Expatriation au Canada : un rêve devenu réalité pour cette jeune Française

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Publié le 2021-05-21 à 10:00 par Veedushi
Originaire de la Bretagne, Anne-Charlotte est partie pour la première fois au Canada quand elle avait 20 ans. Un pays qui l'a séduit au premier regard. Ce qui l'a d'ailleurs poussé à y retourner en 2018 avec son conjoint et leur fils qui n'avait alors que 18 mois. Elle nous parle de sa vie qui n'est autre, pour elle, qu'un rêve devenu réalité.

Pouvez-vous vous présenter brièvement et nous parler de votre parcours ?

Je m'appelle Anne-Charlotte, j'ai 29 ans, maman d'un petit garçon de 4 ans et heureuse future maman pour fin de l'année 2021.

Je travaille depuis mes 16 ans dans le domaine de la cosmétique et en suis une grande passionnée.

Je suis née et ai grandi jusqu'à mes 11 ans en Bretagne pour ensuite déménager dans le sud de la France, dans le Var. Ayant un papa militaire je pense que le fait de bouger ou déménager ne m'a jamais effrayé.

C'est à l'aube de mes 20 ans que j'ai pris la première fois la décision de partir au Canada pour une grande et merveilleuse aventure de 3 ans qui se renouvellera une fois encore mais en famille cette fois, en 2018 jusqu'à maintenant.

Qu'est-ce qui vous a attiré au Canada ? Depuis combien de temps y vivez-vous ?

La première chose vraiment flagrante qui m'a attiré au Canada a été cette sensation de liberté et de sécurité. Là où je vivais en France, pour être à 100% honnête, j'ai souvent vécu des mésaventures et je n'ai jamais ressenti ce sentiment que j'ai ici de pleine confiance.

Je ne connaissais pas la neige, le froid, d'autres cultures et façons de vivre tout simplement. Je pense que ça m'a vraiment attiré pour ces raisons-là. Cela m'a permis de reprendre ma vie de zéro comme j'en décidais.

Ça fait 3 ans que je suis revenue ici avec ma petite famille, mon conjoint et notre fils de 4 ans.

Qu'est-ce qui vous a motivé à revenir au Canada après votre retour en France ?

Quand je suis venue ici la première fois, j'étais jeune. J'y ai vécu mes plus belles années et c'était incroyable !

À ce moment-là, je voulais sortir de ma petite bulle. Dans ma ville, tout le monde se connaissait et niveau emploi il y avait très peu d'opportunités. Je n'avais pas d'attache, pas d'accroche et je n'avais rien à perdre car si jamais je ne m'y plaisais pas je pouvais toujours rentrer. À ce moment-là, le PVT n'avait qu'une durée d'un. Je suis donc partie pour 1 an et j'ai énormément aimé l'expérience. J'ai alors décidé de prolonger mon séjour avec un permis de travail fermé jeune pro, sauf qu'à la fin de cette période je ne savais plus trop ce dont j'avais envie. Ma famille me manquait beaucoup. J'ai donc pris la décision de rentrer en France. Décision que j'ai aussitôt regretté avant même d'embarquer dans l'avion où je me suis retrouvée avec tous ces Français qui rentraient chez eux et doublaient dans les files d'attente, se disputaient et manquaient clairement de civisme. Cela m'a fait frappé au visage car je venais de passer 3 ans à faire des files pour prendre le bus sans jamais avoir vu ce genre de situations une seule fois.

Quand je suis arrivée chez moi j'ai eu la sensation très dérangeante d'avoir simplement appuyé sur le bouton replay. Rien n'avait changé alors que moi j'avais vu et vécu tellement de belles choses. Il y avait toujours cette petite caissière au Liddle près de chez moi, mes amis étaient aux mêmes endroits à parler des mêmes choses en train de faire exactement ce qu'ils faisaient avant que je parte. Je pense que c'est à ce moment-là que j'ai eu un choc. J'avais l'impression de balayer d'un revers de main tout ce que j'avais vécu pour retourner dans ma vie d'avant comme si je n'avais rien fait, vu ou même vécu.

La recherche d'emploi fut compliquée, le salaire ne suivait pas du tout et je n'avais pas le choix. Je devais prendre ce qu'il y avait s'il y en avait. Dès le 1er mois, j'ai pris la décision que je repartirai. C'était une évidence et pas une option.

Vous vous êtes installée au Canada en compagnie de votre meilleure moitié et de votre fils qui a 4 ans aujourd'hui. Comment s'est passée votre intégration, particulièrement pour votre fils ?

Mon fils n'avait que 18 mois alors il ne s'est pas vraiment rendu compte à ce moment-là. Cela nous a pris 4 ans pour réussir à venir. A l'époque, il y avait le système de 1er arrivé premier servi et les connexions internet qui n'aidaient pas. Ce n'est que lorsqu'il y a enfin eu ce système de tirage au sort dans les bassins que nous avons eu, l'année suivante, cette chance d'être tirés au sort alors que je n'y croyais plus.

Le bon côté c'est que durant ces 4 ans j'ai fondé ma famille, retrouvé mon premier amour et nous avons eu un merveilleux petit garçon.

Dès que nous sommes arrivés à Montréal on lui a trouvé une garderie et maintenant il nous parle avec de jolis mots québécois. Son intégration s'est déroulée à merveille. Plus ils sont petits plus c'est facile.

Que pensez-vous du système éducatif canadien ? Comment diffère-t-il du système français ?

Il faut bien qu'il y ait une faille quelque part et pour moi c'est ici qu'elle se trouve.

