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Vivre sa grossesse à l'étranger : ce qui peut surprendre selon les pays

femme enceinte
monkeybusiness / Envato Elements
Écrit parAsaël Häzaqle 28 Novembre 2025

Vivre sa grossesse à l'étranger peut réserver quelques surprises. Bien entendu, les traitements et pratiques surprennent essentiellement les expatriées qui découvrent ces manières de faire ou de penser. Certaines pratiques relèvent de la tradition. D'autres encore attirent l'attention du corps médical. Exemple avec 5 pays et leurs manières d'aborder la grossesse.

Pays-Bas : l'accouchement à domicile, une pratique ordinaire

Les expatriées habituées à un parcours très médicalisé seront certainement surprises par l'approche néerlandaise. Aux Pays-Bas, accoucher à domicile n'est pas une méthode insolite ou alternative (comme dans de nombreux autres pays), mais un choix conscient que le gouvernement encourage dès que les conditions le permettent. Accouchement à domicile oblige, pas de péridurale (on en compte moins de 30 %).

Pour les autorités, « absence de cadre ultramédical » ne signifie pas « mauvaise prise en charge ». Au contraire : les sages-femmes et professionnels de santé sont justement connus pour l'excellence de leur prise en charge, tant à domicile qu'en milieu très médicalisé. En cas de problème, la femme enceinte est immédiatement transférée dans l'hôpital le plus proche. L'hôpital n'est pas le lieu privilégié pour accoucher, mais sert en cas de difficulté.

L'accouchement à domicile perd néanmoins du terrain, au profit de l'accouchement à l'hôpital. Les sages-femmes y voient une montée progressive des suspicions de certains professionnels de santé. Mais accoucher à domicile reste une norme pour environ 13 à 20 % des femmes, selon l'Organisation royale néerlandaise des sages-femmes. C'est bien plus qu'en Afrique du Sud (4 %), qu'en Turquie (2 %), qu'aux États-Unis (1,3 %), qu'en Allemagne (1,3 %). Dans un grand nombre de pays européens, l'accouchement à domicile représente moins de 1 % des naissances (Espagne, Italie, Pologne, Grèce…) ou 1 % des naissances (Moldavie, Autriche, France, Suède, Lettonie et Portugal). Les expatriées en Inde, au Maroc, au Pérou ou en Indonésie entendront davantage parler d'accouchement à domicile. Dans ces pays, la pratique représente entre 14 et 39 % des naissances.

Hong Kong : la question du sport pendant la grossesse

À Hong Kong, des femmes enceintes se voient encore déconseiller toute pratique sportive durant leur grossesse. Le sport serait potentiellement dangereux pour leur bébé et pour elle. Il y a encore quelques années, ce discours était même délivré par certains médecins. Dans de nombreux autres pays, l'opinion médicale est toute autre : le sport n'est pas à proscrire, mais fait office de « traitement » non médicamenteux pour la mère et l'enfant. La pratique du sport est encouragée si elle vient après la consultation médicale et les recommandations des professionnels.

De nombreux praticiens hongkongais partagent cette analyse. Les expatriées à Hong Kong peuvent effectivement constater qu'il est tout à fait possible d'associer grossesse et sport. L'important reste de choisir la discipline appropriée. Tout d'abord, la femme enceinte ne doit avoir aucune contre-indication médicale. Ensuite, elle doit respecter les recommandations du médecin : durée de l'exercice, répétitions dans la semaine, temps de pratique selon l'évolution de la grossesse… À Hong Kong, comme dans les autres pays, on déconseille les sports à haut risque de traumatisme abdominal, comme les sports de contact (basket, foot, rugby, arts martiaux…). Les sports à haut risque de chute sont également à proscrire (ski, équitation…). On déconseille aussi le vélo en ville et le VTT (terrain accidenté, risque de chute). Prudence concernant les sports de raquette ou la course à pied. Là encore, on n'est jamais à l'abri d'une chute. En revanche, les sports doux et à faible impact sont conseillés : natation, aquagym, marche, gym douce, adaptée à la grossesse, exercices de renforcement musculaire.

États-Unis : des vitamines prénatales pour bébé

Là encore, la pratique peut surprendre les expatriées non habituées à la prise de compléments alimentaires. On considère souvent les États-Unis comme « le pays des compléments alimentaires ». Mais l'Italie, l'Allemagne, le Royaume-Uni, le Japon, la France et le Canada tiennent aussi leur rang. Dans ces pays, les traitements à base de compléments alimentaires sont entrés dans l'ordinaire. Certains traitements sont prescrits par les médecins. Mais d'autres pratiques relèvent de l'automédication et requièrent une grande prudence. C'est peut-être la raison pour laquelle les vitamines prénatales font l'objet d'une attention accrue. Car il s'agit de vitamines spécifiques à la femme enceinte. Il ne faut donc pas les confondre ou les substituer avec des compléments alimentaires classiques, pour adultes. Les grandes consommatrices de vitamines pour adultes n'observent pas forcément le même comportement pour leur bébé.

