
Les congés de maladie, ce n'est pas qu'un alinéa dans un contrat de travail. Cela reflète aussi certaines habitudes culturelles. On découvre alors que, dans certains pays, il n'est pas forcément bien considéré de prendre des congés de maladie, tandis que d'autres n'exigent pas le moindre certificat médical pour les premiers jours d'absence. Comment se repérer dans ces différents dispositifs ?
La perception culturelle des congés de maladie
Ces exemples sont bien connus, mais n'en sont pas moins vrais. Au Japon, l'engagement dans le travail reste une valeur inconditionnelle. On sait à quel point il n'est pas bien perçu de quitter le bureau trop tôt ou avant son chef, même si vous avez terminé les principales tâches de la journée. La culture du « ganbaru » (endurer les difficultés) rend donc beaucoup de travailleurs japonais réticents à prendre un congé de maladie, à moins d'en être vraiment dans l'obligation.
De même pour les États-Unis. Un article du quotidien Le Monde pose la question de savoir si le concept de congé de maladie ne risque pas de devenir obsolète dans le pays. « L'exemple » vient du haut : le quotidien rappelle comment des hommes et des femmes politiques, tels que Hillary Clinton, souffrant d'une pneumonie lors de l'événement relaté, s'efforcent de remplir leurs obligations professionnelles en dépit de leur santé.
Il faut dire que le télétravail aujourd'hui influe quelque peu sur la prise de congés de maladie. Malades, beaucoup préfèrent tenter de travailler de chez eux plutôt que de prendre formellement des jours de congé de maladie.
En Allemagne, au contraire, les congés de maladie pleuvent. Les statistiques officielles rapportent que les Allemands sont de plus en plus souvent malades, et s'arrêtent de plus en plus longtemps lorsqu'ils le sont : entre 2021 et 2023, ce sont en moyenne quatre jours de congés de maladie en plus qui ont été pris (soit 15,1 jours contre 11,1). Pour l'année 2024, la tendance n'est pas non plus à la baisse, avec un nouveau pic avant même l'arrivée de l'hiver.
Qu'est-ce qui relève de la perception culturelle ? Qu'est-ce qui tient aux mesures légales ? Il s'agit probablement d'un mélange des deux, les mesures de l'assurance maladie étant en partie le reflet de la culture locale considérant plus ou moins positivement la prise de congés pour maladie.
Existe-t-il des pays où il n'y a pas formellement de congés de maladie payés ?
Oui. Dans certains pays, les congés de maladie ne sont tout simplement pas payés.
Aux États-Unis, par exemple, il n'existe pas de loi fédérale réglementant un quelconque congé de maladie rémunéré. Il appartient donc aux États, aux municipalités et aux employeurs de définir leurs propres politiques en la matière. Au total, seuls 14 des 50 États américains ont mis en place des mesures de paiement des jours d'arrêt maladie.
Dans bien d'autres pays comme l'Inde, les Philippines, le Kenya, il faudra aussi voir au cas par cas avec son employeur. D'une manière générale, les politiques peuvent varier considérablement entre les emplois du secteur public et privé, le secteur public proposant plus volontiers des congés de maladie payés. L'attribution peut aussi dépendre du domaine dans lequel vous travaillez, de la taille de l'entreprise ou encore de votre niveau de revenus.
De combien de jours de congés de maladie peut-on bénéficier ?
On l'aura compris, la réponse est très variable en fonction des pays.
Pour bénéficier de jours de congés de maladie payés, il y a d'abord des conditions à satisfaire telles que le fait de travailler depuis un certain temps dans une entreprise donnée. De manière générale, le nombre de jours de congés de maladie payés augmente avec la durée de votre activité professionnelle dans l'entreprise, avec toutefois un nombre maximum de jours dont on peut disposer.
À titre d'exemple :
En Islande, la législation stipule que pour chaque mois travaillé, un salarié a droit à deux jours de congé de maladie payés. C'est le même nombre qu'en France (et 2,5 jours en cas de maladie professionnelle).
