Pourboires : évitez les faux pas pendant votre expatriation !

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Publié le 2022-08-17 à 10:00 par Asaël Häzaq
Fraîchement expatrié, vous venez de terminer un bon déjeuner assis à la terrasse d'un restaurant. Le temps est idéal, le décor aussi. Vous pensez à sortir de table pour une petite promenade, histoire de digérer en profitant de la vue de carte postale. Voici donc le moment de payer votre bon repas. Et là, c'est le drame. Non pas que vous n'ayez pas d'argent (ou pas assez). Vous avez fait le plein de devises et votre carte bancaire est également bien fournie. Le drame, c'est que vous ignorez s'il faut ou non laisser un pourboire.

Pourboire ou pas pourboire ?

L'affaire pourrait faire sourire. Elle est pourtant bien plus sérieuse qu'on ne le croit. Au restaurant, dans le taxi, à l'hôtel, en promenade avec un guide… En matière de pourboire, chaque pays à son process. Ne pas le connaître ne créera pas d'incident diplomatique, mais instaurera malaise et incompréhension. L'affaire sera cocasse ou non, selon votre degré de décontraction et celle des professionnels que vous risquez d'offenser. Au pire, vous passerez pour un touriste qui ne comprend rien, ce qui n'est pas forcément gênant, étant donné que vous êtes à peine installé dans le pays, et que vous ne comprenez pas tout. Quels pays acceptent les pourboires ? Dans quels pays ces petites pièces (ou billets, pour les âmes généreuses) sont-elles une institution ? Dans quels pays, au contraire, le pourboire est-il perçu comme une offense ? Plongée dans le monde compliqué du « petit extra ».

Les pays où il vaut mieux éviter le pourboire

En Islande, au Japon ou en Chine, c'est simple. C'est non. Aucun de ces pays n'a la culture du pourboire. On considère que le personnel est déjà payé pour effectuer son travail. Au mieux, on vous trouvera insultant. Au pire, on vous trouvera insultant et ignorant. Dans les deux cas, vous serez incompris, et votre pourboire, refusé. Au Japon, on dit que les personnels seraient même entraînés à refuser les pourboires des vacanciers peu au fait des us et coutumes du pays. Tout de même, les choses changent légèrement en Chine, grâce, ou à cause (cela dépend du point de vue) des touristes. Dans les lieux touristiques, les hôtels de luxe et autres établissements chics, un pourboire a plus de chances d'être accepté.

Les pays où le pourboire est une rareté

Dans ces pays, la question n'est pas de refuser ou non le pourboire. La pratique est rare, tout simplement. En Croatie, au Danemark, en Finlande et en Norvège, les habitants n'ont pas l'habitude de donner un pourboire. La pratique n'est pas dans la coutume, et l'on risque fort de ne pas comprendre votre geste de gratitude. Quoiqu'en Croatie, vous pouvez toujours laisser un extra si vous êtes content du service. En Finlande, la pratique se voit parfois dans les hôtels et restaurant chics. En Norvège, le pourboire est compris dans l'addition. Mais sentez-vous libre de laisser un petit plus si vous avez trouvé le service vraiment exceptionnel.

Les pays où c'est comme vous voulez

Les économes seront ravis. Dans les pays listés ci-dessous, chacun fait selon son cœur et son inspiration du moment.

Europe

Pays-Bas, Pologne, Portugal, Suisse, Suède : dans ces pays, personne ne se vexera si vous ne laissez aucun pourboire. Il peut même être déjà inclus dans votre note, comme le font les hôtels néerlandais ou les restaurants suédois. Mais si vous avez apprécié le service, n'hésitez pas à donner en plus 10 % de l'addition. C'est facultatif, mais ça fait toujours plaisir. Et la France ? On entend tout et son contraire sur ce pays. Le pourboire y serait une institution à respecter absolument. C'est faux. Ou plutôt, la tradition se perd. Les Français sont de plus en plus nombreux à estimer que les employés perçoivent déjà un salaire (même s'il n'est pas toujours à la hauteur du travail rendu). En pratique, un pourboire sera toujours apprécié.

Asie

Laos, Indonésie, Birmanie, Malaisie, Singapour : dans ces pays, le pourboire n'est pas une norme. Mais on appréciera toujours un petit geste. En Birmanie, par exemple, évitez l'argent. Préférez les petits cadeaux. En Malaisie, par contre, on préférera la monnaie. En Indonésie, le pourboire est souvent inclus dans la note. Pensez toutefois aux porteurs : pour eux, un extra est conseillé. Et la Thaïlande ? En principe, pas de culture du pourboire. Mais la culture change au contact des autres. Ici, ce sont les touristes qui font évoluer la pratique. Dans les lieux touristiques, vous serez peut-être amené à donner un petit plus.

Autres pays

En Algérie, c'est comme vous voulez. Mais on appréciera toujours un bonus. En Australie, le pourboire est compris dans la note (10 % de taxe). Mais si le cœur vous pousse à remercier le personnel pour le service rendu, allez-y. Comme en Australie, les établissements brésiliens incluent le pourboire dans leur note (taxes additionnelles). D'ailleurs, si vous n'êtes pas satisfait du service, vous pouvez refuser de payer les taxes.

Les pays où il est conseillé de donner un pourboire

Préparez votre monnaie. Voici la liste la plus longue.

