La violence par armes à feu est un problème omniprésent aux États-Unis qui a fait l'objet d'une attention particulière ces dernières années. On a parfois l'impression que les Américains sont devenus insensibles à la violence aux armes à feu en raison de sa fréquence. Cependant, les expatriés et les étudiants étrangers qui envisagent d'étudier aux États-Unis peuvent avoir des points de vue différents sur la question.
Les fusillades aux États-Unis en chiffres
PewResearch.org a réalisé une étude détaillée sur la violence armée aux États-Unis en 2020. Les résultats sont présentés ci-dessous :
- En 2020, selon le CDC, 45 222 personnes sont décédées des suites de blessures liées aux armes à feu aux États-Unis.
- 54 % de tous les décès liés aux armes à feu aux États-Unis étaient des suicides et 43 % des meurtres.
- Il y a eu 535 décès involontaires par arme à feu, 611 décès ont été provoqués les forces de l'ordre, et 400 décès survenus dans des circonstances indéterminées.
- Près de 79 % de tous les meurtres commis aux États-Unis en 2020 impliquaient une arme à feu.
- Le nombre de décès liés aux armes à feu en 2020 a été le plus élevé jamais enregistré : une augmentation de 14 % par rapport à l'année précédente et de 25 % par rapport aux cinq années précédentes.
L'analyse de ces chiffres, côte à côte, peut définitivement brosser un tableau alarmant. Les expatriés qui envisagent de s'installer aux États-Unis s'interrogent souvent sur la législation américaine sur les armes à feu et se demandent si des mesures sont prises pour remédier à la situation de la violence armée.
Que disent les lois sur les armes à feu aux États-Unis
La législation sur les armes à feu aux États-Unis est très différente de celle de nombreux autres pays, en particulier de l'Europe.
Voici les principales lois qui définissent la possession d'une arme à feu aux États-Unis :
- Le deuxième amendement de la Constitution américaine protège le droit des Américains à posséder des armes à feu.
- Le National Firearms Act de 1934 réglemente la vente et la possession de mitrailleuses, de fusils de chasse à canon court et de suppresseurs, entre autres.
- Le Gun Control Act de 1968 réglemente la vente et la détention d'armes à feu, y compris la vérification des antécédents pour les achats d'armes à feu auprès de revendeurs agréés par le gouvernement fédéral et les restrictions visant certaines catégories de personnes, telles que les criminels, les auteurs de violences domestiques et les malades mentaux à posséder des armes à feu.
- La loi Brady Handgun Violence Prevention Act de 1993, une loi sur la prévention de la violence par arme à feu, a mis en place un système de vérification des antécédents des personnes qui font l'acquisition des armes à feu auprès de revendeurs agréés au niveau fédéral, connu sous le nom de National Instant Criminal Background Check System (NICS).
De nombreux États disposent de lois supplémentaires sur les armes, réglementant la vente, la possession et l'utilisation des armes à feu. Ces lois peuvent varier considérablement d'un État à l'autre et peuvent inclure des restrictions sur certains types d'armes à feu, des périodes d'attente pour l'achat d'armes à feu et des exigences en matière d'enregistrement et d'octroi de permis de ces armes.
Il convient de noter que le contrôle des armes à feu est une question qui suscite beaucoup de débats et de controverses aux États-Unis. Les lois et réglementations relatives aux armes à feu font l'objet de débats et de discussions permanents entre les législateurs et la société dans son ensemble.
Culture américaine des armes à feu : quelles implications pour les expats ?
Les expatriés européens peuvent avoir des doutes à l'idée de s'installer aux États-Unis en raison de la législation américaine sur les armes à feu.
Dans la plupart des pays européens, les armes sont fortement réglementées et l'idée de posséder une arme à feu n'est pas aussi répandue qu'aux États-Unis. L'idée de se retrouver dans une société où les armes à feu sont largement accessibles et banalisées peut être déstabilisante pour les expatriés européens.
Dans certains pays d'Asie du Sud-est, la possession d'armes à feu est également strictement contrôlée et les armes ne sont généralement portées que par les forces spéciales de la police et l'armée. Il est donc souvent difficile pour les expatriés originaires de pays européens de s'adapter à une réalité où les armes à feu sont largement acceptées en tant que bien personnel alors qu'elles sont sévèrement réglementées dans leurs pays d'origine.
