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Vivre avec les geckos, singes, fourmis et moustiques à l'île Maurice

petit singe sur un mur
RK1919 / Envato Elements
Écrit parLaura Barangerle 17 Novembre 2025

Quand on pense à l'île Maurice, on imagine le lagon turquoise, les plages bordées de filaos, la douceur de vivre et la gentillesse des habitants. Ce que les brochures ne montrent pas toujours, ce sont les petits colocataires qui viennent gratuitement avec votre villa de rêve : les geckos sur les murs, les fourmis dans les placards, les moustiques dans la chambre… et, pour les plus chanceux, des singes qui débarquent en bande organisée pour piquer les mangues. Vivre à Maurice, c'est accepter d'habiter au cœur d'un écosystème tropical. Ici, la frontière entre l'intérieur et l'extérieur est fine, et la nature ne reste pas gentiment derrière la porte. Il faut apprendre à cohabiter avec elle, parfois la dompter un peu, mais surtout l'accepter.

Les geckos : discrets, utiles, et un peu collants

Commençons par les stars de la maison mauricienne : les geckos. Ces petits lézards aux doigts ventousés, que vous voyez collés aux murs, accrochés au plafond ou fuyant derrière le rideau dès que vous entrez dans la pièce. Ils sont inoffensifs, silencieux et même très utiles : ce sont de vrais aspirateurs à moustiques, moucherons et autres insectes volants.

« Au début, mes enfants sursautaient à chaque fois qu'un gecko courait au plafond. Maintenant on leur parle. On les a baptisés Maurice. », raconte Julien, qui vit à Flic en Flac.

Ce qui surprend souvent les nouveaux arrivants, c'est le petit bruit sec et aigu qu'ils font parfois, un “tchak-tchak” sonore qu'on entend surtout le soir. Rien d'inquiétant : c'est leur manière de communiquer. On s'y habitue vite. Certains vont même jusqu'à les chouchouter, en leur laissant des coins tranquilles près des lampes. Car plus de geckos = moins de moustiques.

Les fourmis : envahissantes mais stratégiques

Deuxième colocataire incontournable : la fourmi mauricienne. Il y en a de toutes sortes, de toutes tailles, de toutes couleurs, et surtout… partout. Elles adorent le sucre, le miel, les miettes, et en général tout ce qui est comestible et accessible. Elles sont capables de repérer un grain de riz abandonné dans un coin du plan de travail, d'en informer 250 copines en 30 secondes et de former une file indienne digne du métro parisien à 8 h le lundi. Mais ce n'est pas une fatalité. Il existe des méthodes naturelles pour les éloigner : citron, vinaigre blanc, cannelle… Et si elles reviennent, c'est souvent parce qu'elles ont repéré un petit trésor que vous aviez oublié.

La règle d'or : propreté + nourriture bien fermée = paix temporaire. Car les fourmis ne dorment jamais. Elles observent. Elles attendent.

Les moustiques : les vrais rois de l'île

Ah, les moustiques ! Ces petits vampires capables de transformer une nuit paisible en chorégraphie de gratouilles frénétiques. Il y en a partout, surtout en été ou après la pluie. Les zones humides, les pots de fleurs mal vidés, les coins d'ombre près des bassins… tout est propice à leur reproduction. Ils vous piquent les chevilles, les coudes, le dos, et parfois même… la fesse droite. Sans prévenir.

« J'ai tout essayé : la citronnelle, l'huile essentielle, les spirales, la raquette électrique… Finalement j'ai adopté le ventilateur. », raconte Enzo, installé à Flacq.

Les moustiques mauriciens sont agaçants, mais surtout ils peuvent transmettre des virus comme la dengue ou le chikungunya. Rien de dramatique, mais mieux vaut se protéger sérieusement, surtout à la tombée du jour. Il existe toute de même de très bons répulsifs locaux, et la climatisation ou un ventilateur restent un excellent moyen d'avoir la paix la nuit. Sinon, il vous restera la version “nuit blanche + chasse à la lampe-torche”, très populaire chez les nouveaux arrivants.

