Ce qui change en Chine avec la crise de COVID-19

jeune homme portant un masque
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Actualisé 2020-09-09 08:52

La Chine ayant rouvert ses frontières aux ressortissants d'une cinquantaine de pays, il est désormais possible d'y voyager pour des raisons essentielles comme le travail, les affaires ou la reunification familiale. Il y a toutefois une série de conditions à remplir pour y être admissible. Cet article vous dit tout sur les changements auxquels vous devriez vous attendre si vous comptez vous expatrier en Chine après la crise de COVID-19, notamment en termes de formalités d'entrée et de visas, d'emploi, d'immobilier, de mode de vie, entre autres.

Quelles sont les conditions actuelles et les formalités pour entrer en Chine ?

Le 27 août 2020, la Chine a annoncé la réouverture de ses frontières aux ressortissants de 36 pays européennes, notamment l'Albanie, l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, Bosnie-Herzégovine, la Bulgarie, Chypre, la Croatie, le Danemark, l'Espagne, l'Estonie, la Finlande, la France, la Grèce, la Hongrie, l'Irlande, l'Islande, l'Italie, la Lettonie, la Lituanie, le Luxembourg, la Macédoine du Nord, Malte, le Monténégro, la Norvège, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la République tchèque, la Roumanie, le Royaume-Uni, la Serbie, la Slovaquie, la Slovénie, la Suisse et la Suède ainsi que 13 pays asiatiques, à savoir, la Birmanie, Brunei, le Cambodge, la Corée du Sud, l'Indonésie, le Japon, le Laos, la Malaisie, la République démocratique du Timor-Leste, Singapour, le Sri Lanka, la Thaïlande et le Vietnam. Aussi, depuis le 3 septembre dernier, les vols directs avec le Cambodge, le Canada, le Danemark, la Grèce, le Pakistan, la Suède et la Thaïlande ont repris. Ainsi, les ressortissants de ces pays, qui sont détenteurs d'un permis de résidence valide, qu'il s'agisse d'un permis de travail ou de réunification familiale, peuvent à nouveau demander un visa auprès die l'ambassade ou du consulat chinois dans leur pays d'origine. Sachez que la demande est gratuite. Aussi, les ressortissants de certains pays sont tenus de produire un certificat de négativité à la COVID-19 obtenu dans les 5 jours précédant leur départ de leur pays d'origine. Retrouvez plus d'informations sur le site du ministère des Affaires étrangères. Les ambassades chinoises à l'étranger scruteront les résultats afin de déterminer votre capacité à voyager. A l'arrivée en Chine, vous serez placé en quarantaine pour une durée de 14 jours, soit à votre domicile ou dans un endroit désigné par les autorités chinoises mais à vos propres frais. A savoir que les conditions entourant la quarantaine et la durée peuvent varier d'une province à l'autre. Vous devrez également vous soumettre à un autre test de dépistage durant la quarantaine. Si votre test s'avère positif sur place, vous, ainsi que les membres de votre famille, seront placés en quarantaine dans un hôpital public. Gardez en tête que vous n'êtes pas autorisé à sortir pendant la période de quarantaine. Tout refus de se plier à ces règlements peut entraîner une peine d'emprisonnement ne dépassant pas 3 ans. Sachez toutefois que la Chine a signé un accord avec certains pays, y compris l'Allemagne, la France, la Corée du Sud, le Royaume-Uni, le Japon et Singapour, pour que leurs ressortissants soient dispensés de l'obligation de quarantaine à l'arrivée. A titre d'exemple, ces voyageurs, des professionnels étrangers pour la plupart, sont autorisés à commencer à travailler dans les 48 heures suivant leur arrivée à condition d'avoir été testés négatifs à la COVID-19. Vous en saurez plus sur le site de l'ambassade de Chine dans votre pays d'origine et celui du ministère des Affaires étrangères.

Y a-t-il eu des changements relatifs aux visas récemment ?

Depuis plusieurs semaines, les ambassades de Chine en Europe font état d'un visa gratuit à l'intention des ressortissants européens détenteurs d'un permis de séjour en cours de validité. Comme indiqué plus haut, la France, l'Espagne, l'Allemagne, la Suisse, ainsi que l'Italie et le Royaume-Uni font partie de ces pays. Qui plus est, ces derniers n'ont pas à fournir une lettre d'invitation pour obtenir un visa pour la Chine. Les ressortissants de certains pays, comme le Royaume-Uni, sont également tenus de fournir une déclaration de santé à l'ambassade chinoise dans leur pays d'origine avant leur départ. Depuis le 22 août 2020, les ressortissants de certains pays d'Asie, comme la Thaïlande, sont également autorisés à entrer en Chine pour des raisons économiques, commerciales, scientifiques et technologiques, culturelles, éducationnelles et sportives, à condition d'être en possession d'une lettre d'invitation ou d'une confirmation de cette lettre, ou s'ils sont détenteurs d'un permis de résidence valide accompagné d'un certificat d'embauche émis par leur employeur. Pour plus d'informations, veuillez vous adresser à l'ambassade de Chine dans votre pays d'origine.

