
Où le vent de l'expatriation soufflera-t-il en 2026 ? Alors que s'ouvre 2026, retour sur la mobilité internationale en 2025. Quelles leçons tirer ? À quoi les expatriés peuvent-ils rêver en 2026 ?
Mobilité internationale 2025 : le boom du nomadisme digital et du travail hybride
Le nomadisme digital s'impose comme l'une des grandes tendances de la mobilité internationale en 2025. Ils seraient environ 40 millions à sillonner le monde pour travailler avec des entreprises étrangères. Les États ont senti la tendance : ils sont de plus en plus nombreux à proposer un visa nomade digital (ou nomade numérique). Cette année, les Philippines, le Salvador et la Slovénie ont lancé leur visa nomade numérique. Ils rejoignent la longue liste des pays « digital nomad friendly » : Costa Rica, Brésil, Thaïlande, Colombie, Turquie, Barbade, Îles Caïmans, Australie, Maurice, Afrique du Sud… et une grande partie des pays européens.
Le boom du nomadisme digital, et plus largement de l'expatriation, n'est pas sans heurts. Au Mexique, au Portugal ou en Espagne, les tensions se sont progressivement cristallisées entre locaux et expatriés. La faute à une crise du logement et une crise économique qui durent.
Et si une partie de la solution venait de l'organisation même du travail ? Le nomadisme numérique réinvente déjà le travail : l'expat travaille à distance pour une entreprise étrangère. Mais se pose la question de son « empreinte » dans le tissu économique local. Pour être certains de contribuer à l'économie de leur ville d'accueil, des nomades numériques misent sur la participation concrète à la vie de leur localité.
Percée du workation
Autre tendance vue en 2025 : le workation. Contraction de « work » et de « vacation », le workation propose de travailler à distance, dans un cadre de vacances : à la mer, en montagne… Il ne faut néanmoins pas confondre le workation avec des vacances. Le salarié ne prend pas de congé, mais travaille plusieurs semaines hors de son entreprise. Le workation s'est notamment développé pour lutter contre le burn-out et le stress au travail. La pratique a néanmoins ses limites. En cas de surmenage, rien ne remplace le repos total.
Et le télétravail ?
Selon un rapport du bureau d'études Gallup publié en juillet 2025, le télétravail a moins de cote chez la génération Z (population née en 1997 et après). Ils sont « à peine » 23 % à opter pour le télétravail à 100 %, contre 35 % chez les milléniaux (nés entre 1980 et 1996), les travailleurs de la génération X (nés entre 1965 et 1979) et les boomers (nés entre 1946 et 1964). En revanche, les jeunes de la « Gen Z » sont plus nombreux à préférer le travail hybride (71 %). Ils dépassent nettement les milléniaux (60 %), la génération X (56 %) et les boomers (54 %). Point commun entre toutes les catégories : le travail sur site est boudé. À peine 6 % de la Gen Z dit préférer travailler sur site. Les milléniaux sont encore moins nombreux (4 %). Le taux remonte chez la génération X (9 %) et chez les boomers (10 %).
Les entreprises ont bien compris l'intérêt des salariés pour le travail hybride. La mention peut faire toute la différence sur les offres d'emploi à l'international. Mais l'année 2025 n'est-elle pas celle de la fin du télétravail ? Encensé par les uns, décrié par les autres, le télétravail semble sur la sellette. Amazon, Société Générale, HSBC, Deutsche Bank, Google, Meta… Depuis la fin de la crise sanitaire, plusieurs grands groupes ont mis fin au télétravail à 100 % ; le télétravail partiel est maintenu, mais avec parfois plus de contraintes (augmentation du nombre de jours en présentiel, par exemple).
Faut-il pour autant signer la fin du télétravail pour 2026 ? Non. Car le télétravail reste l'un des moyens d'attirer les talents internationaux. Ils tiennent à leur flexibilité et au maintien de l'équilibre vie professionnelle/vie privée.
