De la Roumanie à Berlin : la vie d'une conjointe de diplomate

Interviews d'expatriés
  • Alexandra
Publié le 2021-07-30 à 10:00 par Veedushi
Alexandra est une expatriée roumaine qui a choisi de suivre son conjoint à Berlin pour sa carrière, mais cela ne fait pas d'elle une simple conjointe d'expat. Elle se considère plutôt épouse d'un diplomate, avec un emploi du temps chargé. Entre ses activités bénévoles, la rédaction de livres et d'articles, sans parler de sa vie de famille, elle nous parle de sa réalité.

Pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours ?

Bonjour! Je suis Alexandra Paucescu. Je suis née et ai grandi à Bucarest, en Roumanie.

Ancienne étudiante en échange de la Fondation SOROS aux États-Unis, j'ai fait des études de management et suis titulaire d'un Master en commerce. J'ai travaillé dans le domaine de la vente et du marketing pendant dix ans. Je parle roumain, anglais, français, allemand et italien. J'ai, par la suite, fait des études en diplomatie culturelle et relations internationales, avec un intérêt particulier pour la communication interculturelle. Je suis actuellement bénévole auprès d'une ONG. J'ai aussi travaillé avec la Guilde des femmes des Nations Unies à Vienne et l'UNICEF à Berlin.

Inspirée par ma vie diplomatique, j'ai écrit « Just a Diplomatic Spouse » (publié en 2020), un livre dans lequel j'évoque nos missions diplomatiques et les réalités de la vie diplomatique au quotidien.

J'ai également commencé à travailler en freelance et publié des articles dans quelques magazines en Europe et aux États-Unis. De temps en temps, je fais des webinaires sur la communication interculturelle. J'essaie de m'occuper un maximum.

Cette année, j'ai publié un livre pour enfants intitulé Boni goes around the world », un voyage magique dans différents coins de la terre, une histoire motivante et émouvante.

Qu'est-ce qui vous a donné envie de quitter la Roumanie ?

J'ai quitté la Roumanie en raison de la carrière diplomatique de mon mari à l'étranger.

Qu'est-ce qui vous a amené en Allemagne ? Depuis combien de temps y vivez-vous ?

Les affectations diplomatiques durent généralement environ 4 à 5 ans. Cela fait presque 6 ans que nous vivons à Berlin. Il est donc temps de déménager à nouveau.

Est-ce votre première expérience diplomatique à l'étranger ?

J'ai vécu aux États-Unis, en Autriche et en Allemagne jusqu'à présent. La suite, je ne la connais pas encore.

Avez-vous eu du mal à vous adapter à chaque déménagement, notamment avec des enfants ? Quels ont été les principaux défis et comment les avez-vous surmontés ?

Chaque nouvelle aventure nécessite de nouvelles compétences, mais on apprend au fil du temps à devenir plus patient, plus tolérant. C'est l'occasion de tester notre résilience et de comprendre que nous sommes, en fait, beaucoup plus forts que nous le pensions.

Petit à petit, toute la famille développe un ensemble de compétences qui aident à tout nouveau déménagement. Cela nous permet de resserrer davantage nos liens et d'évoluer. Nos enfants sont des enfants de la troisième culture puisqu'ils sont exposés dès leur plus jeune âge à un amalgame de cultures et de langues. Ils deviendront ainsi des citoyens internationaux de demain, maîtrisant l'art de l'intégration dans un environnement de plus en plus global.

Déménager constamment est certes difficile. Le déménagement est d'ailleurs classé comme la troisième situation la plus stressante dans la vie d'une personne, après la mort et le divorce. Mais lorsqu'on apprend à y faire face, à regarder le bon côté de la vie et ce que la vie diplomatique et ces déménagements fréquents nous offrent en retour, ça l'est bien moins.

À quoi ressemble la vie d'une conjointe diplomatique à Berlin ?

Berlin est l'une des capitales les plus importantes d'Europe, politiquement parlant. Par conséquent, la vie diplomatique était autrefois très active et extrêmement intéressante : événements diplomatiques, expositions, déjeuners, conférences. Je dis « autrefois », car depuis le début de la pandémie de COVID-19, la vie tourne au ralenti. Malheureusement, la plupart des événements diplomatiques dans lesquels j'étais impliquée ont été annulés. Donc je n'ai presque plus de vie sociale. C'est une dure réalité que j'ai essayé de surmonter en me concentrant sur mon écriture.

Quel regard portez-vous sur le rôle des femmes dans la sphère diplomatique en Europe ?

Les gens ont tendance à croire que les épouses de diplomates ont une vie pleine de charme, avec des fêtes raffinées et des vêtements élégants. Mais notre vie est beaucoup plus complexe. Peu connaissent tous les sacrifices, toute la lutte intérieure, la solitude et la recherche continue de sens et d'une activité professionnelle. Les carrières mobiles sont de nos jours, mais pas faciles à réaliser. Tout cela fait partie de mon livre, car j'avais l'intention de présenter la vie telle qu'elle est, honnêtement et sans exagération. Aujourd'hui, les conjoints diplomatiques ont une voix plus forte ; ils peuvent ouvrir des portes, promouvoir leur pays et même régler des conflits, en alliant grâce et diplomatie à l'intelligence.

Comment arrivez-vous à gérer vos différents rôles en tant qu'auteur, rédactrice freelance, coordinatrice d'événements, communicatrice interculturel, et celui d'épouse diplomatique et maman de deux enfants ?

Dans ma vie jusqu'à présent, j'ai porté plusieurs chapeaux et j'ai essayé de tirer le meilleur parti de tout. Ce n'est pas facile, mais c'est possible. J'ai appris à me détendre, à prendre les choses telles qu'elles sont, à être plus optimiste et à comprendre que les choses arrivent toujours dans votre vie au bon moment. Inutile de les précipiter !

Y a-t-il quelque chose qui vous manque de la Roumanie, votre pays d'origine ?

Le beau temps chaud de Bucarest, les longues promenades dans la forêt juste derrière notre maison, la cuisine traditionnelle roumaine qui est incroyablement savoureuse, et, par-dessus tout, mes amis et ma famille me manquent.

Avez-vous un message à faire passer à d'autres conjointes de diplomates et femmes expats dans le monde ?

Nous vivons toutes des vies similaires. Nous essayons tous de soutenir nos partenaires et essayons d'apporter notre contribution à leurs carrières à long terme. Mais nous ne devons jamais oublier nos passions et nos rêves ! Les rêves peuvent devenir réalité. Il vous suffit de vous concentrer sur ce que vous souhaitez, de travailler pour cela, de le réaliser. N'abandonnez pas vos propres ambitions, car il sera peut-être trop tard quand vous éprouverez du regret. Frayez votre propre chemin et faites-vous un nom. Si vous arrivez à le faire, pensez aussi à aider d'autres qui sont dans la même situation que vous. Soyez gentil, c'est gratuit !

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