Sera-t-il difficile de trouver un emploi en Chine après la crise ?

L'une des destinations préférées des professionnels étrangers, la Chine a été frappée de plein fouet par la crise de COVID-19. Et même si la situation commence à se rétablir petit à petit, il est peu probable que vous arriviez à y trouver un emploi en tant qu'expatrié après la crise. En effet, l'impact de la pandémie sur le marché du travail chinois est non négligeable, comme en témoignage le taux de chômage qui tourne aujourd'hui autour des 5,7%, avec plus de 80 millions de postes affectés dans le secteur des services et quelque 20 millions dans le secteur manufacturier. L'hôtellerie et la restauration, ainsi que la vente au détail, sont d'autres secteurs qui ont été fortement impactés par la crise. D'autre part, quelque 30 millions de petites et moyennes entreprises et 70 millions d'entrepreneurs craignent pour leur survie après la crise, selon une étude réalisée par l'université Renmin. Rappelons que le marché du travail chinois comprend pas moins de 290 millions de travailleurs étrangers dont les postes sont à risques, sans compter 8,7 millions de nouveaux diplômés chinois cette année. Il n'empêche qu'une légère amélioration a été notée par rapport au mois de février où le taux de chômage avait atteint les 6,2%. Grâce à sa nouvelle stratégie en matière de recrutement urbain, le gouvernement s'attend à ce que le taux de chômage ne dépasse pas la barre des 6,0% d'ici la fin de l'année. En effet, de nombreux secteurs, y compris la restauration, le tourisme, l'alimentation, ainsi que l'enseignement, sont en train de reprendre des couleurs depuis la levée des restrictions et la réouverture des frontières. En ce qu'ils s'agit des secteurs qui sont en plein essor depuis le début de la crise, ils comprennent la santé et les équipements médicaux, ainsi que l'industrie du jeu, en raison d'une forte croissance de la demande durant les derniers mois, et les différentes activités liées à la technologie. Il est d'ailleurs intéressant de noter que 60% des nouveaux postes crées en Chine pendant la pandémie sont liés à internet grâce à la proportion qu'a pris le travail à distance. D'autre part, certaines grandes entreprises sont en train de redoubler d'efforts en matière de recrutement de jeunes diplômés chinois au cours des prochains mois afin de réduire le taux de chômage des jeunes qui avait atteint 19,3% en juin 2020. Le gouvernement est également en train d'envoyer des jeunes diplômés chinois en mission humanitaire dans les régions retirées et sous-développées de la Chine. En effet, 5 000 postes additionnels sont disponibles cette année.

Comment le système de santé chinois a-t-il réagi face à la crise ?

Malgré ses nombreuses lacunes, le système de santé chinois n'a pas tardé à réagir face à la crise de COVID-19. Hormis les mesures de confinement mises en place dans de nombreuses provinces afin de contenir la propagation du coronavirus, le gouvernement chinois a investi massivement dans le secteur de la santé. A titre d'exemple, un hôpital d'une capacité de 1 000 lits a été construit en 10 jours seulement ! Il faut reconnaître que le système de santé a eu du mal à répondre à la demande croissante au début de la pandémie, principalement en raison de sa faible capacité et de la pénurie de main-d'œuvre dans le domaine. En effet, le pays compte 1,8 médecin pour chaque 1 000 patients, ce qui est largement inférieur à la capacité de nombreux pays comme le Royaume-Uni, les États-Unis, ou encore le Japon et Singapour. L'absence de centres de santé communautaires dans différentes régions a également conduit à la prise d'assaut des hôpitaux publics par les patients souffrant de symptômes similaires à ceux de la COVID-19. Fort heureusement, la télémédecine a pris de l'ampleur en Chine durant les derniers mois. D'ailleurs, la Chine abrite plus d'un millier de sociétés spécialisées en télémédecine, ce qui facilite non seulement la prise de rendez-vous et les consultations médicales en ligne mais aussi les prescriptions médicales à distance. D'autre part, les soins de santé sont majoritairement pris en charge par le ministère de la santé tandis que les patients contribuent à hauteur de 32%. Autre fait notable : la Chine a mis en place un système de code à couleur pour mieux contrôler la COVID-19. Grâce à la contribution des géants de la technologie, ce système a été intégré aux applications de messagerie mobile et de paiement. Après avoir entré leurs informations telles que leur numéro de carte d'identité, leur adresse, leur état de santé et leur historique de résidence, les utilisateurs reçoivent un code couleur qui leur permet de circuler dans les espaces publics. Le code vert permet aux citoyens de circuler librement tandis que les codes jaunes et rouge leur indiquent l'obligation de quarantaine pour une durée de 7 ou 14 jours à leur domicile ou dans un établissement désigné par le gouvernement.

Qu'est-ce qui a changé par rapport aux écoles et aux universités ?

