Que risquent les expatriés pas vaccinés contre la Covid-19 ?

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Publié le 2021-11-18 à 06:09 par Asaël Häzaq
« Si nous restons sur cette trajectoire, nous pourrions voir un autre demi-million de décès dus à la Covid-19 dans la région d'ici à février ». Le cri d'alarme du directeur de la zone Europe de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) semble avoir été entendu. 

Allemagne, Pays-Bas, Irlande, Belgique, Grèce, Pologne… Les pays renforcent leurs restrictions pour lutter contre la recrudescence de Covid-19. Dans leur viseur : les non-vaccinés. Surreprésentés dans les hôpitaux, ils font également les formes les plus graves de Covid-19. Quels sont ces pays qui mettent la pression sur les non-vaccinés ?

Coup de pression sur les salariés et les personnels de santé non vaccinés

Avec, en moyenne, plus de 30 000 nouveaux cas par jour, l'Allemagne ne cesse de renforcer ses mesures contre la Covid-19. Comprendre : plus de restrictions, surtout pour les non-vaccinés.

Depuis le 1e novembre, les salariés non vaccinés forcés de s'isoler (ex : si cas contact) ou n'étant pas en mesure de travailler à cause des mesures prises dans le cadre de la Covid-19 ne reçoivent plus de compensation salariale. Ils sont aussi interdits de lieux de loisirs, restaurants, salons de coiffure… Klaus Holetschek, ministre de la Santé de l'État de Bavière, est clair : « les non-vaccinés doivent prendre leurs responsabilités ». La Bavière est l'un des Länder les plus stricts en termes de lutte contre la Covid-19. Tests PCR onéreux pour les non-vaccinés, restriction maximum des activités qui leur sont autorisées… Jens Spahn, ministre de la santé fédérale, approuve : « il ne s'agit pas de pression… mais d'équité envers les vaccinés. Pourquoi les autres devraient-ils payer pour quelqu'un qui décide de ne pas se faire vacciner ? »

La question agite aussi les débats en Grèce. Depuis le 6 novembre, les salariés non vaccinés doivent présenter deux tests négatifs de dépistage de la Covid-19 par semaine pour pouvoir travailler, contre un seul test exigé jusqu'alors. Les tests sont à leurs frais (environ 60€ le test). Dans la même veine, tout non-vacciné doit désormais présenter un test PCR négatif avant de se rendre dans les services administratifs, la majorité des commerces, les banques, les restaurants, les cafés… Les établissements contrevenants risquent 5 000€ d'amende et 15 jours de fermeture administrative. Pour les non-vaccinés, la sanction est déjà là. Mais rien concernant les lieux de culte. Les personnes âgées y sont pourtant majoritaires, et il y reste des non-vaccinés. Mais le gouvernement assume, au nom du « besoin vital » qu'est la religion. D'autres États, comme le Nigéria et le Zimbabwe, ont pourtant interdit l'accès aux églises aux non-vaccinés.

En Norvège, ce sont les personnels de santé non vaccinés qui sont ciblés : ils devront désormais se faire tester deux fois par semaine et porter un masque. La Hongrie est plus sévère : « les entreprises peuvent désormais exiger la vaccination du personnel » a annoncé Gergely Gulyas, chef de cabinet du Premier ministre souverainiste Viktor Orban. Les réticents devront prendre un congé sans solde et pourront être licenciés au bout d'un an. En Lettonie, on sépare les vaccinés des non-vaccinés. Pour ces derniers, obligation d'effectuer les courses de première nécessité dans les commerces indiqués par les autorités.

