Douane & expatriation : que pouvez-vous mettre dans votre valise ?

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Publié le 2022-01-07 à 10:00 par Asaël Häzaq
Voyage au Canada, aux États-Unis, escapade au Sénégal, en Thaïlande, en Corée du Sud, retour dans son pays d'origine pour visiter ses proches... Ce début d'année sonne comme une revanche ou un rattrapage. Les projets d'expatriation reviennent sur le tapis malgré l'incertitude qui plane depuis le début de la pandémie. Mais peut-on tout emmener avec soi lors d'un voyage ? 

En quelques jours, le monde est repassé en alerte, et les frontières, jusqu'à présent majoritairement ouvertes, se referment. Pas de quoi troubler les préparatifs des plus optimistes, qui entendent bien mener leur projet à bon port, quitte à concéder quelques ajustements.

Halte aux douceurs et autres spécialités culinaires 

C'est l'indispensable de tout voyage. Qu'elle soit pour offrir ou pour se rappeler les bons souvenirs du pays d'accueil, la nourriture a toujours une bonne place dans les valises. L'on veut faire découvrir à ses proches les spécialités culinaires du pays d'expatriation, ou ramener avec nous un peu de notre pays d'accueil. Fromage, charcuterie, miels, fruits secs, fruits, chocolats, bonbons, foie gras, légumes, insectes comestibles, confiture... quelles sont les denrées interdites ?

Soraya se souviendra longtemps de ses Kinder surprise. Elle rend visite à sa sœur immigrée aux États-Unis lorsque le drame éclate : « C'était quelques mois avant le Covid. Les services douaniers ont sorti mon paquet de Kinder. J'ai dit que j'avais peur que les chocolats s'écrasent en soute. En cabine, c'était possible, non ? J'ai compris à leur tête que c'était non. »

Le principe : les produits secs (gâteaux, biscuits…) sont autorisés. Attention pour les chocolats et autres produits à pâte molle, susceptibles d'être assimilés à des liquides. Si tel est le cas, ils seront soumis aux mêmes restrictions : 100mL maximum dans un sac plastique transparent et refermable.

Cas des États-Unis : la loi de 1938 (Federal Food, Drug and Cosmetic Act) interdit toute vente de confiserie contenant un jouet à l'intérieur, car les enfants risqueraient de s'étouffer en l'ingurgitant ; l'information a été mise à jour en février 2021 par l'US Customs and Border Protection. Et gare à la fraude. Le contrevenant risquerait jusqu'à 2500 dollars d'amende.

Pour Max, immigré au Japon, ce sont les fruits qui ont posé problème. « C'était en 2018, quand je rentrais au Japon. J'ai eu la très mauvaise idée d'embarquer une mangue et quelques pommes. Arrivé à la douane, douche froide. Je ne voulais pas qu'elles finissent à la poubelle, alors je les ai mangées. Je vous épargne ma galère pour éplucher la peau de la mangue ! »

Principe : la loi japonaise est formelle. La plupart des fruits sont interdits. 

Plutôt viande ou poisson ? Plats préparés, conserves, produits du terroir... mieux vaut bien étudier les réglementations du pays de destination et de la compagnie aérienne avant d'emporter les spécialités culinaires de son pays d'accueil. Pour les vols à l'intérieur de l'UE, le feu est vert : autorisation d'importer/exporter des produits carnés. Notez que des certificats peuvent éventuellement vous être demandés concernant votre marchandise. Par contre, interdiction de ramener tout produit carné d'un pays hors UE.

Le Japon applique la même intransigeance, et interdit toute importation de produits carnés sur son sol. Idem pour les États-Unis ou le Canada. Les viandes étant susceptibles de véhiculer la fièvre aphteuse, les États prennent leurs précautions. Par contre, oubliez le foie gras. Sensibilisés au bien-être animal, de plus en plus de pays interdisent le gavage d'animaux (Royaume-Uni, Allemagne, Californie, Danemark, Argentine, Luxembourg, Canada...).