L'enseignement à distance a pris une ampleur surprenante en Chine dès février 2020 alors que la pandémie faisait des ravages dans le pays. Plus de 200 millions d'étudiants de tous les niveaux se sont retrouvés confinés chez eux pendant plusieurs mois. La réouverture des écoles a ainsi eu lieu de manière progressive dans les différentes provinces chinoises tandis que dans certaines régions elles n'ont jamais véritablement fermé. Aujourd'hui encore, l'entrée à l'école est précédée d'une prise de température. Les étudiants sont tenus de porter un masque, de se désinfecter les mains régulièrement avec un produit à base d'alcool à au moins 70% et de respecter la règle de distanciation sociale. D'ailleurs, des partitions en plastique ou en fibre ont été installées entre les tables. Dans les salles de classe, les étudiants s'installent en rangées simples et les facilités telles que la salle d'informatique et la bibliothèque ne sont accessibles qu'en petits groupes. Qui plus est, les cafeterias étant fermées, les étudiants sont tenus d'apporter leurs propres repas. En ce qu'il s'agit de l'enseignement supérieur en Chine, la réouverture des universités s'est faite progressivement au niveau des différentes provinces depuis le 8 juin 2020, la priorité ayant été accordée à ceux qui devaient prendre part aux examens et ceux qui se sont inscrits en première année. Il n'empêche que des milliers d'étudiants étrangers sont toujours contraints d'étudier à distance jusqu'à nouvel ordre.

Comment se porte actuellement le marché immobilier ?

Le marché immobilier chinois n'a pas été épargné par la crise de COVID-19, particulièrement entre février et avril 2020, ce qui a résulté en une forte baisse de la demande. La situation commence toutefois à s'améliorer, comme en témoigne la hausse du nombre de transactions immobilières durant les derniers mois, en particulier depuis mai, selon une étude réalisée par le groupe Centaline. La plupart des ventes immobilières ont été effectuées dans les principales villes chinoises, notamment Beijing, Shenzhen et Guangzhou. Cependant, aucun changement majeur n'a été noté par rapport à la même période en 2019. Aujourd'hui, un bien immobilier neuf en Chine se vend à 15 461 yuan, soit 2 262 $US le mètre carré, ce qui représente une hausse d'environ 0,53% par mois. En ce qu'il s'agit des ventes immobilières d'occasion, les prix tournent autour de 2 238 $US le mètre carré, ce qui correspond à une hausse de 0,30% en moyenne par an. Les professionnels de l'immobilier s'attendent d'ailleurs à une augmentation encore plus significative d'ici la fin de l'année. Alors si vous souhaitez acheter un bien immobilier en Chine après la crise, il vaudrait mieux, peut-être, attendre encore un peu.

La crise a-t-elle eu un impact sur le coût de la vie en Chine ?

Selon le bureau national des statistiques, les prix des denrées alimentaires en Chine ont connu une hausse de 11,1% par rapport à la même période en 2019. En effet, depuis le début de la crise, les prix continuent à grimper graduellement, en particulier ceux des produits et aliments locaux. Selon les autorités, cette hausse serait due à une demande supérieure à l'offre, d'autant que la population prépare davantage de repas à la maison depuis le confinement plutôt que commander des plats ou sortir manger au restaurant. Les récentes inondations dans différentes régions de Chine n'ont fait qu'empirer la situation, ce qui laisse supposer que les prix de certains produits locaux pourraient augmenter davantage au cours des prochains mois.

Qu'en est-il du mode de vie ? Qu'est-ce qui a changé depuis le début de la crise ?

Depuis le déconfinement en Chine, la vie semble avoir repris son cours. Il n'empêche que les Chinois prennent les consignes de sécurité très au sérieux. D'ailleurs, toute personne qui enfreint les règlements mis en place par le gouvernement risque une amende. Sachez, par exemple, qu'il est interdit de cracher en public. Le port du masque et la désinfection régulière des mains font aujourd'hui une partie intégrante du mode de vie des Chinois. Aussi, ces derniers sortent moins au restaurant et préfèrent donc les repas préparés à la maison afin de minimiser les risques de contagion. La distanciation sociale est respectée dans la mesure du possible, et les rassemblements publics sont interdits. Dans un pays rythmé par de nombreux festivals et évènements toute l'année, les choses semblent tourner au ralenti. Il n'empêche que les familles se retrouvent bien souvent dans les parcs et jardins plutôt que dans des endroits clos. Des prises de température sont effectuées presque partout : dans les commerces et bâtiments, les centres commerciaux, aux aéroports et aux gares, de même que dans les transports publics. Il est d'ailleurs interdit de consommer de la nourriture dans le transport public. Le train de vie varie toutefois d'une ville à l'autre, Shanghai étant la ville la plus animée de tout le pays. Les restaurants, les bars et les boites de nuit commencent à se remplir et les gens retrouvent petit à petit leurs bonnes vieilles habitudes. Cependant, un nouveau règlement a été mis en place pour que les gens utilisent leurs propres couverts lorsqu'ils partagent un repas.

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