À 4 ans, mon fils ne va toujours pas à l'école. Il va avoir 5 ans fin octobre et repart encore pour une année en garderie avant de commencer l'école quand il aura 6 ans. Je trouve ça excessivement tard. Même si j'essaie, comme je peux, de lui apprendre des choses à la maison, je le trouve extrêmement en retard comparé à ses cousins et cousines du même âge en France qui suivent le système français.

On a pris la décision de l'inscrire dans une l'école française pour qu'il suive le même cursus scolaire que nous avons suivi comme ça si jamais un jour nous devions rentrer, s'il devait y avoir un imprévu, il ne sera pas désorienté.

En revanche, mon fils parle mieux anglais que nous car à la garderie il entend souvent les 2 langues et je trouve ça génial. C'est un gros avantage pour son avenir .

Comment cela se passe-t-il sur le plan professionnel, particulièrement en cette période de crise ? Dans quel domaine exercez-vous ? A-t-il été facile de trouver un emploi ?

Dès mon arrivée ici, je n'ai eu aucun mal à trouver un emploi grâce à mon expérience.

Malheureusement, cette crise a globalement touché les travailleurs et les emplois mais le gouvernement canadien a mis en place un très bon système pour aider toutes ces personnes qui ont dû subir la perte de leur emploi. Le système de télétravail est aussi très répandu.

Je n'ai pas été affectée car j'ai la chance de travailler dans un service essentiel (pharmacie). Je suis gérante de la partie cosmétique et comme il s'agit d'un service essentiel, nous n'avons pas fermé proprement dit. Par contre, je me suis vue réduire considérablement les heures de mes employés et lorsque je ne pouvais plus vendre de cosmétique j'étais à l'entrée en train de faire le triage et poser les mêmes questions toute la journée aux clients qui venaient. Ce n'était pas facile moralement mais on l'a fait. Tout est en train de redevenir peu à peu à la « normale ».

Votre conjoint est venu avec un PVT au Canada. Quelle est la situation actuelle des PVTistes en cette période de crise ?

En fait, le problème n'est pas vraiment dû au PVT mais au fait que si on veut s'établir définitivement au Québec on doit faire notre demande de CSQ (Certificat de Sélection Québec) pour la résidence permanente en même temps que celui de travailleur qualifié. Nous devons justifier d'un minimum d'heures travaillées dans l'année et à temps plein. Beaucoup de pvtistes se sont vus couper leurs heures et perdre leur emploi, ce qui bloque littéralement le processus de résidence car ça ne les rend plus éligible à cette catégorie.

Mon conjoint est actuellement en permis ouvert car on a eu la chance d'obtenir notre CSQ juste avant la pandémie. Pour ma part, je suis actuellement en permis de travail fermé avec mon entreprise en attendant la résidence permanente d'ici 2 ans. (Il faut être patient)

Quels sont, selon vous, les secteurs les plus porteurs pour les professionnels étrangers au Canada pendant et après la crise ?

Je pense que l'informatique reste un secteur en pleine extension. Tout se fait désormais sur internet : même nos courses sont maintenant livrées et faites en ligne. Je ne vais presque plus dans les magasins surtout maintenant que je suis enceinte, pour nous protéger tout simplement. L'informatique est un domaine vaste et plein de ressources

Il y a aussi la construction, la santé, les épiceries et tous les services essentiels qui se sont révélés être si importants durant cette pandémie. 

Le télétravail est aussi une bonne option pour concilier sa vie de famille et professionnelle, mais rester à la maison n'est pas possible pour tout le monde.

Je pense que les seuls domaines étant plus difficiles et qui ont vraiment subi la crise sont le commerce et la restauration. Ils ont été les premiers affectés par tout ça et ne se sont pas encore remis.

Quels conseils donneriez-vous aux personnes qui souhaiteraient s'expatrier au Canada ?

Faites de votre vie un rêve et de votre rêve une réalité.

Foncez ! On n'a qu'une vie, alors si ça vous tente, lancez-vous, sinon vous le regretterez toute votre vie.

Il n'y a pas grand-chose à perdre. Les seules barrières sont celles qu'on se construit nous-mêmes.

Non, ce n'est pas facile tous les jours. Être expatrié n'est pas de tout repos car on doit tout faire par nous-mêmes. On doit se débrouiller seuls, mais la vie est tellement bien faite alors quand on veut on y arrive. 

Le principal conseil est de quand même toujours garder les pieds sur terre et de se renseigner, d'aller sur les groupes Facebook voir les avis en faire votre propre avis etc. Une expatriation, ça se prépare mentalement et matériellement. Et puis, on se tisse une nouvelle famille avec cette belle communauté d'expatriés. Nous sommes vraiment de plus en plus nombreux et Instagram nous a permis de faire de superbes rencontres !

Et si tout cela était à refaire, y a-t-il une chose que vous feriez différemment ?

Absolument rien, car meme nos petites « galeres » ont été pour nous une belle expérience. Avec le recul, on a appris, grandi et mûri avec cette expatriation et tous ces moments difficiles. Oui, il y a eu des doutes des peurs, mais c'est inclus dans le package.

Où vous voyez-vous dans les 10 prochaines années ?

Ici, bien sûr ! Je rêve d'avoir notre petit chalet en pleine nature et d'y aller se ressourcer les fins de semaine ou pendant les vacances. C'est un pays fabuleux et je pense y faire ma vie clairement et de le faire découvrir encore et encore à nos proches quand ils viendront enfin nous rendre visite après tout ça.

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