Même prudence pour les fromages. Les produits secs étant autorisés en cabine, les fromages à pâte dure et cuite y sont a priori les bienvenus, sous vide (pour des raisons évidentes d'odeurs). Mais halte aux fromages à pâte molle et aux fromages au lait cru (risque bactériologique). L'Australie, le Canada et les États-Unis les interdisent. Là encore, mieux vaut vérifier les règles du pays de destination.

Très chers objets connectés

Ordinateurs, montres connectées, valises connectées… On a tendance à l'oublier, mais tous ces objets high-tech font l'objet d'une réglementation stricte. Clara se souvient de son PVT Canada, en 2018, décroché après plusieurs échecs. « Les valises connectées devenaient à la mode, et j'en avais trouvé en promo. Mais arrivée à l'aéroport Roissy Charles de Gaulle, j'ai déchanté ! Je ne savais pas que les valises connectées pouvaient être refusées en cabine et en soute ! Manque de bol, mes deux valises étaient connectées et on ne pouvait pas retirer la batterie… Heureusement, j'étais venue très en avance pour l'enregistrement, et mes parents étaient venus me dire au revoir. Ils ont filé m'acheter deux valises en quatrième vitesse et j'ai refait mes bagages en plein milieu de l'aéroport. On peut dire que mon aventure canadienne commençait bien ! »

Principe : les gros appareils électroniques portables contenant des piles ou des batteries au lithium (powerbank) sont interdits en cabine et en soute (vélo, trottinette électrique, drone…). Si les appareils électroniques disposent de piles ou batteries au lithium pouvant être retirées, les valeurs de lithium ne doivent pas excéder 0,3g (masse de lithium métal) ou 2,7Wh (lithium ionique). Les piles/batteries retirées seront transportées en cabine dans un emballage adéquat, pour prévenir tout court-circuit (par exemple, l'emballage d'origine). Les appareils (ex : valise sans batterie) pourront alors intégrer la soute. Chaque compagnie aérienne est libre d'appliquer des mesures plus restrictives que cette réglementation.

Les bons conseils

Envie de faire un cadeau ? Réservez le bel emballage pour l'atterrissage. Car en cas de contrôle, les services douaniers n'hésiteront pas à arracher votre beau papier cadeau. 

Il y a souvent confusion concernant les appareils électroniques : ordinateurs portables, tablettes, batteries externes ou appareils photos sont autorisés en cabine, mais pas en soute. Double vigilance pour les objets connectés, très à la mode. Si la batterie au lithium (powerbank) n'est pas retirable, la valise pourra être refusée à l'enregistrement. 

Attention aux jouets et objets de déco : répliques de sabres, d'épées, pistolets, fausses têtes d'ours, objets potentiellement contondants ou pouvant être des armes par destination... Avec une vigilance attentat toujours active et une pandémie qui n'en finit pas, mieux vaut éviter de tenter des services douaniers déjà sous pression. Tout ce qui pourrait servir d'arme (même des aiguilles de tricot !) est interdit ou réglementé. Mieux vaut se renseigner auprès de sa compagnie aérienne. 

Attention à l'alcool. Les alcools très forts (plus de 70%) sont interdits en cabine et en soute. Entre 24 et 70 %, ils sont autorisés en cabine, mais soumis à la règle concernant les liquides (flacons transparents de 100mL max). En soute, ils doivent également être sous emballage. Chaque passager ne peut emporter que 5L maximum, cabine et soute confondus. Certaines compagnies aériennes peuvent cependant refuser tout transport d'alcool.

À noter que le « duty free » peut permettre de transporter des liquides de plus de 100mL (dans un sac scellé fermé, avec une preuve d'achat) ; toujours en respectant les quantités autorisées par la compagnie aérienne.

Enfin, Covid oblige, il est possible de transporter temporairement jusqu'à 500mL de gel hydroalcoolique. Mais pour les autres liquides, sprays ou gels, la limite reste la même : 100mL.