Départ pour l'étranger : comment assimiler une nouvelle culture ?

Paroles d'experts
  • Choc culturel
Publié le 2016-10-13 à 12:41
Pour profiter à plein de votre vie à l'étranger, il faut être préparé ! Se renseigner, plonger les yeux grands ouverts dans la culture locale ou encore développer une intelligence culturelle sont plus que recommandés. Lisez les éclaircissements de Shannon Nicole Bobo.

Par quelles étapes les expatriés passeront avant de s'adapter à leurs nouvelles conditions ?

Les expatriés passeront généralement par quatre étapes d'ajustement culturel. La théorie de Lysgaard sur l'ajustement (1955) fait partie des principales références en la matière.

La première de ces étapes ressemble à une lune de miel. Les expatriés sont fascinés par leur nouvel environnement et enthousiasmés par les différences. Pour eux, tout est nouveau et fantastique. Une véritable histoire d'amour se développe avec leur pays d'accueil, qui rend leur vie passée plus fade.

Lors de la seconde phase, les expatriés traversent une crise. Toute cette nouveauté est difficile à supporter, surtout si l'on n'y a pas été préparé. L'on peut se sentir déprimé ; l'anxiété et l'épuisement menacent de s'installer. Les expatriés deviennent progressivement cyniques vis-à-vis de leur nouvel environnement et tendent à idéaliser leur pays d'origine. Pour eux, tout devient horrible.

Vient la phase d'ajustement : les expatriés commencent à apprécier les différences de façon plus objective. Dans les meilleurs cas, des amitiés naissantes avec des locaux permettent de faciliter la transition. Une réévaluation des propos tenus durant la précédente phase se fait. Les choses ne sont finalement pas si horribles. Elles sont simplement nouvelles.

Durant la dernière phase, la phase d'adaptation, les expatriés intègrent la culture locale, sans abandonner leur propre identité culturelle. Ils acquièrent progressivement une plus grande flexibilité. Les personnes atteignant ce stade ont l'impression d'avoir beaucoup appris. Il n'est cependant pas rare que des expatriés n'atteignent pas cette phase et rentrent dans leur pays d'origine sans avoir su relever avec succès les défis d'une transition culturelle.

Non préparés, des individus peuvent souffrir du mal du pays et souhaiter rentrer chez eux. Comment prévenir ce type de situation ?

Le mal du pays démarre durant la seconde phase d'ajustement culturel. Si ce mal n'est pas maîtrisé, il peut être nocif. Il existe trois moyens d'empêcher le blues de l'expatrié de vous envahir : la recherche, l'exposition et l'appréciation. Lorsque vous intégrez une nouvelle culture, vous devez accepter de tout réapprendre de zéro. Comme tout bon étudiant, vous vous préparez au défi à venir et effectuez des recherches. Vous étudiez la langue et les normes culturelles locales, personnelles et professionnelles. Il est également conseillé de s'immerger dans la culture bien avant que vous ne vous installiez. Goûtez à la nourriture locale, écoutez de la musique, regardez des films, rencontrez des personnes originaire de votre futur pays d'accueil…quoi que vous fassiez, faites-le avec sérieux. Cela vous aidera à appréhender correctement la culture locale, sous toutes ses formes. C'est comme si vous mettiez de l'huile sur une machine : cela prévient les frictions.

Citez-nous quelques situations auxquelles vos clients ont fait face, qui ont conduit à des incompréhensions, à des frustrations…

La mauvaise utilisation de la langue locale est la principale cause d'incompréhension. La plupart des gens s'efforcent d'apprendre la langue de leur pays d'accueil, sans réaliser que la maîtrise d'une langue ne se résume pas à la maîtrise grammaticale. La langue reflète la façon dont une culture voit le monde. Une fois que le processus de réflexion sous-jacent à une langue est compris, l'utilisation appropriée de celle-ci dans des contextes variés est plus facile. Le ton, l'intonation, le langage corporel sont des outils de transmission très importants, qui ne sont pas toujours bien assimilés. Nous pourrions comparer la langue à une musique : elle a un rythme, exprime des émotions et encourage l'expression. Si vous effectuez des mouvements de salsa sur un rythme de musique country, vous serez hors rythme. Cette métaphore s'applique aussi au langage.

Un autre sujet de frustration est directement lié au plaisir. Si un expatrié n'arrive pas à apprécier sa nouvelle vie, il sera inéluctablement plus stressé. Des niveaux de stress élevés conduisent les individus à être plus impatients, déprimés et émotifs. Cela réduit leur capacité de passer d'une culture à une autre.

Enfin, la confiance et le respect sont deux éléments fondamentaux dans toute interaction. Pourtant, nous n'exprimons pas notre respect, ni n'accordons notre confiance de la même manière. Vivre à l'étranger nécessite donc d'être au fait des coutumes et pratiques locales, sans quoi le risque d'échec est plus grand.

Certains pays sont culturellement opposés à d'autres. Travailler dans un pays étranger peut donc parfois être décourageant. Comment gérer les chocs culturels ?

Les chocs culturels sont amplifiés lorsque les individus traversent des cultures totalement opposées. Si nos sociétés modernes se ressemblent, vu de l'extérieur, leurs fondations sont complètement différentes, que ce soit en terme d'éthique, de religion, de philosophie…les chocs culturels sont donc fréquents.

Pour y faire face, il convient de bien maîtriser nos attentes : les expatriés peuvent trop attendre, ou pas assez, de leur pays d'accueil. C'est pourquoi la recherche, l'exposition et l'appréciation sont essentiels pour passer la phase d'ajustement avec succès.

Quels outils et quels conseils donneriez-vous aux expatriés souhaitant réussir leur phase de transition ?

Je conseille à tout expatrié de développer son intelligence émotionnelle et son intelligence culturelle. L'intelligence émotionnelle est une pratique encourageant l'auto régulation et la maîtrise de ses émotions en vue d'améliorer son engagement social. L'intelligence culturelle est la capacité de différencier les dynamiques personnelles, les facteurs de personnalité et les normes culturelles. Ces deux éléments permettent aux expatriés de réussir et de s'épanouir dans des environnements multiculturels.

Des millions de personnes vivent à l'étranger pour des raisons professionnelles. Que doivent-elles faire pour s'adapter rapidement à leur nouvel environnement professionnel ?

Notre marché est mondial. Notre succès dépend de notre capacité à accepter la diversité et à en tirer les bénéfices. Comme un arbre, vous devez conserver des racines solides, mais vous devez poursuivre votre croissance, croitre le plus haut possible et vous adapter à vos nouveaux environnements. Vivre à travers les cultures ne signifie pas que vous pouvez vous débarrasser de vos propres frontières. Il est important de connaitre vos limites. Comme je le mentionnais plus haut, vous partez pour apprendre. Il est tout aussi impératif que vous vous connaissiez. Développer une intelligence culturelle doit être une priorité pour les expatriés.