Les singes : surprenants, malins, un peu voleurs

Et puis… il y a les singes. Présents surtout dans les régions proches des forêts ou des montagnes (Chamarel, Tamarin, La Laura, Moka, ou encore Beau Bassin et Curepipe !), ils vivent en bandes et ne sont pas farouches. Le matin, on peut les voir traverser le jardin, grimper sur les toits ou se balancer dans les arbres. C'est à la fois magique… et un peu inquiétant.

« Un jour, j'ai oublié une mangue bien mûre sur la table de la terrasse. Je suis revenu, y'avait un singe assis tranquillement en train de la manger. Il m'a regardé droit dans les yeux et a continué. », partage Aurélie, qui vit à Tamarin.

Les macaques mauriciens sont malins. Ils savent reconnaître les sacs plastiques de courses, les corbeilles de fruits et les fenêtres ouvertes. Certains ouvrent les poubelles, d'autres se glissent discrètement dans la cuisine pour faire un casse.

On ne les caresse pas, on ne les nourrit pas, on garde ses distances. Ils sont sauvages, imprévisibles et un peu voleurs. Mais les observer jouer dans les arbres, c'est un privilège rare !

Les autres invités surprise

L'île regorge aussi de petites bêtes plus discrètes mais tout aussi présentes : grenouilles qui croassent sous la fenêtre après la pluie, mille-pattes qui décident de traverser la salle de bains en pleine nuit, scarabées qui s'invitent dans les abat-jour, papillons de nuit géants collés aux moustiquaires… Rien de dangereux, juste un petit choc culturel pour ceux qui arrivent d'un deux-pièces haussmannien.

« Mon premier cafard volant m'a fait hurler. Maintenant, je les ignore. Ils sont carrément devenus des colocs. », nous dira Eloïse de Grand Baie.

Le plus important, c'est de comprendre que ces animaux ne sont pas « sales » ou « dangereux » ; ils font simplement partie du décor tropical. À Maurice, on vit avec la nature, pas à côté.

Comment cohabiter sereinement

Quelques astuces de survie :

  • Ne jamais laisser de nourriture à l'air libre (même un sachet de sucre bien refermé attire les fourmis).
  • Installer des moustiquaires au-dessus des lits
  • Nettoyer régulièrement les coins oubliés : derrière le micro-ondes, sous l'évier, près de la poubelle.
  • Utiliser des répulsifs naturels : citronnelle, eucalyptus, géranium…
  • Garder les portes et fenêtres fermées au lever et au coucher du soleil.
  • Avoir une raquette électrique ou un ventilateur : indispensable pour les moustiques.
  • Ne pas nourrir les singes. Jamais.

Vivre avec la nature, et non contre elle

Au final, vivre à Maurice, c'est accepter un certain lâcher-prise. C'est apprendre à ne pas sursauter à chaque bruit de feuille froissée, à rire quand un gecko sort de sa cachette, et à comprendre que si un cafard se balade dans la cuisine… ce n'est pas un drame, c'est Maurice.

C'est ça, vivre à Maurice. Une forme de retour à l'essentiel, où l'on retrouve un rapport plus direct à la nature, où l'on accepte que notre intérieur ne soit pas une bulle stérile, mais un lieu traversé par la vie.

Les premiers jours peuvent être un peu stressants. On vérifie chaque coin de mur, on se méfie des rideaux qui bougent, on dort avec la lumière allumée. Et puis… on s'habitue. On relativise.

Les animaux changent notre rapport au vivant. Et quand on cesse de vouloir tout contrôler, on découvre quelque chose d'inestimable : une vraie forme de liberté, un rythme plus naturel et un sentiment profond d'être en lien avec son environnement.

Alors oui, il y aura des moustiques, des geckos, des fourmis et peut-être un singe un peu voleur. Mais il y aura aussi le chant des oiseaux, la lumière dorée au réveil, le parfum du frangipanier… et le sentiment unique de vivre en harmonie, même avec des pattes en plus.

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A propos de

Globe-trotteuse dans l’âme, j'aime donner vie aux idées, aux histoires et aux rêves les plus fous. Aujourd’hui installée à l’île Maurice, je prête ma plume à Expat.com et à d’autres projets inspirants.

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