Manu: « Tout est accessible à Séoul »

Interviews d'expatriés
Publié le 2014-02-13 à 00:00 par Expat.com team
Né à Lyon, Manu a grandi dans le Beaujolais. Passionné par l'étranger, il vit actuellement dans son 5ème pays d'accueil, la Corée du Sud. Il nous raconte son expérience à Séoul...

Pourquoi as-tu choisi de t'installer à Séoul?

Je n'ai pas vraiment choisi, mais simplement suivi ma compagne allemande, qui a postulé et obtenu un poste de directrice de crèche (kindergarten) au sein de l'école allemande de Séoul. J'ai donc demandé une mise en disponibilité pour suivi de conjoint, à mon ministère de rattachement, l'Éducation Nationale.

Comment s'est passée ton installation?

Par rapport à mes nombreuses expériences passées (c'est le 5ème pays dans lequel je m'installe pour plusieurs années), cela a été l'installation la plus simple que j'ai eu à affronter. D'abord et c'est un cas unique dans mes expériences, notre loyer est pris en charge par l'employeur de ma compagne. Ensuite parce qu'elle-même était venue pour une semaine en avril 2013 et avait donc déjà trouvé un logement auprès d'un agent immobilier très sympa et très efficace. Ce qui fait que 2h après notre arrivée nous étions dans notre appartement meublé, 1h après nous avions rempli le frigo et l'après-midi, nous recevions notre déménagement (100 kg dans 5 caisses).

Quelles ont été les formalités que tu as dû entreprendre pour vivre en Corée du Sud?

Ce qui aurait dû être le plus compliqué, le visa! Car le PACS n'étant pas reconnu, j'aurais dû venir comme touriste, sortir du pays tous les 3 mois afin de renouveler mon visa de tourisme. Mais comme j'ai eu l'immense chance de trouver un travail juste avant d'arriver, j'ai donc reçu une Alien Card pour un an après quelques formalités auprès de mon employeur. Et à partir de là, tout est assez simple: l'ouverture du compte en banque local, abonnement de téléphonie mobile. Cependant, il faut absolument comprendre que tout est lié au numéro de registre figurant sur l'Alien Card.

Comment as-tu procédé pour trouver du travail à Séoul? As-tu des conseils à partager avec les autres membres?

Étant enseignant et ayant travaillé dans des lycées français de l'étranger, mon premier réflexe a été de faire une candidature spontanée auprès du Lycée français de Séoul, qui cherchait plusieurs enseignants. J'ai donc su mi-mai qu'un poste en contrat local m'y attendait. Mais je reconnais volontiers avoir profité d'un grand coup de chance!
Malheureusement, je n'ai pas forcément de conseils à partager: nous bénéficions de plusieurs éléments très favorables qui rendent notre situation plutôt idyllique! Nous nous disons que tous les pays du monde ont des choses à offrir, et nous ne visions pas vraiment la Corée du Sud. Une fois l'offre reçue, nous avons juste essayé de voir si nous pouvions vivre normalement sur un seul salaire et si l'aventure nous tentait. Mais cette configuration spéciale fait que je ne me vois pas donner des conseils à quelqu'un rêvant de s'expatrier en Corée du Sud depuis longtemps. Ou alors juste que le plus important est de trouver un emploi et que cela ne semble pas évident si on ne maîtrise pas la langue à un très bon niveau!

As-tu eu des difficultés d'adaptation (barrière de la langue, coutumes)?

La barrière de la langue est en effet le plus délicat à affronter. Je sais déjà que je ne parlerais pas coréen à la fin de mon séjour ici. Mais le plus fâcheux est que le niveau d'anglais général n'est pas vraiment bon et toute action du quotidien est un challenge : faire ses courses, commander au resto... Mais je suis le fautif, pas les locaux. Alors on se débrouille et on compense!
Concernant les coutumes, avec mes différentes expériences d'expatriation, je sais que c'est à moi de m'adapter, et bien que n'ayant pas beaucoup de qualités, je crois que celle-ci est une des rares à faire partie de mon package!

Qu'est-ce qui t'a le plus surpris à Séoul?

Indéniablement : la densité de population! Tu ne peux pas faire un truc sans être au milieu d'une foule assez dense : que ce soit une balade dans un parc, une rando en montagne, un ciné, une expo, du vélo au bord de la rivière Han ou du shopping! Du monde partout tout le temps!

Les Séouliens sont-ils accueillants?

Globalement oui, mais là encore, la barrière de la langue fait que je passe à côté d'énormément de choses!

Est-il facile de s'intégrer et de faire de nouvelles connaissances?

