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Expats : et si vous faisiez une pause en décembre ?

jeune femme heureuse
Farknot / Envato Elements
Écrit parNatallia Slimanile 16 Décembre 2025

Si vous avez envie d'adopter l'esprit du Slow December sans lire tout l'article, voici quelques idées simples et sans enjeu particulier, adaptées à la vie d'expatrié : accordez-vous une journée entière sans aucune obligation, ralentissez volontairement une activité du quotidien (marcher, manger, parler, boire votre café), recréez un petit rituel de fêtes de votre pays d'origine qui vous rassure, refusez au moins une invitation sans vous justifier ni culpabiliser, et acceptez que l'année 2026 reste, pour l'instant, une page blanche.

Décembre a cette étrange façon d'exiger toute notre attention, n'est-ce pas ?

Ces jours-ci, les lumières sont plus vives, les agendas se remplissent et l'on a l'impression d'avancer lentement vers une ligne d'arrivée presque tangible. Très vite, les réseaux sociaux se transforment en vitrines de bilans annuels et de projets pour l'année à venir. Soyons honnêtes : cela suffit souvent à nous mettre en état de stress. Et lorsqu'on est expatrié, cette pression tend à être encore plus forte.

Vous composez déjà avec un nouveau pays, une nouvelle langue, un cercle social à reconstruire, sans oublier les attentes, parfois implicites, de vos proches restés au pays, qui s'interrogent sur votre réussite à l'étranger.

Et puis arrive le Nouvel An. On le sent presque nous tirer par la manche, exigeant des conclusions, des décisions, des résolutions. Mais si, au milieu de cette agitation, tout ce que vous ressentez, c'est l'envie de vous arrêter ? Et si, finalement, il n'y avait rien d'anormal à ne rien prévoir pour 2026 ?

C'est précisément le but du Slow December. En avez-vous déjà entendu parler ? Ce concept propose une autre voie : au lieu de consacrer ce mois à planifier l'année suivante à coups de tableaux colorés et d'objectifs chiffrés, pourquoi ne pas simplement… laisser faire ?

Le Slow December, c'est se rendre compte qu'on a le droit de ne pas être plus productif, de ne pas entrer dans une compétition abstraite de résolutions ambitieuses, et même de ne pas chercher à devenir une « meilleure version » de soi-même.

Le Slow December, c'est oser en faire moins.

Pourquoi ressentons-nous ce besoin de prendre des résolutions ?

Bien avant la pression des réseaux sociaux, les êtres humains ressentaient déjà le besoin de formuler des promesses au moment du passage à la nouvelle année. Les Babyloniens, par exemple, prenaient des engagements envers leurs divinités. Les Romains, eux, se tournaient vers Janus, le dieu à deux visages tourné à la fois vers le passé et vers l'avenir, pour guider leurs intentions.

Autrement dit, on ne peut pas entièrement reprocher à la culture moderne du « toujours plus » d'être responsable de nos mois de décembre surchargés. Il semble que nous ayons, en nous, un besoin profond de nous promettre des améliorations.

Selon de nombreux psychologues, ces résolutions traduisent une volonté de reprendre un minimum de contrôle sur nos vies. Un besoin qui peut être encore plus marqué chez les expatriés, souvent confrontés à l'imprévisibilité, à l'instabilité et à l'incertitude liées à la vie à l'étranger.

Pourquoi ce besoin se manifeste-t-il particulièrement en décembre ? Le début d'une nouvelle année agit comme un « repère temporel », comme le disent les psychologues. Il s'agit d'un moment que nous percevons comme une coupure nette entre le passé et l'avenir. Cet effet de « nouveau départ » nous pousse à regarder vers l'avant avec espoir. L'année à venir nous apparaît comme une page blanche, et nous ressentons le besoin de la remplir rapidement de projets concrets.

