Un projet de plus de 10 ans
L'idée de créer ce musée avait été recommandée dans le rapport de la Commission Vérité et Justice (TJC) en 2011, et les travaux avaient débuté dès 2016. Ainsi, la première phase a vu le jour en octobre 2020, avec une exposition temporaire qui a été présentée au public, accompagnée d'une consultation citoyenne pour garantir une réflexion collective sur ce sombre chapitre de l'histoire.
Le choix de l'emplacement du musée est particulièrement significatif. Il est installé dans l'ancien hôpital militaire de Port Louis, l'un des premiers grands bâtiments de l'ancienne colonie française, construit en 1740, sous Mahé de Labourdonnais, gouverneur de l'île de France. L'édifice, construit par des personnes mises en esclavage, porte en lui l'histoire complexe et douloureuse de l'esclavage.
La restauration de ce bâtiment emblématique a été un projet de plusieurs années, financé par le gouvernement mauricien, des dons du loto du patrimoine, ainsi que des contributions de la France, du Japon et des États-Unis. Des chercheurs et des étudiants de l'université de Nantes et du musée d'Aquitaine à Bordeaux ont apporté leur expertise pour l'aménagement des différents espaces du musée.
Une immersion dans l'histoire locale
Le musée est une fenêtre ouverte sur la vie des personnes mises en esclavage lors de la colonisation. L'expérience est multisensorielle : dans une salle, des haut-parleurs diffusent les premières mélodies de sega jamais préservées sous partitions. Dans une autre, on peut contempler un exemplaire original du « Code Noir », un document établi sous Louis XIV qui légiférait sur la condition des personnes mises en esclavage, témoignant ainsi de la brutalité du passé. Parmi les pièces exposées, on peut notamment admirer des objets ayant appartenu à des personnes mises en esclavage : des boutons, des outils en os, des boucles d'oreilles, un chapelet.
Mais c'est surtout l'aspect émotionnel qui marque le visiteur. Ainsi, les bustes ethnographiques réalisés par Eugène de Froberville en 1846, moulés sur des personnes mises en esclavage, sont un témoignage poignant de ce pan de l'histoire mauricienne. Les visages de ces anciens captifs africains, accompagné de leur nom, prénom, origine et langue nous rappellent la tragédie humaine de l'esclavage, et ils nous invitent à réfléchir sur le devoir de mémoire et de justice.
Pour l'instant, l'exposition présentée est en phase de préfiguration, c'est-à -dire qu'elle jette les bases de ce que deviendra le musée plus tard. L'étage du bâtiment accueillera ainsi la prochaine étape de l'exposition l'année prochaine : une réalisation qui occupera pas moins de 1000 mètres carrés !
Le musée est ouvert du lundi au vendredi de 9h30 à 17h et le samedi de 9h30 à 14h. L'entrée est gratuite.
