Voici la recherche de mon ami, Maitre Marc Amblard à ce sujet :
Pour certains de mes amis et contacts expatriés …
Visas Investisseur E-1 et E-2
On en sait un peu plus sur le processus qui a déclenché la semaine dernière un abaissement de la durée des visas E-1 et E-2.
Côté France
En dépit de ce qu'on a pu croire, la France a bien procédé à une modification de son cadre juridique en matière d'accueil des étrangers sur son territoire :
- Loi n° 2018-778 du 10 septembre 2018 « Pour une immigration maîtrisée, un droit d'asile effectif et une intégration réussie ».
- Décret n° 2019-141 du 27 février 2019 pris pour l'application de cette loi
Dans la Circulaire du 28 février 2019 (également disponible en ligne) envoyée par le Ministre de l'Intérieur à tous les préfets, Directeurs de police et de Gendarmerie, il est précisé que ces mesures visent notamment à promouvoir l'attractivité de la France pour les talents internationaux et d'apporter une réponse aux besoins de recrutement des entreprises innovantes…
Avant cette loi, les investisseurs pouvaient obtenir un accessit d'une première période de 12 mois (carte de séjour pluriannuelle - CSP) suivi éventuellement d'une prolongation de 4 ans si la mention « passeport talent » lui était accordée (selon certains critères).
Désormais et en vertu de l'article L311-4 du Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile (article inclus dans la loi susmentionnée), un titre de séjour d'une durée de douze mois restera valable :
« dans la limite de trois mois à compter de cette date d'expiration, de la régularité de son séjour par la présentation de la carte arrivée à expiration. Pendant cette période, il conserve l'intégralité de ses droits sociaux ainsi que son droit d'exercer une activité professionnelle. » (2)
La durée réelle s'élève donc à 15 mois en comptant la période de tolérance.
N.B. Notons que au passage que la demande de prolongation pour un obtenir un visa de 4 ans (1er alinéa de l'article L. 313-18 du même code) reste toujours en vigueur.
Côté Etats-Unis
A compter de 2017, l'administration US a engagé une analyse de ses traités afin de les actualiser pour les adapter aux éventuels changements survenus dans les pays tiers (dont la France).
Aussi, la nouvelle loi française du 10/09/2018 avec sa durée de 12 mois plus 3 mois n'a pas échappé aux radars américains qui ont, par voie de conséquence, déclenché l'application du principe de réciprocité.
Ce principe relève d'une loi qui impose aux USA d'aligner les durées et les frais relatifs aux visas sur les dispositions adoptées par les pays partenaires.
L'administration américaine attendait juste la sortie des décrets d'application et l'avis du Conseil d'état qui avait été saisi.
On est cependant surpris qu'elle n'ait pas tenu compte, dans son application du principe de réciprocité, de la période de 4 ans, évoquée plus haut et offerte par la France à un ressortissant étranger (se cumulant donc avec celle d'une durée d'un an).
C'est une application étonnamment stricte et, au cas présent, hautement préjudiciable.
La situation devient même ubuesque attendu qu'un accroissement de 3 mois côté France entraîne une réduction de 48 mois de l'autre côté de l'Atlantique.
La décision administrative américaine crée ainsi un déséquilibre dommageable pour les ressortissants français prévoyant de s'installer aux Etats-Unis.
Pour cette raison, il n'est pas interdit de penser que l'autorité, une fois saisie du problème, reverra sa copie en restaurant une durée plus en adéquation avec le statut d'investisseur. Les semaines à venir seront déterminantes.
Marc Amblard.
P.S. je remercie Henri DES, Juge international, pour son aide.