
Attirer les talents étrangers des quatre coins du monde ne suffit pas. Les Émirats arabes unis l'ont bien compris. Pour rester compétitif et peser sur la scène internationale, il faut garder ses talents. Et pour les garder, il faut trouver des motivations qui dépassent la simple hausse de salaire. C'est le défi des Émirats arabes unis.
Travailler aux Émirats arabes unis : quand le haut salaire ne suffit plus
Si les Émirats arabes unis (EAU) font rêver autant d'expats, c'est principalement grâce aux perspectives de carrière qu'il laisse entrevoir. Le pays a investi et continue d'investir pour devenir le nouveau carrefour de l'investissement international et de l'emploi sans frontières. Alors que le rêve américain souffre des nouvelles politiques du président Trump, le « rêve émirati » entend se faire une place auprès des expatriés. C'est qu'aux ÉAU, un gérant de magasin peut gagner plus de 100 000 dollars annuels. Les salaires annuels montent à plus de 137 000 dollars pour un responsable de ressources humaines, près de 172 000 dollars pour un ingénieur dans l'automobile, l'aérospatial, la construction ou le médical, environ 238 000 dollars si l'ingénieur opère dans le développement de logiciels et les technologies de l'information. Le salaire bondit à plus de 335 000 dollars annuels pour un gestionnaire des risques.
Les salaires relevés restent des moyennes qui dépendent notamment de la ville dans laquelle travaillent les expatriés. Sans surprise, les plus gros salaires se trouvent à Dubai. La ville et l'émirat du même nom attirent un grand nombre d'expats. Abu Dhabi, la capitale des ÉAU, est l'autre ville connue pour ses hauts salaires. Des hauts salaires qui se conjuguent avec des coûts de la vie élevés. Pour alléger leurs finances, un certain nombre d'expatriés quittent les luxueuses Dubai et Abu Dhabi pour s'établir à Sharjah, Ras Al Khaimah ou Ajman. L'argent n'est cependant pas la seule raison qui pousse les étrangers au départ. Plus que le haut salaire, ces travailleurs étrangers attendent plus d'implication et de reconnaissance dans leur travail.
Flexibilité : un atout pour retenir les talents étrangers ?
Bien entendu, augmenter les salaires reste un important levier pour les étrangers désirant fidéliser leurs talents étrangers. Mais la simple hausse de salaire ne suffit plus, dans un marché international toujours plus concurrentiel. La flexibilité est-elle la solution miracle ? Oui et non, selon les experts. Car d'un côté, la flexibilité répond bien aux demandes des talents étrangers basés aux EAU. Plus autonomes, ils gèrent leur emploi du temps comme ils le souhaitent. Ils peuvent plus facilement concilier leur vie professionnelle et leur vie privée. Mais les mêmes talents étrangers regrettent une culture de l'entreprise dans laquelle ils ne se retrouvent pas. Certains dénoncent un management trop rigide, ou au contraire, pas assez présent, une absence de flexibilité et des valeurs dans lesquelles ils ne se retrouvent plus.
La flexibilité, notamment via le travail à distance, reste un grand atout pour les entreprises basées aux EAU. Même s'il est de plus en plus décrié par certains grands groupes, il est impossible de se passer du télétravail. Mais pour retenir les talents étrangers, les spécialistes du recrutement aux EAU recommandent une « culture de la flexibilité » visible à tous les niveaux. Les entreprises parvenant à fonctionner en 100 % télétravail tout en fidélisant leurs travailleurs sont celles ayant introduit une culture de la flexibilité dans leur fonctionnement. Mais mieux intégrer la flexibilité ne signifie pas qu'il faille l'imposer partout. De nombreux expatriés et locaux sont pour la flexibilité, sans toujours réaliser ce qu'elle induit. Travailler à distance nécessite une implication de l'entreprise et du salarié. Or, certains salariés ne sont pas « faits » pour travailler à distance, mais ne le savent pas toujours. Ils n'apprécient pas le cadre du travail à distance, mais préfèrent le cadre du bureau. Cette donnée doit être comprise par les entreprises pour construire une organisation du travail prenant en compte les besoins de tous les salariés.
Culture de l'entreprise : concilier souhaits individuels et management
C'est le grand défi des entreprises basées aux EAU. L'expatrié a plus de chances de rester dans une entreprise qui comprend son fonctionnement et dont il comprend le fonctionnement : valeurs, organisation du travail. La rencontre idéale serait celle de l'expat travaillant dans une entreprise émiratie partageant ses valeurs et sa vision de la culture d'entreprise. Il bénéficierait d'une « flexibilité à la carte » selon ses besoins et attentes. Sa voix serait entendue dans l'entreprise. La parole serait plus horizontale que verticale. Le bien-être des salariés serait l'une des priorités de l'entreprise, qui ferait le nécessaire pour préserver l'équilibre vie privée/vie privée. Vision impossible ? Pas si sûr. D'après les spécialistes du recrutement aux ÉAU, un tel environnement de travail peut tout à fait s'envisager.
Leur premier conseil aux entreprises : être plus transparentes
Inutile de promettre aux expatriés une organisation du travail hybride (travail sur site/travail à distance) si rien n'a été fait en amont pour la préparer. L'entreprise doit préparer toute réorganisation du travail, idéalement, avec le concours des salariés.
Deuxième conseil : s'adapter
Il ne sera bien sûr pas toujours possible de répondre à 100 % aux besoins du travailleur. L'entreprise doit trouver l'équilibre entre satisfaction des besoins des travailleurs et management de toute l'équipe. Pour cela, les travailleurs doivent être impliqués. Impliquer davantage ses salariés est une bonne manière de les fidéliser.
Troisième conseil : valoriser le bien-être dans l'entreprise
Les hausses de salaire à elles seules ne suffisent plus à garder les talents étrangers sur le long terme. Car pour nombre d'expatriés, le travail n'est pas un simple travail. Ils ont quitté leur pays pour immigrer aux ÉAU ou ailleurs. Ils ont pu le faire pour faire carrière à l'étranger, mieux gagner leur vie, réaliser un rêve ou un défi. Ils aspirent à s'épanouir au travail, à trouver leur place, un but, des objectifs. Les entreprises valorisant le bien-être et œuvrant en faveur de l'épanouissement au travail ont plus de chances de retenir leurs travailleurs étrangers.
Sources :
- Gulf News - Retention is the new recruitment: Why UAE companies are focusing on keeping talent, not just hiring
- Career Pro - Why Employee Retention is the Key to Business Success in the UAE
- Gulf Magazine - Retention is the New Recruitment: Why UAE Companies are Focusing on Keeping Talent, Not Just Hiring It
- UpGrad - Highest-Paying Job Roles in the UAE – A Complete Guide [2025-26]



















