Allemagne : ces secteurs ont besoin de talents étrangers

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Publié le 2022-11-08 à 10:00 par Ameerah Arjanee
Comme de nombreux pays après la pandémie de Covid-19, l'Allemagne fait actuellement face à une pénurie de main-d'œuvre. L'hôtellerie, la construction, l'industrie, les services, les soins de santé, l'ingénierie et les sciences sont autant de secteurs qui ont un grand besoin de main-d'œuvre étrangère. La carte bleue européenne et le visa de demandeur d'emploi sont deux voies d'emploi courantes pour les immigrants qualifiés non européens. En outre, le pays a récemment annoncé l'adoption d'un nouveau visa de travail à points, la Chancenkarte.

La Chancenkarte : c'est quoi ?

En septembre, le gouvernement allemand a annoncé la création d'un nouveau visa pour les futurs expatriés non européens sans offre d'emploi : la Chancenkarte. Il s'agit d'un visa à points inspiré du visa canadien. Il n'a pas encore commencé à accepter les demandes, mais certains détails sont déjà disponibles. Il acceptera les candidats âgés de moins de 35 ans, titulaires d'un diplôme ou d'une qualification professionnelle, ayant 3 ans d'expérience professionnelle et un niveau B1 en allemand.

D'une certaine manière, la Chancenkarte est une version actualisée du Jobseeker Visa. Elle exigera également des demandeurs qu'ils disposent de fonds suffisants pour vivre en Allemagne jusqu'à ce qu'ils puissent trouver un emploi. Toutefois, il ne limitera pas la période de recherche d'emploi à six mois comme l'ancien visa.

Plus de la moitié des entreprises allemandes sont en sous-effectif

Une étude réalisée par l'Association des Chambres de commerce et d'industrie allemandes à la mi-2022 a révélé que 56 % des entreprises allemandes ont des difficultés à embaucher du personnel. En juillet 2022, il y avait 1,7 million de postes vacants dans le pays, et en octobre, ce chiffre était déjà dépassé la barre des 2 millions. Cette situation est le résultat combiné de la Grande Démission, de la reprise économique postpandémique en matière de création d'emplois, et du départ à la retraite ou de la disparition des travailleurs issus de la génération des baby-boomers.

Comme de nombreux pays développés, l'Allemagne a une population vieillissante. Les données réunies par Statista indiquent que le pourcentage d'Allemands âgés de plus de 65 ans atteindra 25 % dans les prochaines années. De plus, comme le rapporte DW News, le pays perd 350 000 travailleurs actifs chaque année simplement parce que les personnes appartenant à la génération des baby-boomers - âgés de 58 à 76 ans - partent à la retraite ou décèdent. Pendant ce temps, le taux de natalité du pays est trop faible pour qu'il y ait suffisamment de jeunes travailleurs intégrant l'économie. En 2022, seuls 10 % des Allemands on entre 15 et 24 ans.

En tant que pays de l'Union européenne, l'Allemagne a toujours bénéficié de la liberté de circulation dans la région. Cependant, comme le souligne le Dr Herbert Brücker, professeur à l'Institut de recherche sur l'emploi, les ressortissants de l'Union européenne sont de moins en moins enclins à s'installer en Allemagne à mesure que les salaires augmentent dans leur propre pays. C'est pourquoi l'Allemagne doit désormais s'efforcer d'attirer des travailleurs hautement qualifiés en dehors de l'Union européenne.

L'Allemagne a besoin d'ouvriers, de techniciens et de professionnels diplômés étrangers

Le pays recherche des immigrants qualifiés appartenant à trois catégories : des ouvriers qualifiés ayant suivi une formation professionnelle de deux ans (Catégorie 1), des techniciens ayant une qualification (Catégorie 2) et des professionnels ayant un diplôme universitaire (Catégorie 3).

Comme indiqué sur le site Web Schengen Visa Info, les travailleurs de la Catégorie 1 sont recherchés dans les domaines des soins aux personnes âgées et de la construction (notamment pour les puits, les canaux, les tunnels et les espaces souterrains), ainsi que pour l'installation et l'entretien des services publics domestiques (assainissement, chauffage, climatisation,) et des circuits électriques. Quant aux techniciens (Catégorie 2), ils comprennent les plombiers, divers thérapeutes (ergothérapeutes, orthophonistes, physiothérapeutes,) ainsi que les conseillers fiscaux. Les diplômés de la Catégorie 3 sont des avocats, des professionnels de l'informatique (par exemple, des développeurs de logiciels) et divers spécialistes médicaux (anesthésistes, internistes, infirmiers, pharmaciens, superviseurs).

