir le Japanese Language Proficiency Test, examen international, et obtenir au moins le niveau 2, qui correspond à un niveau intermédiaire avancé. Ce niveau 2 (N2) est exigé par la majorité des entreprises pour travailler au Japon. Elles peuvent aussi demander le niveau supérieur, le N1, qui correspond à un niveau bilingue. Mais les visas specified skilled worker ne demande qu'un niveau 4, qui correspond au niveau faux débutant.

Bon à savoir :

Ces visas specified skilled worker sont réservés à des secteurs sous tension précis : soins infirmiers, aide à la personne, agriculture, bâtiment, maintenance, alimentaire... Mais ces nouveaux visas de travail sont controversés. Les détracteurs redoutent une exploitation de travailleurs au statut plus précaire que les autres. Les étrangers munis de ces visas sont une main-d'œuvre bon marché pour des entreprises parfois peu scrupuleuses. Des scandales ont déjà éclatés, mettant en cause des chefs d'entreprise qui ne respectaient pas le droit du travail. Sans ressources et parlant mal japonais, les étrangers seraient plus susceptibles d'être exploités.

Le visa étudiant

Vous pouvez profiter de vos études au Japon pour travailler dans la limite de 28h/semaine. Interdiction formelle de travailler dans le milieu de la nuit. De nombreux étudiants optent pour un baito, un petit job (supérette, restaurant...). C'est un bon moyen de parler japonais tout en découvrant le monde du travail. Vous pouvez aussi profiter de vos études pour suivre des programmes business, qui vous prépareront à votre future vie active au Japon. Dans ce cas, votre établissement pourra vous mettre en relation avec des employeurs partenaires. Celle-ci pourrait vous sponsoriser à l'issue de vos études. Un parcours idéal pour démarrer votre carrière au Japon. Bien entendu, vous pouvez également chercher seul une entreprise susceptible de vous embaucher.

Le visa de stage au Japon

Tout dépend des formalités de votre stage : sera-t-il rémunéré ? Quelle est la durée de votre séjour ? S'agit-il d'un échange universitaire organisé entre votre établissement et votre sponsor au Japon ? Si la demande émane de votre université, c'est elle qui établira une convention de stage tripartie (l'université, l'employeur japonais, et vous).

Le PVT au Japon

Pour rappel, le permis vacances travail (PVT) est un visa accordé aux jeunes de 18-30 ans, permettant de vivre et travailler au Japon pendant un an. Le PVT est accessible pour les ressortissants des pays ayant signé l'accord PVT avec le Japon : (Permis Vacances Travail) est un visa accordé aux jeunes de 18-30 ans, permettant de vivre et travailler au Japon pendant un an. Le PVT est accessible pour les ressortissants des pays ayant signé l'accord PVT avec le Japon : l'Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande, la France, la Corée du Sud, l'Allemagne, le Royaume-Uni, le Danemark, l'Irlande, Taïwan, Hong Kong, le Portugal, la Norvège, la Pologne, l'Autriche, la Slovaquie, la Hongrie, l'Espagne, l'Argentine, le Chili, l'Islande, la République tchèque et la Lituanie.

Tout comme pour le visa étudiant, le PVT Japon permet de travailler 28h/semaine. Attention à respecter la balance vacances/travail dans le programme que vous fournirez à l'immigration japonaise. Votre objectif (découvrir le Japon, et, le cas échant, travailler pour financer ses vacances) doit apparaître clairement. Si les raisons de votre voyage ne sont pas claires, les services japonais pourraient refuser de vous octroyer votre permis de séjour.

Le visa de résidence permanente

Le visa de résidence permanente permet aux étrangers de vivre et de travailler régulièrement au Japon, sans restriction. Les exigences pour obtenir ce visa diffèrent notamment selon la profession du demandeur. Dans la plupart des cas, il s'adresse à toutes les personnes ayant vécu au Japon pendant, au moins, 3 à 5 ans.