Retour du confinement et restrictions pour les non-vaccinés

Le confinement fait son retour. Les Pays-Bas, l'Autriche, la Russie ou la Chine reconfinent partiellement. L'Autriche reconfine les non-vaccinés et non guéris de la Covid-19 depuis le 15 novembre. Prévue pour 10 jours, la mesure pourrait être étendue. Les concernés crient au harcèlement. Le gouvernement assume et constate que le coup de pression porte ses fruits. Les centres de vaccination se remplissent de nouveau. Le confinement est plus long aux Pays-Bas : trois semaines, avec couvre-feu et fermeture des lieux essentiels et non essentiels (20h pour les premiers, 18h pour les seconds). Mais après ces trois semaines, seuls les vaccinés auront de nouveaux accès aux restaurants et lieux de loisirs. Les non-vaccinés, même sur présentation d'un test PCR négatif, n'y auront pas accès. Tour de vis également en Russie, avec, depuis le 25 octobre (jusqu'au 25 février 2022), un confinement obligatoire des plus de 60 ans non vaccinés. Face au drame sanitaire, le pays tente de réagir et multiplie les mesures anti-Covid-19. Insuffisant, selon les organisations internationales, qui pointent l'opacité des autorités russes. 

C'est la Chine qui s'illustre comme le pays le plus strict en matière de lutte contre la Covid-19. Au pays de la tolérance zéro, le confinement est de mise dès la moindre suspicion de cluster. Dernier cas : 1 500 étudiants bloqués dans leurs dortoirs suite à une flambée de cas dans la ville de Dalian, au nord-est du pays.

Être payé pour se faire vacciner ?

Aux États-Unis, les entreprises américaines soutiennent la campagne de vaccination à leur manière : récompenser le salarié, et préserver la compétitivité de l'entreprise (immunité collective, réduction du risque d'arrêt maladie). Une offre gagnant-gagnant donc, qui séduit les employés. Chez Aldi, on propose 4h de salaire, deux heures par dose. Lidl préfère miser sur l'avantage financier : 200$ pour chaque salarié qui accepte de se faire vacciner. Pour American Airlines, c'est 1 jour supplémentaire de congés payés et 50$ de points récompenses. Mc Donald opte aussi pour 4h de congés payés offerts. Les différents États se sont engagés dans des actions similaires : chèque offert, bons de réduction de commerçants partenaires… Les initiatives fleurissent dans d'autres pays du monde. Dans le nord de la France, un centre commercial a profité de l'installation d'un centre de vaccination dans ses locaux pour proposer des bons de réduction auprès d'enseignes partenaires. Même opération en Guyane, avec des bons d'achat de 5€ distribués par un supermarché. Ces initiatives ne font cependant pas toujours bonne presse. 

Les sceptiques et les anti-vaccins y voient une instrumentalisation et appellent au boycott. Leur voix ne pèse cependant pas face aux avantages concrets d'une vaccination doublée d'un bonus pécuniaire. Au Japon, on accueille avec bienveillance les initiatives des restaurateurs : des bons gratuits ou un produit offert pour encourager la vaccination. Le Japon, critiqué par la communauté internationale pour son retard pris dans la vaccination, fait aujourd'hui office de modèle à suivre. En à peine quatre mois, il a rattrapé, puis dépassé les grands pays, qui avaient pourtant commencé leur campagne vaccinale plusieurs mois avant lui. Au 16 novembre, 76,1% de la population est entièrement vaccinée, et 79 % a reçu au moins une dose. 

Toutes ces mesures incitatives semblent porter leurs fruits : les non-vaccinés se ruent vers les centres de vaccination. Certains clament leur bonne foi et invoquent une peur qui les empêchait de se faire vacciner. D'autres parlent de « flicage », de stress accru par toutes ces restrictions qui empêchent les non-vaccinés de vivre. Et la liberté ? Invité dimanche dernier sur le plateau du journal BFMTV, le ministre français de l'Économie Bruno Lemaire y voit plutôt une dérive égoïste et reprend la célèbre citation : « ma liberté s'arrête là où commence celle de l'autre. » Et le ministre d'en appeler, comme ses homologues allemands, à la responsabilité de tous pour, enfin, vaincre la Covid-19.