En résumé, même si la pression sociale est bien réelle en décembre, une grande partie du stress que nous ressentons pendant les fêtes vient de l'intérieur. Et cela signifie aussi que nous avons, en grande partie, le pouvoir de changer notre rapport à cette période.

Le piège de l'« amélioration permanente » chez les expatriés

Ce n'est pas universel, bien sûr, mais beaucoup de personnes constatent qu'une fois installées à l'étranger, leur vie semble entrer dans un mode d'optimisation constante. Tout paraît soudain devoir être amélioré.

Il faut apprendre une nouvelle langue. Trouver un logement. Faire ses preuves auprès d'un employeur qui a accepté les contraintes administratives liées à l'embauche d'un étranger. Les règles d'immigration évoluent sans cesse : formulaires supplémentaires, justificatifs à fournir, dossiers à préparer. Et même lorsque tout cela est en place, reste la construction d'une vie sociale, souvent à partir de zéro, rencontre après rencontre, parfois maladroite.

Puis arrive décembre. Le monde autour de vous semble accélérer. Cela peut donner l'impression de lire une interminable lettre de Noël collective : promotions, fiançailles, naissances… Tout le monde semble avoir accompli quelque chose d'important ou avoir planifié un grand changement pour l'année suivante. Chacun a l'air d'avoir trouvé sa voie, alors que vous hésitez encore sur la bonne façon de commander votre café du matin dans une langue étrangère. Ce contraste peut faire mal, et même si vous pensiez avoir beaucoup avancé cette année, une petite voix intérieure peut surgir : « N'aurais-je pas dû faire davantage ? »

Il n'y a rien de mal à vouloir progresser. D'ailleurs, c'est souvent cette envie de découvrir, d'évoluer ou de faire autrement qui vous a conduit à vivre à l'étranger. Mais cette quête permanente d'amélioration peut aussi vous maintenir dans un état de suspension émotionnelle. Il y aura toujours quelque chose à ajuster, une nouvelle habitude à adopter, une autre version de vous-même à explorer. À force, au lieu d'apprécier ce que vous êtes déjà, vous risquez de vous sentir… inachevé. Année après année.

Et c'est là tout le paradoxe : quand tout devient une opportunité d'optimisation, il ne reste que très peu de place pour le repos ou la réflexion silencieuse. À vouloir rester constamment productif, on finit parfois par passer à côté des moments essentiels. Et quand on vit à l'étranger, certains de ces moments ne se représenteront peut-être jamais.

Se promener dans un quartier inconnu sans regarder son téléphone, essayer une nouvelle activité, faire ce voyage que l'on remet toujours à plus tard, ou simplement rester seul avec ses pensées : ce ne sont pas forcément des actions que l'on associe au fait d'« avancer ». Pourtant, elles peuvent permettre de se recentrer, de se ressourcer, de faire émerger de nouvelles idées ou de créer des souvenirs durables.

Ce que le Slow December peut vous apporter

Il y a une force discrète dans le fait de ralentir et les expatriés peuvent la ressentir de manière particulièrement intense. Par exemple, cela peut favoriser des relations plus solides. Quand on cesse de courir d'une obligation à l'autre, on devient plus attentif aux autres. On imagine souvent que les relations profondes naissent de grands moments marquants, mais des études en psychologie interculturelle montrent que ce sont surtout les petites interactions répétées qui nourrissent le sentiment d'appartenance.

Pendant ce Slow December, vous pouvez par exemple :

  • Vous autoriser des échanges informels au quotidien : au café, à la boulangerie, avec un voisin ;
  • Prêter attention à des codes culturels subtils que vous négligez habituellement ;
  • Observer les interactions sociales autour de vous pour mieux comprendre votre nouvel environnement.

