Dubaï accueille près de 100 000 expatriés en pleine crise

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Publié le 2022-05-04 à 11:00 par Asaël Häzaq
Tous à Dubaï ? La première ville des Émirats arabes unis (EAU) prend une longueur d'avance. Tout semble réussir à la cité économique. Après une baisse brutale de sa population – Covid oblige, Dubaï renoue avec les arrivées de nouveaux immigrants dès l'automne 2020. Comment expliquer ce succès ? Dubaï et son émirat sont-ils en passe de devenir le territoire favori des expatriés ?

La nouvelle ville phare des expatriés ?

Alors que d'autres pays font toujours les frais de la crise sanitaire, à Dubaï, prospérité économique rime avec arrivée massive de nouveaux immigrants. En moins de deux ans (fin 2020-avril 2022), la population de Dubaï a gagné près de 100 000 arrivants, et dépasse désormais la barre des 3,5 millions d'habitants. Les expatriés sont de retour. Ils le sont en fait depuis l'automne 2020. Impossible, pour l'Émirat, de se passer de sa main-d'œuvre étrangère, qui constitue la large majorité de sa population. Pour sauver son économie, le Cheikh Khalifa ben Zayed Al Nahyane, président des EAU, met en place une politique de relance économique dont la formule pourrait être « rester ouverts ».

Alors que tous les pays se barricadent pour lutter contre la Covid, les EAU misent sur l'ouverture. Dès le début de l'été 2020, les EAU rouvrent leurs frontières pour relancer le tourisme, durement frappé par la crise. Les Émirats déploient un arsenal mesures de sécurité pour rassurer les visiteurs : tests, quarantaine, couverture santé et application mobile obligatoires, E-visa... Des contraintes que les visiteurs comprennent et acceptent. Dubaï devient l'une des rares villes où l'on peut « vivre comme avant ». La vie économique repart, relancée par le tourisme et les affaires. L'engouement autour de Dubaï va croissant, propulsé par les réseaux sociaux. Caroline Faillet, dirigeante du cabinet d'étude Opinion Act, confirme. Dans un entretien accordé au journal français 20 Minutes, le 22 décembre 2021, elle note qu'au plus fort de la pandémie, le mot « Dubaï » a quasi triplé sur les réseaux sociaux, « passant de 250 000 à 629 000 ». Une popularité qui n'est pas totalement spontanée. Le gouvernement a fortement encouragé cet « effet Dubaï », notamment, via ses « ambassadeurs » vantant les mérites de la ville et passant sous silence les points négatifs. Les résultats sont là. Dubaï devient LA ville qui bouge malgré la Covid, comparativement aux autres pays, englués dans leurs politiques restrictives.

Expatriation à Dubaï : les raisons du succès

Avec la réouverture des frontières avant tous les autres pays touristiques, Dubaï a attiré une manne financière et un vivier d'immigrants pour qui le court séjour s'est transformé en installation de longue durée. Là encore, le gouvernement fait tout pour faciliter la résidence sur son territoire. Les businessmans ayant quitté le pays au début de la Covid sont loin d'être tous revenus. La ville des affaires doit combler le trou d'air, faire revenir ses expatriés, et en attirer d'autres. 

Dès l'automne 2020, Dubaï surfe sur la nouvelle vague du nomadisme digital et met en place un visa télétravail et un golden visa. Si le visa télétravail vise le grand nombre (sous condition de revenus), le golden visa est réservé aux « personnes talentueuses », explique le Premier ministre Mohammed ben Rachid Al Maktoum. Comprendre : les investisseurs, ingénieurs, athlètes, scientifiques, artistes, « médecins exceptionnels »... En septembre 2021, Abdulla bin Touq al-Marri, ministre émirati à Dubaï, annonce le lancement d'une nouvelle politique de développement économique. En clair : un nouveau visa, pour attirer les talents internationaux. C'est le « visa vert », disponible sans sponsor et autorisant le regroupement familial. Mais ce visa est strictement réservé aux « personnes hautement qualifiées ». La main-d'œuvre à bas coût est exclue du programme. Dubaï veut faire revenir les riches investisseurs, entrepreneurs, chercheurs, étudiants à haut potentiel (master, doctorat) et autres startupers. 

Là encore, l'« effet Dubaï » fonctionne. La ville met toujours en avant sa stratégie de lutte contre la Covid et gagne de nouveaux points auprès des candidats à l'expatriation. Les familles sont soulagées de voir les écoles toujours ouvertes. Les entrepreneurs reprennent les affaires. Certains experts britanniques avancent même un « effet Brexit » favorable à Dubaï. Les riches investisseurs auraient été séduits par les formalités assouplies de la ville, en termes d'entrée sur le territoire.

Conclusion

Forte de ses succès, Dubaï maintient les chiffres ambitieux de son « plan Dubaï 2040 ». La ville des expatriés compte attirer 5,8 millions d'habitants d'ici à 2040. Et pour les accueillir, elle parie sur une nouvelle modernisation de son espace urbain. Davantage d'espaces verts, des transports plus écologiques et mieux redistribués, plus de logements, des zones de loisirs et de commerce redéfinies... Dubaï entend bien devenir la nouvelle place forte des expatriés.