Mobilité internationale : durcissement des règles chez les grandes terres d'immigration
Les grandes terres d'immigration (Canada, Australie, États-Unis, Royaume-Uni) continuent d'attirer les étrangers en 2025. Mais le durcissement progressif des règles d'immigration impacte leur attractivité. C'est notamment le cas pour les étudiants étrangers. En août, le tour de vis de l'administration Trump entraîne la révocation de plus de 6 000 visas étudiants. Le même mois, une réforme propose de limiter le séjour des étudiants à 4 ans ; jusqu'alors, les étudiants pouvaient rester étudier tant qu'ils étaient inscrits à l'université. Problème : que faire des doctorants, des chercheurs et des autres étudiants dont le cursus dure plus de 4 ans ?
Au Canada, le tour de vis a plombé la mobilité internationale des étudiants. Les universités enregistrent jusqu'à -50 % d'inscriptions en 2025. D'après le Bureau de coopération interuniversitaire, elles ont diminué de 46 % entre avril 2024 et avril 2025. Les universités alertent contre des mesures qu'elles jugent néfastes pour l'économie canadienne et son rayonnement à l'étranger. L'exécutif garde son cap. Le plan 2026-2028 compte accueillir 150 000 étudiants étrangers en 2026, contre 305 900 en 2025.
Même tonalité au Royaume-Uni et en Australie. Les étudiants étrangers ne sont pas les seuls visés. Les travailleurs expatriés sont également impactés par les mesures restrictives. L'Australie a lancé sa réforme de l'immigration en 2024. Depuis le 1er juillet 2025, les frais de certaines demandes de visa ont augmenté : visa étudiant (de 1 600 à 2 000 dollars australiens), le visa de partenaire (légère hausse de la taxe de séjour) ou le visa pour compétences recherchées (de 3 115 à 3 210 dollars australiens). Au Royaume-Uni, le gouvernement travailliste de Starmer maintient l'objectif de réduire nettement le nombre d'étrangers. En novembre, l'exécutif annonçait une nouvelle réforme « drastique » qui augmenterait le délai requis pour demander la résidence permanente de 5 à 20 ans.
Les destinations qui se sont démarquées en 2025
Face au durcissement des règles de l'immigration dans les pays traditionnellement plébiscités par les expatriés, d'autres États ont dévoilé leurs atouts. Ainsi, le Mexique, la Colombie, le Panama, l'Indonésie et la Malaisie gagnent du terrain auprès des travailleurs étrangers. Ces pays ont justement mis en place un visa nomade numérique ou des visas similaires, ainsi que des programmes de résidence longue pour les étrangers, comme Malaysia my second home. Autres atouts de ces pays : un coût de la vie moins élevé que dans les grands pays d'immigration, et des démarches pouvant être moins contraignantes, notamment pour les investisseurs et professionnels étrangers très qualifiés.
D'autres États, comme l'Espagne, la Thaïlande et les Émirats arabes unis (EAU), ont continué de profiter de leur bonne image pour attirer les talents étrangers. Cette année, les EAU ont introduit de nouveaux visas pour attirer les professionnels étrangers : les « Missions Visas » et les visas de visiteurs, comme ceux réservés aux experts de l'IA. Le pays développe toujours ses solutions de Golden Visa, là où plusieurs pays ont stoppé ou freiné le programme. L'Arabie saoudite entend elle aussi attirer les talents étrangers et les riches investisseurs, grâce à ses programmes Premium Residency.
De leur côté, les étudiants étrangers ont misé sur des destinations moins onéreuses, proposant des cursus tout aussi pointus que ceux des établissements américains, canadiens, australiens ou britanniques. La Pologne, la République tchèque, l'Irlande, Taïwan ou encore le Mexique continuent de gagner des points auprès des étudiants étrangers. Le Japon, la Corée du Sud et l'Allemagne s'installent également comme des destinations favorisant la mobilité internationale étudiante.
Mobilité internationale : quels secteurs recrutent en 2026 ?
