Climat trop froid ou trop chaud : la désillusion des expatriés

Vie pratique
  • jeune femme ayant trop chaud
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Publié le 2022-07-25 à 10:00 par Asaël Häzaq
Europe, Amérique du Nord, Afrique du Nord, Asie de l'Est… Une partie du monde suffoque. À peine quelques semaines plus tôt, l'Australie et le Brésil ont fait face à des records de froid. Conséquences du réchauffement climatique, ces variations de climat impactent directement les expatriés.

Outre ces épisodes extrêmes – qui, selon les scientifiques, deviendront de plus en plus fréquents – le temps est parfois la mauvaise surprise de l'expatriation. Quand le climat n'est pas celui auquel on s'attendait, quand l'excès de chaleur ou de froid empêche de vivre pleinement son expatriation, la déception menace. Comment s'adapter au climat du pays d'accueil ?

Trop chaud ou trop froid : quand le climat complique le quotidien de l'expatrié

Lulie ouvre le débat sur le forum Expat.com. Arrivée avec sa famille en novembre 2020 sur l'île de la Réunion, elle apprécie la chaleur des Réunionnais et la culture de l'île. Le tableau serait parfait sans le problème du climat. « Nous supportions mal la chaleur (maux de tête, fatigue...), nous avons un bébé pour qui l'acclimatation était aussi difficile. Notre logement, situé dans les bas à l'ouest, est mal isolé, et il faisait toujours entre 30 et 35 degrés dehors la plupart du temps (hors tempête). »

Lulie et les siens n'étaient pas les seuls à souffrir de la chaleur. Les locaux s'en plaignaient aussi, et cherchaient un peu de fraîcheur sur les hauteurs… Pour les locaux, pas de doute : c'est un coup du changement climatique. Selon eux, les températures augmentent d'année en année. Lulie, elle, ne sait que penser de son expatriation : « On profite très peu de l'île, et on passe souvent notre temps libre à la maison et on n'avait pas du tout imaginé ça ! »

D'autres envisagent de déménager, comme Mod, qui cherche à fuir les chaleurs extrêmes de Marrakech en l'été. On vante beaucoup les nombreux avantages du Maroc. On oublie trop vite le climat. Climat qui, pour certains, devient invivable. Des expatriés au Québec témoignent d'un froid insupportable. Ils s'étaient pourtant renseignés sur la vie au Québec. Mais expérimenter concrètement les longs mois d'hiver a stoppé net leur aventure.

Peut-on vraiment s'adapter au climat du pays étranger ?

Le climat vient rarement en tête des questions que se pose le futur expatrié. Le réchauffement climatique et l'urgence écologique sont en train de changer la donne.

Ne pas confondre le climat et la météo

Pour rappel, climat et météo sont deux notions différentes. Le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) définit la météo comme « l'étude des phénomènes atmosphériques pour prévoir le temps. » En clair, la météo définit « le temps qu'il fait » dans un lieu donné, à telle heure. La météo peut varier très rapidement. Le climat, lui, étudie « des statistiques de variables atmosphériques sur une longue période de temps (30 ans, par convention). Le climat, « c'est le temps auquel on peut s'attendre pour une région donnée ». Par exemple, le climat tropical, tempéré, froid…

Impact du climat sur l'expatriation

Pour éviter les désillusions et complications de santé, on conseille et déconseille souvent aux touristes d'éviter ou de privilégier telle région à telle période de l'année. On voit moins ces conseils pour l'expatriation. Contrairement au touriste, l'expatrié va rester longtemps sur le territoire. Il immigre, et devra découvrir (ou affronter, selon le point de vue) le climat de son nouveau pays. Les personnes ayant une pathologie lourde (maladie cardiaque, problèmes respiratoires…) sont naturellement plus vigilantes quant à leur future destination. Celles qui n'ont aucune « contre-indication » sous-estiment parfois l'impact du climat sur leur nouveau quotidien.

Le Japon, pays du soleil levant porte bien son nom : le soleil se couche très tôt, y compris en été. Il fait nuit dès 19h. En hiver, la nuit peut tomber dès 17h. Le manque de luminosité peut peser le sur quotidien des étrangers, surtout s'ils viennent de pays où le jour est long. Même constat pour les saisons. Le printemps, l'été, l'automne et l'hiver changent d'un pays à l'autre. Certains pays ont 4 saisons bien délimitées, d'autres en ont 2, 3 ou plus, entrecoupées de moussons, de périodes de sécheresses, de périodes de pluies abondantes… Autant de changements auxquels l'étranger devra s'adapter.