Aux États-Unis, on constate néanmoins que les vitamines prénatales ont la cote. Souvent composées d'acide folique (vitamine B9), de vitamine B3, de fer, d'oméga-3, de vitamine C, de calcium…, elles sont en vente sans ordonnance, un peu partout. Bien entendu, l'avis du médecin est indispensable avant toute prise de vitamines prénatales. Elles doivent avant tout servir à la femme enceinte ayant effectivement des carences. Les professionnels de santé alertent régulièrement sur les risques que présentent ces vitamines. Certains contiendraient des métaux et des composés toxiques nuisibles au fœtus. De plus, une mauvaise prise vitaminique peut entraîner une overdose. D'où l'avis indispensable du médecin avant toute prise de vitamine. En règle générale, une alimentation équilibrée et une activité physique appropriée suffisent pour la femme enceinte et le fœtus.

Japon : le poids de la surveillance

Les mentalités changent progressivement, mais certaines pratiques ont la vie dure. Au Japon, « grossesse » rime encore souvent avec « contrôle du poids ». Un contrôle que de nombreuses femmes enceintes jugent excessif. Certains médecins japonais limitent la prise de poids à 1 kg maximum par mois, avec une limite à 10 kg pour l'ensemble de la grossesse. Cette culture de la « minceur de la femme enceinte » va de pair avec la culture de la minceur bien ancrée dans le pays. De fait, « trop » grossir est mal vu… même lorsqu'on est enceinte. Le médecin ou la sage-femme peut même imposer un régime s'il constate que la femme enceinte a pris « trop » de poids. De nombreuses expatriées témoignent de consultations parfois stressantes, à cause de la question du poids. Des expats n'hésitent pas à poser beaucoup de questions ou à affirmer leur point de vue, ce qui peut déstabiliser certains praticiens japonais, peu habitués à une telle insistance.

Le poids reste l'une des préoccupations premières de l'équipe médicale à la naissance de l'enfant : pas de peau à peau, mais une pesée du nouveau-né. D'autres pesées surviendront à chaque tétée, pour s'assurer que l'enfant ne soit pas « trop » gros. Les médecins pratiquant cette surveillance millimétrée avancent parfois des arguments discutables. Problème : cette obsession du poids a gagné nombre de femmes enceintes et de mères japonaises, et fait courir un réel risque pour les bébés. Les médecins ont constaté une tendance au « rétrécissement » des bébés japonais.

Autre pratique dénoncée par de plus en plus de femmes : l'accouchement sans péridurale. Onéreux et non pris en charge, l'accouchement sous péridurale est encore peu pratiqué au Japon : à peine 13,8 % en 2024, contre 77 % aux États-Unis (chiffres de l'Association japonaise des obstétriciens et gynécologues). Selon les défenseurs de l'accouchement naturel, la douleur renforcerait le lien entre la mère et l'enfant. Pour encourager la péridurale et espérer relancer la natalité, les autorités tokyoïites ont mis en place une subvention « spéciale péridurale ».

Philippines : paroles bienveillantes pour le bon développement du bébé

Les paroles bienveillantes devraient être la base et le fil conducteur de toutes les discussions. Aux Philippines, elles deviennent une règle que les femmes enceintes essaient d'appliquer avec soin. Ne pas dire du mal des autres pour ne pas nuire au bon développement du fœtus. On pourrait se demander en quoi des paroles négatives viendraient entraver la croissance de l'enfant à venir. C'est oublier que la colère, le ressentiment, la mauvaise humeur ou l'amertume peuvent avoir des répercussions bien réelles sur la femme enceinte (hausse du stress, par exemple) et donc impacter le bébé.

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A propos de

Rédactrice web spécialisée en actualité politique et socio-économique, Asaël Häzaq observe et décrypte les tendances de la conjoncture internationale. Forte de son expérience d’expatriée au Japon, elle propose conseils et analyses sur la vie d’expatrié : choix du visa, études, recherche d’emploi, vie de travail, apprentissage de la langue, découverte du pays. Titulaire d’un Master II en Droit - Sciences politiques, elle a également expérimenté la vie de nomade numérique.

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