La xénophobie à l'étranger: le revers de la médaille

Vie pratique
Publié le 2019-10-10 à 11:12 par Magdalena Grdanoska
Si l'expatriation est, en effet, une aventure qui mérite d'être vécue… il y a aussi le revers de la médaille. Les expatriations ne se passent pas toujours comme on l'anticipe. Le blues de l'expatrié, une intégration pas réussie ou encore… la xénophobie.

Le “global village”, tel que prédit par le philosophe Marshal McLuhan, se met lentement mais sûrement en place, aujourd'hui plus que jamais. Partout à travers le monde, les grandes métropoles, les pays, les entreprises revendiquent leur “multiculturalité” et leur “diversité”. Mais, la “peur de l'autre” ne s'est pas effacé pour autant. La xénophobie et le racisme sont toujours bien présents. Le mot xénophobie vient des mots grecs xeno et phobia et signifie la peur de ceux qui sont étrangers. C'est une notion de non-acceptation de l'autre sur la base de différences visibles (dans ce cas, il s'agit de racisme) ou peut être simplement due à l'appartenance à un groupe différent. La xénophobie, le racisme et le nationalisme ont conduit à des crimes monstrueux contre l'humanité mais leur présence se manifeste aussi dans la vie de tous les jours, dans des façons plus subtiles.

Malheureusement, les expatriés, en tant qu'individus ayant tout laissé pour s'installer dans un pays autre que leur pays d'origine, seraient les premiers à ressentir cette intolérance de l'autre. Ces derniers se distinguent de par leur citoyenneté, leur façon de faire ou davantage par des traits plus physiques comme la couleur de la peau.

Nikhil est un ingénieur en logiciel âgé de 31 ans originaire de Bangalore, en Inde. Ce dernier a vécu au Brésil et en Italie et travaille actuellement pour une grande multinationale en Allemagne et il a été contraint de changer de pays à cause de la persécution dont il était l'objet en raison de la couleur de sa peau. Il aime vivre en Europe bien qu'il pense que tout le continent peut parfois faire preuve d'un manque de tolérance. Il se souvient de l'époque où il se faisait interpellé en Italie. « Une fois, je marchais dans la rue à Milan et deux gars ont commencé à crier ‘boum, boum' impliquant que j'étais un terroriste.» Il se souvient en particulier d'une célébration du Nouvel An à Rome qui avait très mal tourné: « Les commentaires racistes à l'encontre de mon ami et de moi-même, nous ne pouvions plus les supporter! Tout s'est terminé par une bagarre et un réveillon à l'hôpital. » Ironie du sort, aucun médecin n'a voulu nous soigner. J'ai payé des impôts et ai travaillé honnêtement dans ce pays, donc je ne vois aucune raison d'être traité comme un fardeau ou une menace.» Déménager en Allemagne semblait, donc, plus facile. « Les gens ont tendance à être plus gentils. Cependant la discrimination reste. On vérifie trop souvent mes documents, et il en va de même pour mes amis indiens ici.»

Mais la xénophobie ne vise pas toujours les personnes ayant une couleur de peau différente. Souvent, elle prend la forme de nationalisme- soit une forme d'intolérance à l'encontre de personnes ayant une nationalité différente. Filip a 25 ans et vient du nord de la Macédoine. Filip est un expatrié en série et vit depuis quelques années dans le royaume de Bahreïn, un pays insulaire du golfe Persique. Il a passé un bon moment là-bas, dit-il, mais il s'est parfois senti jugé en raison de son origine. « J'ai souvent ressenti que peut-être l'on ne m'offrait pas un poste pour lequel j'étais qualifié à Bahreïn, simplement parce que je suis macédonien. » Mais Filip a rencontré son épouse à Bahreïn et a fini par y rester. Aujourd'hui, il croit que ce mariage interculturel l'a néanmoins aidé à surmonter les difficultés et vit maintenant heureux avec son épouse, affirmant que ce partage de culture apporte encore plus de joie et d'amour à leur famille.

Beata est une écrivaine française âgée de 40 ans. D'origine rwandaise, elle a déménagé en France quand elle était petite et y vit depuis. Résidant actuellement à Bordeaux, elle travaille pour un magazine français mais est également à la tête d'un programme de prévention du suicide. Aujourd'hui, Baeta ne voit plus trop le racisme, mais ça n'a pas toujours été le cas. « J'ai été victime de discrimination lorsque, étudiante, je cherchais un appartement à louer. Comme j'ai un accent français, j'obtenais facilement des réponses positives au téléphone, mais une fois que je rencontrais le propriétaire, l'approche était complètement différente. » Malgré tout, Beata a fondé sa famille et vit actuellement à Bordeaux, prêchant le respect de l'autrui et la compréhension.