Climat : s'adapter aux contraintes de la vie à l'étranger

Le climat n'est pas toujours tempéré. La météo ne présente pas toujours un soleil qui ne brûle pas, un vent doux et agréable, une pluie qui descend enrichir les nappes phréatiques. Vivre à l'étranger oblige à accepter de nouvelles contraintes, qui peuvent peser sur le quotidien. L'une d'entre elles, le réchauffement climatique, impacte directement la santé. La canicule tue. Les températures dépassant les 35° poussent l'être humain dans ses derniers retranchements. C'est le seuil de tolérance, franchi de plus en plus souvent dans de nombreux pays. En dessous, le corps souffre déjà : maux de tête, nausées, vertiges… Difficile de travailler correctement dans ces conditions. Difficile d'apprécier le quotidien.

On pourrait dire que ces situations extrêmes sont ponctuelles, limitées à quelques mois dans l'année. C'est déjà quelques mois de trop pour les expatriés et les locaux qui les subissent. D'autant plus que ces périodes de sécheresse, d'inondations, de vents violents de tempêtes de sable, ont tendance à se multiplier dans l'année. Elles ont des conséquences directes, et sur la productivité des hommes, et sur le PIB des États. En 20 ans, le PIB de l'Inde, balayé par des épisodes de sécheresse, a reculé de 5%.

Quand le climat du pays d'accueil entraîne des dépenses supplémentaires

Le climat du pays étranger se voit aussi sur la facture. Quand le froid s'intensifie dans les pays froids, il faut augmenter le budget chauffage et vêtements chauds. Or, la crise économique et l'inflation font flamber les prix de l'énergie. Expatriés et locaux peuvent se retrouver piégés, incapables de faire face aux nouvelles dépenses.

Tout aussi usant pour les nerfs et la santé, la faune et la flore qui se développe dans le pays d'accueil peuvent bouleverser le quotidien des expatriés. Au Québec, les moustiques (ou « maringouins ») testent les nerfs des locaux et des expatriés chaque été – avec des piqûres douloureuses. L'été chaud et humide japonais voit apparaître de gros cafards capables de voler. Chaque été, les habitants s'équipent en spray et autres produits tueurs. En hiver, le froid peut faire exploser les dépenses de chauffage. Dépenses encore plus grandes si le logement est mal isolé. À toutes ces dépenses matérielles s'ajoutent les éventuelles dépenses de santé (infections, allergies, stress, etc.).

Trop froid ou trop chaud : conseils pour supporter les variations de température

Comment savoir si l'on va s'adapter au climat du pays étranger ? Comment s'adapter à la météo du pays d'accueil ?

  • Le choix du pays

Si l'on a grandi dans un pays chaud, il faudra certainement un temps pour s'adapter à une expatriation dans un pays froid. C'est un peu comme la culture. Plus la culture du pays d'accueil est éloignée de la nôtre, plus le temps d'adaptation sera long. Plus le climat du pays étranger est différent du nôtre, plus le corps prendra du temps à s'adapter au nouveau climat. Mais rien n'est automatique. Cet apprentissage peut être plus ou moins long en fonction des personnes. À l'inverse, on peut immigrer dans un pays au climat proche du nôtre et ne pas le supporter.

Dans l'idéal, mieux vaut partir quelques semaines à quelques mois durant la saison la plus difficile à l'étranger (forte chaleur, grand froid…) pour se faire une idée de ce qui nous attend.

  • Les vêtements

Côté vêtements, superposez les couches si vous immigrez dans un pays froid. Observez les locaux et repérez leurs bonnes adresses. Veillez à protéger les extrémités de votre corps : tête, mains, pieds. Si vous partez dans un pays chaud et/ou soumis à de rudes étés, optez pour des vêtements amples en coton ou en lin. Fuyez le synthétique et le stretch. Investissez dans une bonne crème solaire (indice 50+) et un chapeau. Là aussi, faites comme les locaux.

  • Se laisser du temps

Difficile de prévoir si vous allez apprécier ou pas votre expatriation. Laissez-vous du temps et relativisez. Ne minimisez pas le volet santé. Parlez avec votre médecin bien avant le départ pour vous préparer au mieux.