Le visa d'époux

Le visa de d'époux est un autre type de visa de résidence permanente. Il permet de travailler au Japon sans conditions particulières. Il n'y a pas de restriction en terme d'heures de travail. Il est possible de travailler dans toutes les catégories d'emploi. Il concerne deux catégories de personnes :

Les personnes mariées à un ressortissant japonais et ayant séjourné au Japon avec leur conjoint pendant au moins un an.

Les personnes mariés à un ressortissant japonais et ayant vécu à l'étranger avec leur conjoint pendant au moins trois ans.

Faut-il parler japonais pour obtenir un visa de travail ?

Si le JLPT n'est pas obligatoire pour étudier au Japon, il est exigé pour pouvoir y travailler. Raison principale : le JLPT mesure votre niveau et votre manière de comprendre le japonais. Ayez au moins le niveau 2 (N2, niveau intermédiaire supérieur). De plus en plus d'entreprises demandent le niveau 1 (N1, expert). La concurrence est rude, et le nombre de places restreint. Les étrangers sont nombreux à rêver d'un statut professionnel au Japon. Mettez toutes les chances de votre côté et apprenez le japonais, si possible, avant votre entrée sur le territoire. Même si votre entreprise est internationale, parler japonais facilitera votre intégration.

L'indispensable Certificate of eligibility (CoE)

Le certificat d'éligibilité atteste qu'une demande de visa est en cours. C'est votre entreprise (votre sponsor) qui vous délivre le document. Sans lui, vous ne pouvez poursuivre vos démarches. Une fois le CoE obtenu, rendez vous à l'ambassade pour faire votre demande de visa de travail.

Comment chercher un emploi au Japon ?

Si vous postulez depuis votre pays, consultez les nombreux sites Internet dédiés à la recherche d'emploi. L'idéal reste d'être sur place, pour être tout de suite opérationnel si l'employeur souhaite s'entretenir avec vous. Les procédures d'entretien peuvent être très longues (5, 6 entretiens ou plus, étalés sur plusieurs semaines). Ces procédures diffèrent en fonction des activités. Prenez en compte l'éventuelle contrainte géographique lorsque vous postulez.

Si vous parlez japonais, faites vos recherches en japonais. Vous accéderez à des offres qui n'apparaissent pas sur les sites étrangers. D'ailleurs, certains sites pourraient être interdits d'accès depuis votre pays. Par exemple, la France n'a plus accès à Yahoo!Japan depuis le 6 avril 2022.

Investissez les clubs professionnel, forums, réseaux sociaux pro. Certaines activités bénéficient de réseaux très actifs. Adhérez-y pour avoir accès à leurs services.

Le Japon est un pays élitiste. Si votre diplôme provient d'une université ayant une bonne réputation à l'international, mettez-le en valeur.

Obtenir un visa de travail pour le Japon : les conseils en plus

Dans l'idéal, profitez des premiers moments de votre séjour pour découvrir votre nouvelle ville d'accueil et faire vos formalités (ouverture d'un compte en banque japonais, abonnement téléphonique etc).

Prenez toutes les informations concernant les activités professionnelles au Japon, les règles du monde du travail etc. Les normes changent d'un pays à l'autre. Vous renseigner en amont vous permettra de mieux choisir le statut pour lequel vous demandez un visa.

N'hésitez pas à consulter les services de l'immigration japonaise lors du dépôt de votre demande. Pour le PVT, par exemple, les services peuvent consulter votre programme et vous conseiller.

Faites votre demande de visa le plus tôt possible (en général, 6 mois pour un visa étudiant). La crise sanitaire a rallongé les délais de traitement. De nombreuses personnes sont dans votre cas, en projet d'expatriation au Japon. Ne vous laissez pas surprendre par le temps. Vérifiez régulièrement les informations sur le site de votre Ambassade.

Un coup de blues ? Rappelez-vous les raisons qui ont motivé votre décision de partir au Japon. Évacuez le trop plein d'émotion. Parlez avec d'autres expatriés, rencontrez des locaux, faites des activités. Profitez de votre nouvelle vie au Japon.

Liens utiles :

Ambassade du Japon en France (en français)

Immigration au Japon (en anglais)

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