Tout plaquer pour vivre à l'autre bout du monde : une expat au Brésil raconte

Interviews d'expatriés
  • Laurence au Bresil
Publié le 2022-04-22 à 10:00 par Nelly Jacques
Laurence s'est installée depuis 3 ans dans un petit village du nord-est du Brésil où elle a construit sa maison d'hôte sur la plage. Après 13 ans comme responsable commerciale et administrative pour une créatrice de parfum, un gros ras-le-bol l'a poussé à tout quitter pour s'installer à l'autre bout du monde et se lancer dans une nouvelle aventure qui va transformer sa vie. Elle nous raconte son histoire.

Pouvez-vous nous raconter en quelques lignes votre passé avant le Brésil, votre plan de vie à ce moment, ce qui vous a poussé à le remettre en question ?

Je suis originaire du sud de la France (Cannes) ou j'ai passé la plus grande partie de ma vie. Après 13 années comme responsable commerciale et administrative pour une créatrice de parfum, travail qui m'a d'ailleurs permis de beaucoup voyager, sauf au Brésil où je n'avais jamais mis les pieds, je me suis aperçue que cela ne me convenait plus (trop de stress, de contraintes). J'ai donc décidé de me lancer dans une nouvelle aventure, pour moi cette fois-ci.

Vous décidez donc de tout quitter ! Comment cela se passe ? Pourquoi le Brésil ?

En fait, une année auparavant, sur un coup de tête, j'ai acheté un terrain au Brésil, dans un petit village de Nordeste. Après avoir vu un reportage à la télé sur la région, nous avons fait quelques recherches avec un ami (cette partie du pays étant en grand développement dû à la pratique du kitesurf) et l'idée d'investir ensemble a germé.

J'ai finalement investi seule et ne suis venue voir ce que j'avais acheté que quelques mois après. Aucun regret, le coin était magnifique et c'est tout naturellement que l'idée d'exploiter mes terrains et de m'installer ici m'est venue.

Votre projet de faire des chambres d'hôtes voit le jour. Que se passe-t-il entre la naissance du projet et votre arrivée sur place ?

Pour des raisons professionnelles et familiales, j'ai réalisé la plus grande partie de mon projet à distance (ce que je déconseille vivement). Je me suis fait aider par une agence locale pour toute la « paperasse »  ainsi que pour la construction : j'avais dessiné les plans et choisi les matériaux et l'agence s'est occupée de suivre les travaux. La maison s'est construite assez rapidement et était prête quand je suis arrivée… Enfin prête sur le papier mais pleine de malfaçons et il m'a fallu 3 mois pour décider le constructeur à reprendre les travaux, et 3 autres pour les ouvriers afin que la maison soit habitable.

Que se passe-t-il quand vous arrivez au Brésil ? Rencontrez-vous des difficultés ? 

Mon arrivée est un peu stressante puisque rien ne va dans ma maison. Je suis obligée de me loger 3 mois ailleurs (ce qui n'était pas prévu) et donc de faire des dépenses supplémentaires (beaucoup, qui n'étaient pas prévues non plus). Je me demande un peu ce que je fais là, pourquoi j'ai quitté famille, amis, boulot et appart… Bref ce n'est pas le paradis tous les jours.

Puis, petit à petit les choses s'arrangent, des solutions arrivent, je rencontre beaucoup de gens prêts à m'aider ou juste me soutenir et moins de 6 mois après mon arrivée je me sens comme un poisson dans l'eau dans mon petit village.

Pouvez-vous nous parler de votre ville, de la région où elle se situe, du mode de vie, de l'ambiance, des locaux… ?

Mon village, Pontal do Maceio, se situe dans l'état du Céara, région de Fortaleza. Un état principalement réputé pour ses spots de kitesurf plus beaux les uns que les autres (la saison commence en juillet et termine fin janvier) mais avec des beautés naturelles encore peu connues des touristes internationaux.

Les gens sont gentils, souriants, l'ambiance est familiale, on s'y sent vraiment bien.

Et donc ces chambres d'hôtes aujourd'hui, elles ressemblent à quoi ? Pouvez-vous nous parler de votre vie au quotidien, de votre nouveau métier… ?

Ma maison, la Villa Isola Bella, comprend pour le moment (j'espère pouvoir agrandir) 4 chambres (2 doubles, 2 triples) autour d'une piscine et d'un jardin. Je reçois en toute simplicité, je prépare de bons petits-déjeuners et, très souvent, j'accompagne mes clients en balade, je leur fais découvrir le coin et ses petits secrets. 

Le problème de la langue au Brésil est souvent un gros frein et avoir la chance d'être accompagné par une personne qui parle la même langue est un vrai plus. Je reçois aussi beaucoup de voyageuses solos qui du coup se sentent en toute sécurité, accompagnées. J'aide aussi à la planification de voyages au Brésil car le pays est tellement grand que l'on peut vite s'y sentir perdu.

Rencontrez-vous beaucoup d'expatriés ? D'où viennent les voyageurs que vous accueillez ? Pourquoi viennent-ils de ce côté-là du Brésil ?

Oui, beaucoup de Français sont établis au Brésil et il y a une belle communauté dans mon village, cela permet de se recréer une famille à l'étranger, avec ses avantages et ses inconvénients.

Je reçois principalement des Français (ou des Européens), c'est sur ces réseaux de Français qui voyagent que je me fais connaître, c'est un plus pour eux d'avoir un interlocuteur qui parle la même langue.

La région est donc propice au kitesurf, c'est aussi une bonne partie de la clientèle.

Et, enfin, comme je suis en contact avec pas mal de tourdumondistes, j'essaye de les convaincre de venir me voir et ça fonctionne bien.

Vous voyez-vous rester longtemps là où vous êtes ? Quels sont vos projets à plus long terme ?

Pour l'instant oui, je ne pense repartir de là dans les prochaines années, mis on ne sait jamais ce qui peut arriver. J'aimerais m'agrandir et pouvoir encore plus partager mon amour pour cette région en proposant d'autres balades, hors des sentiers battus.

La France vous manque-t-elle ? Qu'est-ce que vous aimeriez retrouver et qu'est-ce, qu'au contraire, vous ne voudriez pas perdre de votre nouvelle vie ici ?

Forcément il y a des choses qui manquent : la famille et les amis laissés en France mais, heureusement, la crise sanitaire semble derrière nous et les liaisons sont facilitées, cela permet plus de visites. 

La nourriture, les bons petits plats et le fromage me manquent mais comme j'ai pas mal de visites, j'arrive à me faire ramener quelques petits plaisirs.

Je crois que j'aurais énormément de peine à perdre la gentillesse des gens ici, le sourire sur le visage et cette légèreté…. Mais aussi le climat, ici c'est plus de 320 jours de soleil par an avec une température moyenne de 30 degrés.

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