Europe

Belgique, Bulgarie, Allemagne, Espagne, Grèce, Irlande, Italie, Malte, Slovaquie, Turquie : dans ces pays, un pourboire sera plus que bienvenu. En Turquie, par exemple, il n'est pas compris dans l'addition. On conseille d'arrondir la note. Pour le point géographique, la Turquie est à cheval entre l'Europe et l'Asie. Elle fait donc partie de l'Europe. En Grèce aussi, la coutume veut qu'on arrondisse la note (à l'euro supérieur, bien entendu). Même s'il est compris dans les services bulgares, espagnols ou belges, un bonus supplémentaire sera toujours apprécié. Encore faut-il savoir le donner. Dans les établissements allemands, ne laissez pas de monnaie sur la table. Indiquez le montant de votre pourboire au moment de payer. L'on verra alors le niveau de votre générosité. En Hongrie et en Tchéquie aussi, votre générosité sera éprouvée. Dans ces pays, le pourboire est vivement conseillé. À bon entendeur...

Asie

Dubaï, Israël, Palestine, Cambodge, Inde, Sri Lanka, Tibet, Népal, Vietnam : dans ces pays, le pourboire est conseillé, surtout dans les zones touristiques. Le Cambodge, par exemple, n'a pas la coutume du pourboire. Les choses changent peu à peu avec le tourisme. Au Sri Lanka, les personnels du secteur touristique attendent d'ailleurs de recevoir un bonus. À Dubaï, en Palestine et en Israël, il est possible qu'il soit compris dans l'addition. Mais un petit geste pour bon service rendu sera toujours apprécié.

Afrique

Kenya, Sénégal, Afrique du Sud, Tanzanie, Ile Maurice, Madagascar, Tunisie, Maroc : dans ces pays, le pourboire est aussi lié à l'activité touristique. On le conseille dans les restaurants, bars, hôtels, services de gardiennage, de porteurs, de guides touristiques… Il peut être déjà inclus dans la note, comme à l'Ile Maurice. Mais vous pouvez toujours laisser 5 à 10 % de l'addition pour témoigner votre satisfaction. En Tanzanie, prendre les Massaïs en photo se paie. Après tout, ils jouent les modèles pour orner vos albums numériques souvenirs et autres comptes Instagram. En Égypte, le pourboire est vivement conseillé. Préparez 10 % de votre note pour les taxis, porteurs, bagagistes, et autres personnels du tourisme.

Amérique du Sud

Argentine, Bolivie, Brésil, Équateur, Guatemala, Pérou, République dominicaine, Uruguay, Venezuela : ici aussi, le pourboire est conseillé. Il est même très vivement conseillé au Chili et au Cuba (10 % de la note). Même s'il est parfois compris dans les additions des établissements chiliens, ne passez pas à côté. À Cuba, vous avez tout intérêt à laisser un petit plus, car on ne manquera pas de vous faire remarquer votre « oubli ». Prévoyez en général 10 % de l'addition ou de la note, et ce, même si le service est parfois compris. Au Pérou, par exemple, le pourboire est facultatif, mais souhaitable si vous avez apprécié le service.

Les pays où il faut donner un pourboire

« Il faut ». Voilà un bien grand mot. Personne ne vous jettera en prison si vous ne donnez pas un pourboire dans les pays listés ci-dessous. Mais, autant la pratique est éloignée de la culture japonaise, autant elle présente en Angleterre, en Écosse, en Autriche, en Roumanie, au Canada, aux États-Unis et au Mexique. Elle l'est parfois pour des raisons purement économiques. En Angleterre, en Roumanie, au Mexique et aux États-Unis, les serveurs sont peu rémunérés. Pour eux, le pourboire est un complément de salaire indispensable. En Angleterre, c'est 10 à 15 % de l'addition. Même chose en Roumanie. Au Mexique, c'est 10 à 20 %. Mais si le pourboire est déjà inclus dans l'addition, n'ajoutez rien (un supplément sera cependant toujours le bienvenu). Aux États-Unis, prévoyez 15 à 20 % de la note (le pourcentage varie légèrement selon le type d'établissement). La norme est rentrée dans les habitudes depuis longtemps. Suivez le mouvement. Vous pouvez même régler par carte bancaire.

Pour tous ces pays, le pourboire est une obligation de fait. C'est la coutume, et tout le monde l'applique. En Autriche, on fait comme en Allemagne : on indique le montant du pourboire avant de payer. En Écosse, le petit plus est d'usage dans les restaurants, mais pas dans les pubs. Au Canada, prévoyez 10 à 15 %, sauf si le pourboire est déjà inclus dans la note.

Ce bon vieux pourboire

Mais au fait, d'où vient le pourboire ? On ne sait pas vraiment, mais la rumeur le fait naître au 18e siècle en Angleterre. Pour servir les clients pressés, un restaurateur aurait mis à disposition un pot « pour assurer la rapidité » (« To Insure Promtness », en anglais). Les pressés glissaient des pièces dans le pot pour être servis plus rapidement. De là serait né le « tip » pour désigner le pourboire. La pratique a voyagé dans le temps et les États, pour le meilleur et pour le pire. Si l'on pense souvent à un petit geste de remerciement, le pourboire fait parfois partie intégrante du salaire. Dans les années 60, le Congrès américain a la curieuse idée d'instaurer une loi autorisant les entreprises à payer leurs salariés au-dessous des salaires minimums. Le reste serait assuré par les bons vieux pourboires. Cela expliquerait la situation actuelle de beaucoup d'Américains, obligés de composer avec de très faibles salaires, et des pourboires. Vous comprenez mieux l'importance de ce petit extra ajouté à votre addition.

Votre pourboire est à présent préparé (ou non). Vous pouvez reprendre le cours de votre expatriation ou de vos vacances l'esprit tranquille.