
Il faut encore composer avec la Covid-19. Le Canada vient d'entrer dans sa 6e vague. Le Royaume-Uni ou la France affichent toujours des taux élevés de contamination au virus. Emboîtant le pas au précurseur israélien, les États organisent, tour à tour, l'administration de la 4e dose, ou 2e dose de rappel. Quels sont les publics concernés ? Va-t-on vers une généralisation de la 4e dose ?
Les États qui ont mis en place la 4e dose
Toujours en avance sur les autres pays, Israël est le premier pays à autoriser la 4e dose aux plus de 18 ans. Mais l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) émet des réserves. Dans les faits, Israël autorise la 4e dose depuis le 3 janvier chez les 60 ans et plus. Confronté à une nouvelle vague Covid en février, le Chili emboîte le pas d'Israël, et ouvre la 4e dose aux plus de 55 ans. Condition : avoir reçu sa 3e dose il y a plus de 6 mois. Avant février, seuls les personnels de santé, les personnes âgées vivant en maisons de retraite, les personnes fragiles et immunodéprimées avaient accès à cette 2e dose de rappel. Pour lancer sa campagne de vaccination de février, le président Piñera (72 ans) montre l'exemple en recevant sa 4e dose devant les caméras. Pour lui, la meilleure stratégie contre la Covid-19 est l'anticipation. Le Chili est l'un des champions du monde de la vaccination. 91,1% de sa population est complètement vaccinée (2 doses). 86,9% des Chiliens ont reçu leur dose de rappel. Aux États-Unis, le président Biden (79 ans) montre aussi l'exemple : le 30 mars, il reçoit sa 4e dose de vaccin anti-Covid. Le pays vient d'ouvrir la 4e dose aux 50 ans et plus. Condition : avoir reçu sa 3e dose il y a au moins 3 mois.
D'autres États continuent de réserver la 4e dose de vaccin aux plus vulnérables : immunodéprimés, malades du cancer, malades souffrant d'arthrite, transplantés, sous dialyse… C'est le cas du Danemark, de l'Australie, du Brésil, de la Nouvelle-Zélande ou de l'Espagne. Les autorités espagnoles précisent que cette 2e dose de rappel doit intervenir 5 mois après l'injection du premier rappel. La Suède raccourcit le délai d'attente entre les deux doses mais augmente la limite d'âge : les 80 ans et plus peuvent recevoir leur 4e dose un mois après l'administration de la 3e dose. Même règle pour les personnes fragiles, vivant en maison de retraite, ou chez elles. En France, les 80 ans et plus ont accès à la 4e dose depuis le 14 mars. Le 7 avril dernier, le ministre de la Santé a annoncé un prochain élargissement aux plus de 60 ans ayant reçu leur 3e injection au moins 6 mois auparavant.
Au Canada, les 60 ans et plus peuvent déjà avoir accès à la 4e dose. La mesure a été élargie le 6 avril dernier. Certaines provinces, comme celle de Nouveau-Brunswick, proposent une 2e dose de rappel dès 50 ans, avec un accès aux pilules anticovid Paxlovid, qui réduisent les risques d'hospitalisation et de décès. Le Canada vient d'entrer dans une 6e vague. 63 808 cas positifs à la Covid ont été détectés hier, pour une moyenne à près de 30 000 nouveaux cas la semaine dernière. C'était à peine 6 000 une semaine avant.
Pas d'obligation vaccinale en vue
Le comité scientifique allemand a recommandé le vaccin anti-Covid pour les personnels soignants, les plus vulnérables, et les plus de 70 ans. Il préconise un délai de 6 mois entre les deux injections pour les soignants, et 3 pour les autres individus. Mais aucune obligation n'est en vue. Le texte sur l'obligation vaccinale a été rejeté le 7 avril. 296 voix pour, 378 voix contre, 9 abstentions. C'est un revers cinglant pour le gouvernement Scholz. L'idée d'une obligation vaccinale avait émergé en décembre dernier, suite à l'exemple autrichien (qui a depuis supprimé cette obligation jugeant la situation gérable). Le projet allemand devait entrer en application en février ou mars. Le vote d'avril intervient, selon les experts, trop tardivement. Le climat a changé. L'obligation vaccinale serait perçue comme un retour en arrière par une partie de la population.
Pas d'obligation en Allemagne, donc, ni chez les autres États, qui préfèrent miser sur la pédagogie. Les rivalités entre pro et antivax sont encore prégnantes, et personne ne veut prendre le risque de réactiver les tensions. L'on parle donc de simples recommandations liées principalement à l'âge et à l'état de santé. La Hongrie est l'un des rares pays à n'imposer aucune condition d'âge. Depuis le 13 janvier, vaccin 4e dose disponible pour ceux qui en font la demande, après recommandation de leur médecin.
4e dose : les réserves de l'OMS
Verra-t-on une 4e dose pour tous ? Certainement pas, prévient l'OMS, pour qui une vaccination généralisée aurait des effets contre-productifs. En déplacement à Genève le 22 décembre 2021, le directeur général de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus, prévenait déjà, au cours d'un point presse : « Aucun pays ne pourra se sortir de la pandémie à coups de dose de rappel […] ». Et le docteur Tedros d'ajouter : « Des programmes de rappel sans discernement ont toutes les chances de prolonger la pandémie, plutôt que d'y mettre fin, en détournant les doses disponibles vers les pays qui ont déjà des taux de vaccination élevés, offrant ainsi au virus plus de possibilités de se répandre et de muter ».
L'OMS encourage une vaccination raisonnable et étendue à l'ensemble de la population mondiale, au risque de voir se développer de nouveaux variants. Vaccination et respect des gestes barrières restent le meilleur moyen de lutter contre la Covid. D'où les réserves de l'OMS concernant la levée des restrictions en Europe. Même le Japon s'y est mis en mars dernier. Mais contrairement aux populations européennes, les Japonais sont plus réticents à abandonner les mesures barrières. Au Canada, des médecins pointent du doigt la levée du port du masque, responsables, selon eux, de l'accélération des contaminations. Le Dr Moore, médecin hygiéniste en chef d'Ontario, plaide déjà pour un retour du masque obligatoire. Les avertissements de l'OMS semblent se confirmer. Il faut à présent se demander si les populations encore non vaccinées seront prêtes à changer de position, et si l'ensemble des individus acceptera d'appliquer de nouveau les gestes barrières.



