Comme partout ailleurs, si on a un boulot et des activités en dehors, on multiplie les rencontres! J'ai donc des collègues français qui travaillent avec moi, beaucoup d'anglophones, des collègues allemands de par l'emploi de ma compagne et des collègues de sport de tous horizons de par mes activités sportives! Car d'expérience, je sais que le sport et la musique sont les meilleurs vecteurs d'intégration!

Peux-tu partager avec nous un trait caractéristique de Séoul qui te plaît particulièrement ainsi qu'un aspect négatif?

Un trait caractéristique pour moi, est que tout est accessible à Séoul: un univers urbain et tout ce qui lui y est lié, comme l'accès à la culture, la consommation, mais aussi la possibilité assez rapidement de sortir de la ville et d'avoir accès au grand air, la mer, la montagne, le ski, des sites historiques. Et pour quelqu'un venant d'Afrique, la possibilité de flâner dans les rues de façon quasi anonyme, ce qui n'est pas toujours évident dans la rue africaine.
Autre trait caractéristique ultra-agréable: un taux de délinquance proche de zéro, donc un sentiment (peut-être faux d'ailleurs) d'absence d'insécurité!
Le côté négatif serait la taille de la ville, environ 20 millions d'habitants, qui fait que quoique tu fasses il y a toujours de milliers de personnes autour de toi... Mais on s'y fait à force!

Une idée reçue sur la Corée du Sud qui s'est avérée totalement fausse:

J'avais quelques légers préjugés (la force de l'expérience fait que j'essaie de ne pas en avoir en débarquant dans un nouveau pays). Mais ils ont plutôt été confirmés qu'infirmés : le plus flagrant étant le côté « travailleur » et discipliné de ce peuple : peu de jours de repos, tout est ouvert tout le temps et il n'est pas rare pour les gens de travailler 10-12h par jour, quel que soit le type d'emploi occupé!

Qu'est-ce qui te manque le plus par rapport à la France, ton pays d'origine?

Cela fait longtemps que je ne fais plus qu'y passer un mois et demi par an que rien ne me manque vraiment: je prends ce que mon pays d'origine m'offre pendant que j'y suis l'été mais je profite le plus possible de mon pays d'accueil les 10 autres mois! J'ai trouvé mon équilibre à ce niveau là!

A quoi ressemble ton quotidien à Séoul?

C'est là que les non-expatriés s'étonnent en général : mon quotidien est un quotidien lambda: boulot, trajets, courses, activités. La seule différence est qu'il a lieu, ce quotidien, dans une culture que je ne maîtrise pas, qui n'est pas la mienne, ce qui le rend beaucoup moins... quotidien!

Que fais-tu pendant ton temps libre?

Cette rubrique est en fait très marquée par tout ce que je ne pouvais pas faire (avec plaisir) dans mon pays précédent, le Cameroun : se balader dans la rue, faire du vélo, lire des livres récents... prendre une douche à l'heure que je veux et non à l'heure où il y a l'eau...

Quelles sont les activités les plus populaires à Séoul?

Les Coréens sont extrêmement sportifs et pas mal d'activités sont liées à ce fait : rando, vélo, planche à voile, ski....

Quel est ton plat coréen favori?

Là c'est très facile: je suis fan de Kimbap, l'équivalent du sushi japonais, des rouleaux de riz collé, fourrés de divers aliments et entourés d'une feuille d'algue! En réfléchissant bien, le barbecue coréen est aussi un incontournable même après 6 mois! Mais plus que tout, ce qui me plaît dans la gastronomie locale, c'est avant tout la façon de manger: un ou 2 plats au centre de la table, des dizaines de plats annexes dans lesquels tout le monde pioche en toute convivialité!

Pourquoi as-tu créé ton blog, Séoul que tu vis maintenant?

Pour de multiples raisons: il est la suite logique de celui que je tenais au Cameroun et pour lequel je prenais beaucoup de plaisir. Produire un post par jour m'oblige à être très attentif à tout ce qui m'entoure, du plus futile au plus sérieux, et j'ai donc l'impression de m'imprégner encore plus de mon pays d'accueil. Enfin cela me permet de développer petit à petit mes capacités d'utilisation de l'outil informatique.

Quels conseils peux-tu donner à ceux qui veulent s'installer à Séoul?

Comme je le disais plus haut, je n'ai pas grand-chose à conseiller: ne pas trop se prendre la tête, c'est un pays confortable pour une installation, même si, posséder un bon bagage en coréen pourrait nettement faciliter le tout!

Que t'ont apportées tes nombreuses années d'expatriation?

A garder les yeux ouverts pour sentir un maximum les différences culturelles et éviter de froisser les autochtones avec un comportement inadapté! Et personnellement, des capacités d'adaptation et une ouverture d'esprit que je n'aurais jamais imaginé si j'étais resté au fin fond de ma campagne française!

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