Immigrer en Allemagne avec une offre d'emploi en main

Il est bon de savoir quels sont les emplois recherchés en Allemagne, mais comment accéder à ces emplois, surtout en tant que ressortissant d'un pays tiers n'ayant pas la citoyenneté européenne ? Il existe trois voies possibles : une carte bleue européenne, un visa de demandeur d'emploi ou la toute nouvelle Chancenkarte. La première exige une offre d'emploi préalable à l'entrée.

La carte bleue européenne permet aux ressortissants de pays tiers de travailler dans l'Union européenne, y compris en Allemagne, à condition qu'ils soient titulaires d'un diplôme et d'une offre d'emploi d'un an dans un domaine connaissant une pénurie de main-d'œuvre. Cet emploi doit rémunérer le demandeur au moins 56 400 € par an. Si le demandeur est un professionnel des STIM (c'est-à-dire dans les domaines des sciences, de la technologie, de l'ingénierie et des mathématiques), le revenu requis est inférieur : 43 992 euros. Si une entreprise a un besoin urgent d'un certain travailleur expatrié, elle peut solliciter une procédure accélérée auprès de l'Autorité des étrangers. De cette façon, le travailleur peut obtenir sa carte bleue en trois mois.

La carte bleue est valable pendant toute la durée de l'emploi du travailleur, plus trois mois supplémentaires pendant lesquels il peut la renouveler si son contrat est prolongé ou s'il trouve un nouvel emploi. La carte peut durer au maximum 4 ans. Après 3 ans (33 mois, pour être plus précis), le titulaire de la carte bleue peut faire une demande pour un permis de séjour. Pour l'obtenir, il doit prouver qu'il possède un niveau d'allemand intermédiaire, généralement de niveau B1 dans le cadre européen.

Qu'en est-il des ouvriers qualifiés ou des techniciens sans diplôme universitaire ? L'Agence fédérale allemande pour l'emploi peut leur accorder un permis de séjour s'ils ne peuvent obtenir une carte bleue. L'agence vérifiera si leurs diplômes et leur formation professionnelle correspondent à l'offre d'emploi qu'ils ont reçue en Allemagne.

L'employeur potentiel de ces trois types de travailleurs (artisans, techniciens, professionnels diplômés) doit aussi remplir une « déclaration relative à un contrat de travail » pour confirmer qu'il embauchera effectivement cet expatrié. Les expatriés qui souhaitent travailler dans une profession réglementée - comme les soins de santé, le droit et l'enseignement public - doivent également obtenir une autorisation de l'Agence fédérale pour l'emploi. Celle-ci est accordée après que l'autorité allemande compétente, par exemple, le Barreau fédéral allemand (pour les professionnels du droit), a vérifié si leurs qualifications étrangères sont équivalentes à celles requises en Allemagne pour exercer la profession.

Que se passe-t-il si les qualifications ne sont que partiellement équivalentes à celles requises en Allemagne ? Leur demande est-elle purement et simplement rejetée ? Non, ces expatriés auront la possibilité de compléter leurs qualifications manquantes par une formation de remise à niveau afin d'obtenir une « Anpassungsqualifizierung », c'est-à-dire, une qualification d'adaptation. La formation pourra être réalisée dans une entreprise ou dans une institution.

Immigrer en Allemagne sans offre d'emploi préalable

Qu'en est-il des futurs expatriés qui n'ont pas encore d'offre d'emploi ? Ils peuvent entrer en Allemagne en utilisant le Jobseeker Visa, le visa de demandeur d'emploi. Ce visa permet aux travailleurs qualifiés d'entrer en Allemagne pour une période de six mois dans le but principal de chercher un emploi. Ces travailleurs doivent avoir 5 ans d'expérience professionnelle, et ils doivent prouver qu'ils ont suffisamment d'économies pour payer tous leurs frais de subsistance.

Quelles sont les exigences linguistiques ? Le visa de demandeur d'emploi exige une maîtrise intermédiaire de l'allemand (B1), tandis que la carte bleue mentionnée précédemment n'a aucune exigence linguistique. Toutefois, au moment où le titulaire de la carte bleue demandera un permis de séjour, il devra avoir le même niveau d'allemand.