La révolution IA se poursuivra en 2026. Sans surprise, les entreprises du secteur (et pas seulement les grands groupes) continueront de recruter des spécialistes étrangers. Parmi les métiers recherchés : data scientist, deep learning specialist, computer vision engineer, machine learning engineer, AI trainer, AI product manager, AI RH specialist, AI legal consultant… Que les futurs expats se préparent : le recrutement risque d'être encore plus impacté par les intelligences artificielles. Quant aux métiers de l'IA, ils ne touchent pas seulement le domaine purement technique ou robotique, mais s'étendent la musique (AI music producer), la création de contenus (AI content strategist), la vidéo (AI video producer)…
Forte demande dans la tech et le digital, forte demande dans les métiers de la santé. En 2026, les tensions du secteur des soins seront toujours aussi vives. La pénurie mondiale des professionnels de santé (notamment les médecins et les infirmiers) est loin d'avoir été résorbée. La finance et la banque se portent bien et devraient poursuivre les recrutements en 2026. Mêmes pronostiques pour la logistique et les transports. Le secteur de l'énergie est également en progression, poussé par les énergies vertes.
La mobilité internationale devra néanmoins composer avec les politiques migratoires plus ou moins restrictives des États. La tendance globale favorise largement l'immigration des professionnels étrangers qualifiés ou très qualifiés.
Étudiants, salariés… où s'expatrier en 2026 ?
Les pays ayant gagné des points en 2025 sont bien partis pour rester dans les tops des destinations d'expatriation en 2026. Le Panama, la Colombie, le Mexique, la Thaïlande, le Vietnam, la Malaisie, l'Indonésie, l'Espagne, les EAU et l'Arabie saoudite feront encore parler d'eux en 2026.
Les étudiants ont de fortes chances de continuer à miser sur les destinations plus adorables, qui offrent des cursus pointus et de nombreuses opportunités de travail. En 2025, la Chine s'est lancée dans une « opération séduction » pour attirer les étudiants étrangers déçus par la politique américaine. L'instauration du test obligatoire « China Scholastic Competency Assessment » (CSCA) en janvier 2026 (pour les étudiants bénéficiant de la bourse de l'État) ne devrait pas décourager les candidats étrangers.
Car selon l'exécutif, le large accueil des étudiants étrangers (après la gestion controversée de la crise sanitaire) est un bon moyen d'étendre son influence sur la scène internationale. En novembre, Pékin a d'ailleurs lancé un nouveau visa « visa K », qu'il présente comme l'équivalent du visa H-1B américain. Tout porte à croire que la Chine poursuivra sa stratégie en 2026.
Et les retraités ? La Thaïlande, la Malaisie, le Mexique, le Portugal, le Panama, l'Espagne et le Costa Rica continueront de figurer parmi les meilleures destinations pour prendre sa retraite.
Sources :
- Citizen Remote - 73 Digital Nomad Visa Countries in 2025
- Atlys - Digital Nomad Statistics: Growth, Jobs, Income & Top Destinations
- Asana - Le « workation », nouvelle tendance entre vacances et travail
- Mag des compétences - L’année 2025 : retour au bureau et fin du télétravail ?
- Culture RH - Fin du télétravail en 2026 : tout ce que vous devez savoir !
- Le Temps - Les États-Unis ont révoqué les visas de plus de 6000 étudiants étrangers
- La Presse - Les inscriptions d’étudiants étrangers en chute libre
- Gouvernement du Canada - Renseignements supplémentaires relatifs au Plan des niveaux d’immigration 2026-2028
- The Economic Times - Studying in Australia just became more expensive for international students
- Toute l'Europe - Royaume-Uni : le gouvernement travailliste annonce un durcissement drastique des conditions d’asile
- BBC - The best countries for expats in 2025
- Immerse Education - Best Countries to Study Abroad: Top 10 for 2025
- Gini Talent - The Fastest-Growing Jobs in 2026 and Beyond
- BGB Formation - Métiers IA 2026 : Les 15 Emplois d'Avenir



