Au lieu de planifier précisément un week-end de décembre, laissez-le volontairement vide. Sortez sans objectif précis, explorez de nouvelles rues, remarquez des détails auxquels vous n'aviez jamais prêté attention. Vous découvrirez peut-être un marché saisonnier ou un café jamais essayé. Entrez, regardez autour de vous, observez ce que font les autres. Peut-être tomberez-vous sur une affiche annonçant un événement local, croiserez-vous une connaissance, ou vous entamerez enfin une conversation sans précipitation avec un commerçant. Ces petites interactions peuvent parfois mener plus loin qu'on ne l'imagine.

Étrangement, ralentir peut ouvrir davantage d'opportunités. Toutes ne surgissent pas à travers de grandes annonces, des rivalités professionnelles ou une recherche d'emploi acharnée. Parfois, il suffit d'être au bon endroit au bon moment. Les recherches sur l'attention et la charge cognitive montrent d'ailleurs que nous percevons davantage d'opportunités lorsque notre esprit n'est pas saturé.

À essayer ce mois-ci :

  • Dire « oui » à de petites invitations que vous déclinez habituellement par manque de temps ;
  • Explorer des occasions moins évidentes : un Meetup local, un échange linguistique ;
  • Passer du temps avec vous-même : installez-vous dans un café calme avec vue et laissez votre esprit vagabonder sans interruption.

Imaginez-vous, un matin, assis avec votre café. Peut-être dans un lieu nouveau, face à un paysage agréable. Cette fois, au lieu de penser à vos tâches professionnelles, vous ne faites… rien. Sans objectif précis, votre esprit commence à errer. Vous réaliserez peut-être qu'un projet personnel mis de côté mérite d'être revu. Vous trouverez une meilleure façon d'organiser votre travail. Ou vous découvrirez un nouveau centre d'intérêt qui vous enthousiasme. Quand l'esprit est libre, tout devient possible.

Ralentir peut aussi atténuer le sentiment de solitude qui, pour les expatriés, peut être particulièrement présent en décembre et pendant les fêtes. Paradoxalement, la solitude ne signifie pas toujours être seul : elle peut aussi découler d'une surcharge mentale, d'une surstimulation ou d'un système nerveux à bout.

Le Slow December peut aider à :

  • Se concentrer sur une seule tâche liée aux fêtes au lieu de tout gérer à la fois ;
  • Consacrer une journée entière à parler avec ses proches restés au pays ou à cuisiner un plat de fêtes qui vous manque ;
  • Accepter, sans lutter, une certaine nostalgie lorsqu'elle se présente.

Dans l'esprit du Slow December, vous pouvez aussi choisir d'éviter l'agitation traditionnelle des fêtes et de vous offrir du temps pour être simplement avec vous-même. Rester chez vous ou sortir, peu importe. Prenez votre temps, savourez chaque instant et explorez vos envies et vos préoccupations sans pression.

Le Slow December peut aussi être une belle occasion de mieux connaître votre pays d'accueil. À force de vous interroger sur votre réussite à l'étranger, vous risquez de passer à côté de ce que la vie autour de vous a à offrir. Un rythme plus lent permet de remettre ces éléments au premier plan.

Vous pourriez commencer à remarquer :

  • Les changements naturels et sociaux propres à la saison hivernale ;
  • Ces aliments disponibles uniquement à cette période de l'année ;
  • La manière dont les habitants célèbrent, ou non, l'arrivée de la nouvelle année.

L'un des grands atouts du Slow December, c'est qu'il privilégie un minimum de planification. Bien sûr, vous pouvez voyager ou réserver une activité. Mais vous pouvez aussi simplement faire une pause et goûter, pour la première fois, un plat vendu au coin de votre rue.

Ces exemples montrent comment ralentir peut parfois permettre d'avancer autrement. Mais au fond, ce n'est pas l'essentiel. Le Slow December consiste avant tout à ralentir sans rien attendre en retour, du moins à court terme.

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A propos de

Titulaire d'une licence (avec distinction) en langue anglaise et interprétation simultanée, Natallia a exercé en tant que rédactrice et éditrice pour diverses publications et chaînes médiatiques en Chine pendant dix ans.

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