De plus, certains citoyens américains qui ont vécu à l'étranger pendant un certain temps évoquent souvent leurs inquiétudes sur la violence des armes à feu comme l'une des principales raisons de vivre à l'étranger. Frank Pierce a passé plus de 10 ans à enseigner l'histoire américaine en Chine et a finalement dû rentrer chez lui, à Houston, en raison de la pandémie. Père de deux enfants, il s'est dit très préoccupé à l'idée de voir ses enfants fréquenter une école publique après des années d'études dans une école internationale en Chine : « Le retour à la maison offrira définitivement plus de possibilités à mes enfants, qui vont bientôt être inscrits dans des universités. Cependant, je ne peux pas dire que je déménage l'esprit tranquille. Je suis très préoccupé par la montée récente de la violence par armes à feu dans le pays, en particulier dans les écoles et sur les campus. J'envisage même des cours la maison et d'autres options pour mes enfants ».
Dans l'ensemble, la violence armée est un problème important aux États-Unis, et il n'est pas rare que des fusillades de masse se produisent dans des lieux publics tels que des écoles, des églises et des centres commerciaux. L'idée de se retrouver dans une situation où la violence armée pourrait potentiellement se produire peut être intimidante pour les expatriés qui ne sont pas habitués à une telle réalité.
Étudier aux États-Unis : est-ce une bonne option ?
La violence armée aux États-Unis a fait l'objet d'une couverture médiatique importante, tant au niveau national qu'international. En effet, des fusillades massives très médiatisées ont eu lieu sur les campus des collèges et des universités ces dernières années. Cela peut amener certains étudiants étrangers à avoir des doutes sur leur choix d'étudier aux États-Unis, en particulier s'ils viennent de pays où la violence armée est minime.
Selon le rapport d'Open Doors, le plus grand groupe d'étudiants internationaux aux États-Unis est constitué d'étudiants originaires de Chine.
Xue Li, diplômée de l'université d'État du Michigan en 2017, décrit son expérience comme très positive et considère qu'il s'agit de la meilleure porte d'entrée possible vers une carrière dans la haute technologie à Hong Kong. Néanmoins, lorsqu'on lui a demandé si elle envisagerait toujours d'étudier aux États-Unis en 2023, Xue Li a fait part de ses inquiétudes de la situation actuelle en matière de sécurité, notamment à la suite de la fusillade qui a éclaté sur le campus de l'université du Michigan le 13 février dernier. « Pendant mes années à l'université, j'ai pu me concentrer pleinement sur mes études et tirer le meilleur parti de mon expérience. J'ai l'impression que ce n'est plus possible aujourd'hui, car les étudiants aux États-Unis semblent être directement affectés par la division politique du pays et ne peuvent pas se sentir en sécurité dans leur propre campus ».
Les fusillades sur les campus sont une préoccupation majeure pour les étudiants nationaux et internationaux aux États-Unis. La fréquence de ces incidents a suscité des craintes quant à la sécurité des étudiants, des enseignants et du personnel sur les campus. Bien que des fusillades aient eu lieu dans d'autres pays, les États-Unis ont connu une fréquence plus élevée que la plupart des autres pays développés.
Li n'est peut-être pas la seule à avoir des pensées similaires. Selon le rapport Open Doors de 2022, le nombre d'étudiants chinois inscrits dans les universités américaines a connu une baisse de 9 %. Toutefois, les facteurs précis qui influencent la baisse des taux d'inscription sont encore obscurs.
Certains experts en éducation et en programmes d'échange ont cité la violence armée, le racisme contre les Asiatiques pendant la pandémie de Covid-19 et la montée des tensions politiques entre les États-Unis et la Chine (ce qui entraîne des procédures de visa plus difficiles) comme des raisons possibles de ce déclin.
Les étudiants étrangers viennent aux États-Unis pour diverses raisons, y compris la qualité de l'enseignement et les possibilités de recherche. Toutefois, leur décision d'étudier aux États-Unis peut être influencée par la perception de la sécurité du pays. Selon un récent rapport de l'American Psychology Association, un tiers des adultes résidant aux États-Unis ont exprimé leur crainte des fusillades de masse dans le pays et ont déclaré que cela les empêchait d'assister à des événements publics.
En outre, il y a de fortes chances que les étudiants étrangers envisagent d'autres destinations. Par exemple, une enquête récente menée auprès d'étudiants étrangers au Canada a montré que le niveau de sécurité du pays était l'un des principaux facteurs décisifs pour les étudiants qui ont choisi d'y poursuivre leurs études.
Les États-Unis ont pris des mesures pour régler ce problème, notamment en renforçant les mesures de sécurité, en organisant des formations sur les tireurs actifs et en mettant en place des services de conseil en santé mentale. Cependant, il reste à voir si ces mesures seront efficaces pour prévenir de futurs incidents. Bien que les fusillades sur les campus concernent tous les étudiants, les étudiants étrangers peuvent se sentir encore plus vulnérables en raison de leur méconnaissance de la culture et de l'absence de réseaux de soutien. Il est donc important pour les universités de répondre à ces préoccupations et d'offrir un environnement sûr et favorable à tous les étudiants, y compris les étudiants étrangers.
