Québec vs États-Unis : la grande aventure d'une expat de longue date

Interviews d'expatriés
  • famille expat au Quebec
Publié le 2022-08-05 à 10:00 par Nelly Jacques
Yasmine vit depuis plusieurs années en Amérique avec sa famille. Elle a d'abord suivi son mari dans le sud des États-Unis avant de partir, récemment, faire l'expérience de l'hiver canadien. Elle nous partage un peu de sa vie dans chacune de ces Amériques.

Pouvez-vous nous raconter quand et comment votre histoire avec l'expatriation a commencé ?

En répondant à cette question, je me suis rendu compte que j'ai voyagé toute ma vie, d'abord avec ma famille (mes parents, mes frères et sœurs) car mon père était diplomate, puis, avec la famille que j'ai moi-même fondée. C'est donc difficile de parler de ma « 1ère expatriation » qui a eu lieu lorsque j'étais bébé. Mes voyages ont finalement formé un continuum dans ma vie, on peut dire que la seule constante, c'est le changement du lieu de vie !

Pour en revenir à la question, ma première expatriation d'adulte, en famille, a été l'Angleterre en 2008, à 6 puisque nous avons 4 enfants. Nous sommes revenus en France en 2012, pour 2 années avant de repartir aux États-Unis, en Caroline du Nord.

Pouvez-vous nous parler donc de ce projet d'aller vivre en Caroline du Nord. C'était dans quel but ?

Nous avons saisi une opportunité professionnelle de mon mari, comme c'est souvent le cas. On voulait voir du pays. Je n'avais pas d'idées préconçues sur mes activités sur place, mais j'avais envie de travailler. Cela a été plus compliqué car il n'y avait pas vraiment d'emplois correspondant à mes qualifications (banque d'investissement). J'ai donc fait beaucoup de bénévolat dans les écoles des enfants, me suis familiarisée avec le système scolaire des US, commencé un blog sur ledit système scolaire (mybusjaune.com), fait des balades et exploré la région du Triangle (Raleigh, Durham, Chapel Hill) en compagnie de mon chien quand les enfants étaient à l'école. J'ai aussi donné des cours de français dans une maison de retraite et dans une « middle school », expériences que j'ai beaucoup aimées.

Pouvez-vous nous parler un peu de votre vie sur place, ce que vous aimiez le plus, ce qui vous semblait plus difficile ?

Le plus difficile a été de se rendre compte que la Caroline du Nord est l'Amérique « profonde ». Ça ne correspond pas à l'image des États-Unis que tout le monde connaît, c'est-à-dire New York ou la Californie. Ce que j'ai le moins aimé, c'est le temps passé en voiture pour se rendre partout. Impossible d'aller à pied, ou d'emprunter les transports en commun, pratiquement inexistants. Il fallait donc planifier toutes les sorties car chaque destination prend à peu près une quarantaine de minutes lorsqu'on habite le « Triangle ».

Ce que j'ai le plus apprécié, c'est le positivisme des Américains, toujours souriants et de bonne humeur, quelles que soient les difficultés.

Et puis vient donc le projet d'une nouvelle aventure : partir vivre au Canada. Quel était le plan ?

Là encore, une mutation professionnelle. J'aimais l'idée qu'au Québec on ait le meilleur des 2 mondes : le bilinguisme (quoique de plus en plus menacé) mais aussi l'Amérique avec ses grands espaces et un mode de vie proche des États-Unis bien que l'on soit dans un autre pays. Ce qui me faisait peur bien sûr (comme pour chaque personne qui déménage ici) c'était le climat en hiver, très froid.

Parlez-nous de votre arrivée au Canada. Comment s'est passée l'installation, les premiers temps…

Nous sommes arrivés en juillet dans une maison que nous avions choisie en ligne, donc j'étais un peu angoissée quand même… Il faisait très chaud et il n'y avait pas de clim dans la maison, nous étions en nage à force de transporter, vider, installer, monter, descendre etc. Et puis, j'avais promis à mes parents d'aller les voir et j'ai donc, avec les enfants, traversé l'Atlantique pour quelques jours avant de revenir. J'avoue que le timing n'était pas idéal et que cela a été plus fatigant qu'autre chose, mais bon, c'est comme ça.

Et niveau météo, est-ce que le choc a été dur après le climat très doux de la Caroline du Nord ? Est-ce que vous vous y faites ?

Haha, la fameuse météo ! Eh bien oui, l'hiver il fait froid : par exemple, l'hiver dernier il a fait environ -30°C pendant 2/3 semaines. En contrepartie, on a souvent du ciel bleu et les tempêtes de neige sont spectaculaires. On aime beaucoup ce blanc immaculé après, qui rend tout si beau et propre. On s'y fait si on décide de sortir tous les jours, il suffit d'être bien couvert et actif. De plus, il y a énormément d'activités hivernales à pratiquer : patin à glace dans les parcs ou en intérieur, ski de fond en pleine ville, ski de descente un peu plus éloigné, luge, raquette (en ville aussi…) Je suis même allée à un concert en plein hiver (l'Igloofest) et sous la neige qui tombait, c'était magique.

La Caroline du Nord VS le Canada : vos premières impressions, les plus, les moins ?

C'est tellement différent et la comparaison est difficile. Le mode de vie s'approche des États-Unis, je trouve, ce qui peut parfois déstabiliser les Français de France qui pensent que comme la langue est le français, ça va être proche.

Le plus gros changement pour nous est que nous vivons maintenant en ville et à proximité immédiate d'une station de métro, ce qui nous change complètement la vie. Montréal est une ville très vivante, composée de quartiers tous différents, ce qui fait qu'on a toujours quelque chose de nouveau à découvrir. Ça bouge beaucoup plus que la Caroline du Nord ! Bien sûr, la nature n'est pas non plus très loin, à environ 1h/1h30 de Montréal, on peut être dans la forêt ou au bord d'un lac.

L'autre point à noter est la diversité incroyable des habitants : dans notre (petite) rue, nous côtoyons Tunisiens, Grecs, Chinois, Portugais, Libanais, Philippins, Belges et quelques Québécois.

Pouvez-vous nous parler du côté plus administratif de vos expériences aux États-Unis et au Canada ?

L'autorisation de travail est beaucoup plus facile à obtenir au Canada (dépendant du visa du « porteur principal »). Il s'obtient au premier passage de la frontière, en entrant dans le pays. Autre différence : quand il expire et doit être renouvelé, on est en statut « implicite » en attendant le nouveau document, même après la date d'expiration du précédent, c'est donc plus flexible qu'aux États-Unis.

Obtenir le statut de résident permanent (équivalent de la carte verte) est aussi plus rapide qu'aux États-Unis, puisque possible en 3 ans si les conditions sont remplies.

Après, il y a de l'administratif comme partout : impôts, carte de sécurité sociale etc. En plus, pendant la pandémie, tout se faisait en ligne, donc parfois un peu long.

Avez-vous des conseils, des recommandations pour les expatriés qui veulent venir s'installer au Canada, au Québec, plus particulièrement ?

Comme toujours, partir avec l'esprit ouvert et quelques économies pour l'installation et réfléchir à la question du climat avant de se découvrir allergique à l'hiver.

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