Jeunes talents : pourquoi partir à l'étranger est plus pertinent que jamais ?

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Publié le 2023-05-15 à 10:00 par Asaël Häzaq
Les jeunes talents rêvent de partir à l'étranger. C'était vrai il y a 10 ans. Ça l'est encore plus aujourd'hui. Preuve avec le succès des nomades digitaux et des télétravailleurs internationaux, figures d'une nouvelle forme d'organisation du travail, d'un nouveau rapport au travail. Que recherchent les talents qui partent vivre à l'étranger ? Leurs attentes et besoins sont-ils les mêmes que par le passé ?

Des jeunes talents en position de force

Les États rivalisent d'ingéniosité pour les talents étrangers, avec des réformes de l'immigration, de nouvelles politiques de visas, des assouplissements dans les procédures d'immigration… Les candidats à l'expatriation l'ont bien compris. Pour eux, tous les voyants sont au vert. Ils sont en position de force pour négocier de meilleures conditions d'embauche. Ils savent aussi qu'ils représentent, pour les États, bien plus qu'une simple main-d'œuvre. Car toutes les puissances en manque de talents sont aussi frappées par une grave crise démographique. Dans certains États, comme en Finlande, en Italie, en Corée du Sud ou au Japon, la situation est plus que critique.

Bien entendu, l'aspect démographique n'est pas la motivation des travailleurs internationaux. C'est pour les États qu'elle est capitale. C'est aussi en pensant à la démographie qu'ils élaborent leurs stratégies pour attirer et surtout retenir les jeunes talents étrangers, comme la Finlande qui déroule le tapis rouge pour capter les professionnels qualifiés. Les États cherchent justement de jeunes actifs diplômés. Les jeunes talents cochent toutes les cases, et ils le savent. Les tensions économiques et démographiques sont autant de nouvelles opportunités à saisir pour les professionnels étrangers. On parle surtout ici des plus hauts diplômés. On peut néanmoins constater un ruissellement positif concernant les métiers nécessitant des compétences techniques, spécifiques.

Des opportunités professionnelles à l'étranger toujours plus grandes

États-Unis, Canada, Australie, Allemagne, Japon, Chine, Singapour, Nouvelle-Zélande, Hong Kong, Royaume-Uni, Finlande, Afrique du Sud, Suède… La liste des États recherchant des talents internationaux est longue. Les secteurs d'embauche le sont tout autant. Les pénuries sont encore d'actualité. Les métiers innovants, eux, ont le vent en poupe. Les métiers dits « intermédiaires » aussi (métiers techniques, nécessitant une formation courte). Pour les talents étrangers, c'est l'occasion d'entreprendre une carrière à l'étranger. Les jeunes sont toujours autant attirés par l'extérieur. La mobilité étudiante internationale a repris dès les premières ouvertures des frontières. Les projets d'expatriation aussi. La pénurie de main-d'œuvre représente, pour les candidats à l'expatriation, autant de nouvelles opportunités professionnelles. Les tensions sur le marché du travail contribuent à augmenter les salaires. Les jeunes talents partent justement là où ils auront le meilleur salaire, mais pas que. Ils recherchent également des perspectives de carrière, une évolution professionnelle, une reconnaissance de leur travail, de leur valeur. Certains États sont connus pour donner davantage leur chance aux jeunes talents. À l'étranger, ils peuvent gravir les échelons plus facilement que dans leur pays d'origine. Une reconnaissance qui motive à s'expatrier.

Partir travailler à l'étranger pour relever de nouveaux défis

À l'heure de la compétitivité à l'internationale, partir à l'étranger permet d'enrichir le CV. C'était vrai hier. Ça l'est encore plus aujourd'hui. Maîtriser deux langues et plus montre une faculté d'adaptation et d'apprentissage, une connaissance des différentes cultures, une autonomie… Autant de soft skills fortement appréciés sur le marché du travail international. L'esprit start-up est aussi passé par là. Les entreprises innovantes recherchent des personnalités, un vécu, un caractère. Si l'expérience professionnelle n'est pas forcément là, elle est comblée par la vivacité d'esprit, le goût pour le challenge et la prise de risque, les compétences techniques, la motivation. Ça aussi, les jeunes talents l'ont bien compris. Partir à l'étranger est autant un pari sur l'avenir qu'un challenge personnel. Les jeunes talents ont l'avantage d'avoir moins d'attaches que les générations précédentes. Ils sont plus mobiles, ont peut-être déjà voyagé ou effectué des études à l'étranger. Un profil international là encore recherché par les entreprises.

