Bonjour,
Je crée ce sujet en réaction à la réponse de Philou 13 ici à propos des médecins de famille et du système de santé au Québec. Réponse que je trouve beaucoup trop optimiste (l'optimisme n'est pas un défaut, mais comme dirait l'autre, c'est la dose qui fait le poison). Le but est aussi de rendre cette discution un peu plus clair et visible pour les candidats à l'immigration.
Premier constat : le parcours du combatant.
Dire qu'il est très difficile de trouver un médecin de famille est un euphémisme. Surtout pour les immigrants, on s'en doute. À tel point que le gouvernement à cru bon d'ajouter une couche administrative en créant des guichets (GACO) où les québecois peuvent se mettre sur liste d'attente. En 2014 titrait La Presse, c'est 300 000 québécois qui attendaient un médecin de famille. Un an plus tard, Radio Canada parle de 440 000. Grosse ammélioration !
Ceci dit, ne croyez pas qu'avoir un médecin de famille fera en sorte que vous pourrez le rencontrer au moment même où vous en aurez le plus besoin. C'est bien là le pire. Résultat, les urgences et les cliniques "sans rendez-vous" débordent. Par exemple il y a aucun medecin qui prend de nouveaux patients dans notre municipalité. Rien. Zéro. Lorsque nous devons voir un médecin, la meilleure façon de procéder est de se lever à 6h du matin, aller faire la file à la clinique avant 7h en attendant son ouverture à 8h. Les portes ouvertes, on va prendre un numéro et on attend d'être appellé, pas pour voir le médecin, mais pour savoir à quelle heure on peut espérer en rencontrer un ! Au final, vous allez vous retrouver devant un médecin qui a au mieux 10 minutes à vous accorder.
Deuxième constat : vaches à lait et opacité.
Vaches à lait parce que la santé au Québec coute collectivement extrêmenent cher. C'est près de la moitié des dépenses de la province (page 7, hors service de la dette). La moitié ! À ce niveau là, qu'une société mette 50% de ses dépenses sur la table d'opération, on devrait avoir des lits d'hopitaux avec des draps en soie. Hélas, c'est plutôt les stétoscopes qui sont plaqués or. Tout ceci parce que le médecin québécois pense que son salaire devrait être le même que celui de son collègue ontarien. C'est sur que pour acheter une résidence secondaire au bord du lac Ontario, ca aide.
Dans la rubrique vaches à lait, on ne peut passer sous silence la très subtilement nommée "contribution santé" de 200 $ à régler au moment des impôts (dont je vous le rappelle, une grosse partie va déjà se faire brûler dans le système de santé). Pour une famille avec 2 enfants, on la paye dès que le revenu du ménage atteind la somme pharaonique de 30 000 $ (en 2012). Et c'est 200 $ par tête de pipe, c'est-à-dire vous qui lisez ses lignes ET votre partenaire.
Note 1 : le premier ministre du québec et le ministre de la santé sont médecins dans la vraie vie. Je dis ca comme ca.
Note 2 : C'est le gouvernement Charest qui a mis en place cette "contribution santé". Juste après avoir cédé aux exigeances salariales des médecins (les spécialistes si je me souviens bien).
Note 3 : Tout le monde sait que cette taxe ne contribue en rien à l'amélioration du système de santé. Le problème n'est pas financier, il est structurel et pour la bonne rime, c'est une tour de Babel.
Enfin, opacité, car demandez à un québécois combien coûte une visite chez un omnipraticien, il sera incapable de vous le dire. Bien qu'il soit difficile de lui en vouloir de chercher la réponse dans un manuel de 500 pages.
Finalement, il y aurait énormément de choses à dire sur le système de santé qui est ici loin, mais très loin d'être fonctionnel, en tout cas, comme on l'entend en Europe et même ailleurs dans le monde. Des anecdotes désespérantes, j'en ai pour de longues soirées d'hiver.
Bien sur, comme le dit Philou13 d'une certaine façon, on ne vous laissera pas mourir sur le trottoir si vous perdez votre sang et il faut bien réaliser que garder la santé devrait être votre objectif numéro 1 où que vous viviez. Sauf que c'est encore plus vrai au Québec où il est en plus parfois opportun d'avoir quelques économies sous le matelas.