Expatriés français : une majorité de propriétaires immobiliers

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Publié le 2023-02-27 à 13:00 par Asaël Häzaq
L'investissement dans la pierre reste l'un des placements préférés des expatriés. Les Français de l'étranger ne contredisent pas la règle, bien au contraire. Selon les résultats de la dernière consultation de l'Observatoire de l'expatriation de la Banque Transatlantique, en partenariat avec l'Union des Français de l'étranger (UFE) et l'institut de sondage Opinionway, 64 % des Français expatriés possèdent un bien immobilier dans leur pays d'accueil.

L'immobilier, une valeur refuge pour les Français de l'étranger

Les Français expatriés se plaisent à l'étranger. Ils y font leur vie comme les Français de métropole et d'outre-mer font la leur. Or « faire sa vie » passe très souvent par l'acquisition d'un bien immobilier. Car si les Français partent, c'est pour « des raisons profondes » explique Vincent Joulia, membre du directoire de la Banque Transatlantique. Avec Angélique Devaux, notaire au sein de l'étude Cheuvreux, et Frédéric Micheau, Directeur général d'Opinionway présente, le jeudi 16 février, les résultats de la consultation annuelle auprès des Français de l'étranger ; consultation menée du 6 au 18 janvier 2023, et ayant recueilli près de 5 000 retours.

Travail et amour sont les deux principales raisons qui motivent le départ des Français consultés. Ils sont 34 % à être partis pour saisir une opportunité professionnelle. 29 % ont suivi ou rejoint leur conjoint à l'étranger. 11 % parlent « d'attaches familiales » qui ont motivé le départ. Des raisons profondes, donc, qui expliquent en grande partie la volonté de devenir propriétaire dans le pays d'accueil. Car ces Français immigrent pour une très longue période à l'étranger : 22 ans en moyenne. Un chiffre en hausse de 2 points depuis 2022. 64 % des Français de l'étranger consultés possèdent un bien dans leur pays d'accueil ; pour 60 % d'entre eux, il s'agit de leur résidence principale. 27 % envisagent d'acquérir de devenir propriétaires dans leur pays d'accueil. Vincent Joulia analyse : « La conséquence de cet enracinement local est l'attrait pour l'acquisition de la résidence principale dans leur pays ».

Acheter à l'étranger plutôt qu'en France

Pour ces Français de l'étranger, investir dans le pays d'expatriation est plus avantageux qu'investir en France : 58 % considèrent l'accès à la propriété plus favorable à l'étranger. La fiscalité est le premier problème qu'ils soulèvent. Pour 51 % des répondants, il est plus intéressant fiscalement d'investir dans l'immobilier du pays d'accueil. Une très courte majorité qui peut s'expliquer par les prix de l'immobilier à l'étranger.

Chine, Australie, ou Canada, de nombreux États traversent une crise immobilière. L'Europe est particulièrement touchée, avec une crise qui dure. Espagne, Suède, Portugal, Royaume-Uni, Belgique, Allemagne, France… Pour les économistes, le marché immobilier commence à peine à subir le contrecoup de l'inflation. 46 % des Français de l'étranger consultés estiment que les prix de l'immobilier sont plus élevés à l'étranger. Malgré tout, l'engouement pour la pierre ne faiblit pas. Il est même plus simple, pour le panel interrogé, d'investir à l'étranger plutôt qu'en France. À peine 30 % des Français de l'étranger sont propriétaires en France, contre 57 % des résidents sur le territoire français.

La France n'est pas oubliée pour autant. Les expatriés d'Amérique du Nord (76%), d'Afrique (36%) et d'Asie (43%) sont ceux qui investissent le plus dans l'immobilier français. Même constat concernant les Français de l'étranger de 65 ans et plus (75%), les parents (70%) et les travailleurs des catégories socioprofessionnelles supérieures (35%). Si l'on est loin d'une « fièvre acheteuse », Vincent Joulia confirme : « […] nous avons énormément de sollicitations pour des financements immobiliers en France ; c'est même la première raison pour laquelle un Français expatrié essaie d'entrer en relation avec la banque. » Autre phénomène : « le développement des courtiers en crédit spécialisés sur les expatriés. C'est un phénomène assez frappant depuis quelques années avec le développement de la profession de chasseurs d'appartements. »

Proches de la France, heureux à l'étranger

L'investissement à l'étranger ne détache pas les Français expatriés de leur pays d'origine. 53 % des Français expatriés ont choisi de s'installer dans un pays d'Europe pour rester géographiquement proche de la France. Près de 20 % vivent en Amérique du Nord. 10 % vivent en Afrique, 10 % en Asie.

Quand bien même l'éloignement géographique serait grand, l'attachement à la France reste tout aussi grand. 68% des Français expatriés interrogés disent mieux définir les points forts de la France. Une France sur laquelle « ils portent un regard à la fois sévère et affectueux, critique et qui en même temps est un peu nostalgique », explique Vincent Joulia. Ils aiment la France pour son « art de vivre, sa qualité de vie ». Ils préfèrent l'étranger « pour entreprendre, travailler, investir ». Un plan de vie, donc, malgré les prix élevés de l'immobilier dans les pays étrangers, et des taux d'intérêt qui pèsent plus lourdement sur les finances des expatriés interrogés : 44 % d'entre eux pensent que ces taux d'intérêt élevés rendent plus contraignant l'investissement à l'étranger.

Malgré ces deux écueils, le bénéfice investissement reste en faveur du pays d'expatriation. Près de la moitié des Français de l'étranger interrogés estime qu'acheter un bien immobilier dans le pays d'accueil est plus rentable qu'en France. Cependant, l'attachement à la France demeure pour 48 % des répondants. Les 65 ans et plus sont plus nombreux à vouloir rentrer en France (76%). 61 % des Français expatriés qui pensent à changer de pays (dans un avenir lointain) envisagent un retour en France.

D'où les investissements immobiliers en France réalisés par les Français de l'étranger. Comme les résidents, les Français de l'étranger considèrent l'achat immobilier comme un moyen de préparer sa retraite. La logique est la même pour ceux qui achètent dans leur pays d'accueil.

Quid du retour en France ?

Les Français de l'étranger consultés pour l'étude sont unanimes : leur expatriation est un succès, et ils n'envisagent pas du tout de rentrer en France à court ou moyen terme. 91 % s'estiment satisfaits de leur vie à l'étranger, 41 % s'estiment « très satisfaits ». Ces Français qui s'installent à l'étranger pensent sur le long terme. L'achat immobilier devient alors une preuve matérielle de leur engagement, un capital pour l'avenir, et un moyen de vivre confortablement au quotidien.