Découvrir une nouvelle manière de travailler et de vivre

L'inconnu a toujours attiré et continue d'attirer. Les rêves de vie à l'étranger sont toujours aussi présents chez les jeunes, peut-être encore plus chez ceux ayant fait de longues études ou travaillant dans des secteurs qui recrutent à l'international. Le même métier dans son pays n'est pas exercé de la même manière à l'autre bout du monde. Travailler à l'étranger n'implique pas simplement des changements dans la sphère professionnelle, mais dans tous les autres domaines de la vie. C'est justement ce que recherchent les candidats à l'expatriation. Ils peuvent opter pour un pays proche du leur, ou tenter l'aventure à des milliers de kilomètres de chez eux. Ils recherchent, non seulement un cadre idéal de travail, mais aussi un cadre idéal de vie, avec, par exemple, une place importante laissée à la nature, des infrastructures modernes et une accessibilité pour tous.

Les jeunes talents observent aussi là où ils ont le plus de chances de parfaire leurs connaissances dans leur domaine et d'évoluer professionnellement. Par exemple, le Japon est le leader mondial de la robotique. Air Liquide, groupe industriel français, est un poids lourd mondial des gaz pour l'industrie et la santé. On ne présente plus la Silicon Valley, qui souffle le chaud et le froid sur la Tech. Mais la Silicon Valley n'est plus seulement en Californie. Le Canada, la France, Israël ou l'Australie revendiquent eux aussi un espace à la pointe des nouvelles technologies, pensées pour accueillir les talents internationaux. Et ça marche. L'émulation créée par la mobilité internationale encourage d'autres talents à sauter le pas.

Jeunes talents à l'étranger : comment c'était il y a 10 ans ?

Il y a 10 ans, le monde était aussi en crise. Les États subissaient encore les effets de la crise des subprimes. Survenue aux États-Unis en 2008, elle se propage dans le reste du monde et mue en crise financière et en chômage de masse. Les jeunes diplômés s'inquiètent pour la valeur de leur diplôme. Une inquiétude d'autant plus grande qu'ils sont concurrencés par les nouveaux venus sur le marché du travail. Un marché que l'on dit essoufflé, déséquilibré, et fortement inégal, avec une partie des offres qui ne sont disponibles que par réseautage. C'est encore vrai aujourd'hui.

Voit-on une différence entre les motivations des jeunes talents partis il y a 10 ans et ceux d'aujourd'hui ? Pas vraiment. La course aux opportunités professionnelles figure toujours parmi les premières motivations des candidats au départ. La perspective d'avoir un meilleur salaire et une meilleure qualité de vie figure également parmi les critères retenus par les candidats à l'expatriation d'hier et d'aujourd'hui. Les jeunes qui partent aspirent toujours à mieux et à plus : un meilleur cadre de vie, une meilleure balance vie professionnelle / vie privée, un meilleur salaire, de meilleures perspectives de carrière, une possibilité d'enrichir le CV, de construire et nourrir son réseau professionnel.

Quand partir est une quête de sens

On peut néanmoins noter une légère différence entre les motivations des jeunes talents d'hier et ceux d'aujourd'hui. La quête de sens semble plus grande chez les candidats à l'expatriation d'aujourd'hui. Est-ce un effet de la Covid ? Les confinements ont créé des traumatismes encore difficiles à mesurer. Ce « blocage mondial », inédit, a résonné et continue de résonner dans les consciences. Chez beaucoup, il s'est traduit par une soif nouvelle de liberté et de temps pour soi, un rééquilibrage nécessaire entre travail et vie privée. Contrairement aux générations précédentes, les jeunes talents ne veulent plus sacrifier leur vie au travail. Le travail ne constitue plus le but ultime de la vie. Il est davantage un moyen de réaliser sa vie. Il est aussi un moyen de se sentir utile, de s'investir autrement à l'étranger.

Les candidats à l'expatriation laissent plus de place au métier passion et aux coups de cœur. Leur travail doit avoir un sens bien plus grand qu'offrir un salaire. L'émergence de la conscience écologique et l'urgence climatique rendent les jeunes qualifiés davantage conscients de leur rôle et de leur impact sur leur environnement. Pour eux, le travail doit avoir une dimension sociale, écologique ; l'économique ne peut se dissocier de l'écologique. Partir à l'étranger devient alors une nouvelle quête de sens et de soi. Les talents internationaux veulent vivre dans un État plus en phase avec leurs valeurs, une entreprise en adéquation avec leurs principes. Pourquoi travailler ? Pour qui travailler ? Comment travailler ? C'est avec ces questions en tête que les jeunes talents partent à l'étranger. Le monde est pour eux la nouvelle frontière.