En Allemagne, on prend la base de plusieurs semaines : votre employeur est tenu de vous verser votre salaire – durant un arrêt maladie pendant les six premières semaines. Ensuite, si vous êtes toujours dans l'incapacité de travailler, vous toucherez des indemnisations par votre caisse d'assurance maladie allemande.
En Irlande, une mesure récente fixe le nombre de jours de congés payés à 5 jours par an. Il s'agit d'une progression par rapport à 2023 où le nombre de jours s'élevait seulement à 3 par an. Il faut au préalable avoir été employé au minimum pendant 13 semaines avant le début de votre congé maladie.
Au Canada, les travailleurs sous réglementation fédérale disposent maintenant de 10 jours par année ( trois premiers jours de congé après 30 jours de travail sans interruption, puis un jour de congé de maladie accumulé par mois).
Du côté de l'île Maurice, ce seront 15 jours de congés de maladie payés qui seront accordés pour l'année. Il faut, pour en bénéficier, avoir travaillé une année complète ou bien six mois, s'il n'y a pas eu d'autre absence dans ce laps de temps.
Reçoit-on la totalité de son salaire pendant un congé de maladie ?
Cela dépend de la législation du pays et des conventions qui existent au sein de l'entreprise concernée. D'autres critères comme votre ancienneté jouent aussi un rôle.
Après une période où l'on peut toucher – dans certains cas – l'intégralité de son salaire, on perçoit en moyenne entre 50 et 80 % de son salaire pendant une période déterminée.
En Allemagne, comme évoqué précédemment, vous toucherez la totalité de votre salaire pendant six semaines. Les indemnités seront ensuite calculées en fonction de vos revenus. Vous toucherez environ 70 % du montant brut de votre salaire.
En France, les employés perçoivent des indemnités journalières équivalant à 50-60 % de leur salaire (avec un plafond). Ils peuvent aussi bénéficier, sous certaines conditions, d'un complément de rémunération grâce notamment à des conventions collectives dans l'entreprise.
En Suède, l'indemnisation s'élève à environ 80 % du salaire, tandis que le pourcentage sera de 70 % en Irlande (avec un plafond de 110 euros par jour).
Au Canada, les employés peuvent bénéficier des prestations de maladie de l'assurance-emploi, qui couvrent jusqu'à 55 % de leur salaire moyen. Le pourcentage varie cependant selon les provinces.
Qui prend en charge le coût des congés de maladie ?
L'indemnisation des congés de maladie est généralement une responsabilité partagée entre l'employeur et le système public d'assurance maladie ou la sécurité sociale.
Comme en Allemagne, l'employeur peut prendre en charge l'intégralité du salaire pendant une certaine période initiale (durée très variable en fonction des pays). Après cette période initiale, les systèmes d'assurance maladie ou de sécurité sociale versent au salarié une indemnisation.
En Suède, par exemple, l'Agence d'assurance sociale financée par le gouvernement prend en charge les indemnités de maladie après les deux premières semaines d'arrêt.
Les certificats médicaux sont-ils obligatoires ?
Dans certains pays, le certificat médical est obligatoire dès le premier jour d'arrêt. C'est le cas, par exemple, en Irlande et au Portugal (pour le secteur public). Mais l'obligation peut être appliquée plus ou moins souplement en fonction des secteurs et des entreprises.
Dans de nombreux autres pays, prévaut la règle des trois jours : vous pouvez effectuer une auto-déclaration et ne présenter un certificat médical qu'au-delà de ces trois premiers jours d'absence. C'est le cas, par exemple, au Luxembourg, en Suisse, en Finlande ainsi qu'en Allemagne.
En Suède, il est même possible d'attendre jusqu'à 7 jours avant de fournir un certificat médical à son employeur.
Attention, dans tous les cas, il est tout de même nécessaire d'avertir son employeur dès le premier jour de son incapacité à travailler.