S'expatrier en situation de handicap : c'est possible, selon cette Française

Interviews d'expatriés
  • jeune francaise
Publié le 2021-12-03 à 10:00 par Veedushi
Irina est une jeune Française talentueuse et fonceuse. Diagnostiquée avec une calpaïnopathie à l'âge de 14 ans, elle rêve de voyages et se lance dans une grande aventure à l'étranger. Après avoir vécu en Irlande, à Londres et en Californie, elle est de retour en France. Elle revient aujourd'hui sur son parcours et son expatriation en situation de handicap.

Pouvez-vous vous présenter brièvement et nous parler de votre parcours ?

Je m'appelle Irina, j'ai 25 ans et je vis à Tours où je travaille pour une compagnie de théâtre en tant qu'attachée de production.

J'ai fait une licence d'Anglais LLCE à Tours, suivi d'un Master en Culture et Médiation des Arts du Spectacle. 

Vous avez été diagnostiquée avec une calpaïnopathie à l'âge de 14 ans, mais cela ne vous a pas empêché de poursuivre vos études, d'obtenir votre Bac et d'aller en Erasmus à l'étranger. Parlez-nous de cette expérience.

À partir du moment où je n'ai pas eu à passer d'épreuve EPS pour le Bac effectivement tout s'est bien passé.

Pendant mes études j'ai eu la bougeotte, et j'ai effectué en tout 4 voyages à l'étranger en 6 ans. Partir en Erasmus était sans doute plus simple avant la pandémie mais les démarches sont toujours accompagnées et je n'ai jamais eu à me plaindre quant à mon accueil à l'étranger ! J'ai toujours adoré l'anglais. L'entendre, le parler et c'était un vrai plaisir de pouvoir m'immerger pleinement avec tous ces voyages.

Quelles sont, selon vous, les choses à prendre en compte avant de s'expatrier avec des complications de santé ?

Tout dépend où l'on va. J'ai de la chance dans le sens où mon handicap n'apporte pas de charges supplémentaires à ce que j'entreprends. Je n'ai pas de médication, pas d'équipement autre qu'une canne pliable, pas de suivi intensif à effectuer, donc voyager est décidément plus simple. Même en Europe, il vaut mieux toujours se renseigner sur les assurances, ce qui est pris en charge et penser à s'enregistrer auprès d'un consulat ou d'une ambassade (ça se prouve utile quand une pandémie mondiale apparaît…)

Google Maps est notre ami quand on cherche un logement. Il faut toujours se renseigner sur les transports à proximité, présence ou non d'un ascenseur… Tout de suite avec un handicap il y a forcément plus de paramètres à prendre en compte mais ça reste du cas par cas.

De l'Irlande, vous êtes ensuite partie à Londres. Qu'est-ce qui vous a motivé ?

Un mail ! Avec mon partenaire on voulait à tout prix partir ensemble en Irlande, mais pour cela on ne pouvait partir qu'un semestre et non une année complète. C'est déjà pas mal, on s'est dit. Et puis juste après avoir envoyé notre candidature à Galway, je reçois un mail indiquant qu'il reste des places pour partir à Londres. Des coups de fil, des mails, et dans la journée même on envoie aussi notre candidature pour Londres.

Vous avez ensuite suivi votre compagnon en Californie. Comment avez-vous vécu cette expérience avec votre condition de santé ?

L'ironie totale pour moi qui galère avec les marches et tout terrain qui n'est pas totalement plat : aller vivre au plein centre de San Francisco ! À Russian Hill, tout est dans le nom.

La vue est magnifique, mais il faut en effet la mériter. 

Ça aide beaucoup que je n'étais pas seule. Je peux toujours compter sur Alexandre pour me tendre le bras arrivé à un trottoir ou pour carrément me porter sur son dos ! Avec un handicap tout est question de routine et de bonne recherche préalable pour anticiper tout obstacle. Dès que j'allais quelque part pour la première fois, je regardais à l'avance s'il y avait des pentes et comment les contourner en utilisant les transports en commun.

La Californie est-elle un endroit agréable à vivre pour les expatriés ayant des soucis de santé ?

J'ai adoré la Californie et la période au cours de laquelle j'y ai vécu. Cependant, je n'ai pas eu de frais médicaux à assurer et c'est là le plus gros hic lorsque l'on veut vivre aux USA : se préparer à débourser gros en cas de soucis de santé. J'ai eu de la chance qu'il ne me soit rien arrivé, mais c'est toujours un risque. Les logements sont également chers, et encore plus ceux équipés d'ascenseur.

Avez-vous déjà été victime de préjugés quelconques lors de vos séjours à l'étranger ?

Jamais !

Quels sont les principaux défis que vous avez rencontrés lors de vos expatriations et comment les avez-vous surmontés ?

Je dirais que la recherche de logement est sans doute le facteur le plus compliqué à gérer, surtout à San Francisco où la demande est supérieure à l'offre. Résultat, le seul appartement convenable avait tout de même deux étages pour l'atteindre.

Des pays où vous avez séjourné, lequel est, à votre avis, le plus accueillant envers les personnes souffrant de complications de santé ?

Accueillant en termes d'infrastructure ?  Tous et aucun. Aucun pays, aucune ville n'était à 100% accessible mais il y a toujours des façons de se débrouiller. 

Pouvez-vous expliquer votre choix de rentrer en France au cœur de la pandémie ?

Pas trop le choix. Après plusieurs échanges avec le consulat à San Francisco, ils nous ont conseillé de rentrer. Nous sommes rentrés en fin mars alors qu'initialement on devait rentrer en juin, donc de toute façon, notre séjour aurait été coupé court par la date de fin de validité de nos visas.

Quels sont vos projets d'avenir ?

De continuer à travailler pour la compagnie de théâtre que je viens de rejoindre, et de me poser un peu. J'ai pas mal bougé, mais à chaque fois, c'est toujours le désir de revenir qui l'emporte.

Avez-vous des conseils à donner aux personnes qui hésitent à s'expatrier en raison de leurs conditions de santé ?

Il faut se connaître. Savoir ce qu'on peut et ne peut pas faire, et se soucier de l'un plus que l'autre.

Ça fait 10 ans que je vis avec une maladie aussi évolutive que ma personnalité et ma personne. Les deux, à ce jour, sont intrinsèquement liées. On a chacun ce que j'appelle nos chorégraphies quotidiennes, ces gestes adaptées à la maladie. C'est en fonction de ça et de nos habitudes qu'on peut se préparer à partir vivre à l'étranger.

Le Téléthon, c'est maintenant. Le Téléthon a tout changé pour des enfants que la maladie condamnait. Grâce à la mobilisation de tous, le Téléthon peut tout changer pour des malades en attente de traitement. Alors ensemble, faisons du Téléthon 2021 l'accélérateur qui nous permettra, demain, de dire à toujours plus de parents : « Nous avons un traitement pour votre enfant ».

Partagez votre expérience d'expatrié !

Si vous souhaitez participer aux interviews, contactez-nous.

Participer