La contraception est-elle accessible aux femmes expatriées ?

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Publié le 2022-08-03 à 09:00 par Ester Rodrigues
Selon une récente recherche par l'Université de Washington, plus de 160 millions de femmes dans le monde n'avaient pas accès aux méthodes de contraception en 2019. Cela peut s'avérer une source de préoccupation importante pour les femmes qui envisagent de déménager à l'étranger, seules ou avec un partenaire ou conjoint, et qui ne souhaitent pas avoir d'enfants ou fonder une famille.

Cette recherche met en évidence des inégalités alarmantes au cours des cinq dernières décennies parmi quelque 1,2 milliard de femmes considérées comme ayant besoin d'une forme de contraception. En fait, la plupart de ces femmes vivaient dans des pays peu développés. Il ressort que malgré la hausse du nombre de femmes ayant recours à une méthode de contraception au cours de la même période (48% en 2019), beaucoup d'entre elles ont été contraintes d'arrêter en raison de l'inaccessibilité ces trois dernières années.

Aperçu mondial de la contraception pour les femmes

La contraception représente une partie essentielle de l'éducation sexuelle et de la prévention des grossesses non désirées. C'est un sujet qui implique un large éventail d'options qui nécessitent souvent un accompagnement professionnel et qui, surtout, a besoin d'une grande visibilité afin d'y faciliter l'accès. Dans de nombreux pays, ces méthodes ne sont pas disponibles. Qui plus est, certaines cultures ont des préjugés au sujet de la contraception pour les femmes. Ce genre de situation peut entraîner les femmes à choisir les options les plus classiques, mais moins performantes, pour éviter une grossesse, comme les pilules du lendemain ou les préservatifs.

Selon une étude mondiale réalisée par Family Planning Partnership en 2020, environ 314 millions de femmes utilisent une méthode de contraception moderne. Cette étude, qui porte sur 69 pays à faible revenu et qui utilise les statistiques provenant des services de santé nationaux et les données démographiques des Nations unies, indique que 53 millions de femmes ont commencé à utiliser de méthodes de contraception modernes depuis 2012, soit bien moins que les 120 millions de femmes que les experts estimaient en 2020.

Le contrôle des naissances existe depuis les années 60, et bien qu'il soit utilisé par plus de 62 % des femmes en âge de procréer dans le monde, il suscite encore de nombreuses controverses, notamment au niveau des religions et des cultures.

Contraception : qu'en disent les religions et les cultures ?

Le judaïsme, le catholicisme et l'islam comportent une échappatoire commune qui autorise l'utilisation du contrôle des naissances : pour préserver la santé de la mère. Mais c'est la seule exception. Le planning familial et l'utilisation de méthodes de contraception pour toute autre raison sont méprisés, notamment dans le contexte économique de la famille ou dans celui des femmes célibataires qui souhaitent avoir des rapports sexuels.

La position de l'Église catholique sur la contraception

Selon Pandia Health, l'Église catholique est une confession chrétienne qui adhère à une norme dogmatique en matière de contrôle des naissances/contraception. A savoir que toute forme d'utilisation de contraceptifs est contraire à cette religion. Le Vatican a publié une encyclique du pape Paul VI intitulée Humanae Vitae ("De la vie humaine") qui contient un aperçu du point de vue catholique sur le contrôle des naissances. L'Église catholique estime officiellement que le contrôle des naissances est une violation de la loi naturelle et que les rapports sexuels devraient avoir pour but unique la procréation. Tout plaisir dérivé des rapports sexuels devrait être relatif à la procréation qui vise à renforcer le lien affectueux au sein d'un couple, des liens qui contribuent au développement de l'environnement idéal pour élever des enfants. En somme, l'Église catholique est formellement défavorable à l'utilisation de toute forme de contraception artificielle, y compris la pilule et toutes les méthodes hormonales de contrôle des naissances, la méthode du retrait, la stérilisation (ou la prévention permanente de la grossesse par l'ablation des organes sexuels), ainsi que les préservatifs et autres méthodes barrières.

Cependant, des études sur l'utilisation du contrôle des naissances aux États-Unis ont révélé que 77 % des femmes mariées utilisent une forme de contraception, contre 42 % chez les femmes non mariées. En outre, 89% des femmes catholiques utilisent une méthode de contraception, tandis que 90% des femmes protestantes en utilisent un. Même si les confessions protestantes sont plus indulgentes en matière de contrôle des naissances, les taux d'utilisation de contraceptifs sont relativement les mêmes entre les femmes catholiques et les femmes protestantes.

Qu'en dit l'Islam ?

Selon la plupart des experts en matière de religion et des droits de la femme, l'Islam n'interdit pas le contrôle des naissances. En outre, la vision de l'Islam sur le contrôle des naissances est axée sur le contexte du mariage et de la famille, puisque les rapports sexuels ne sont autorisés qu'au sein des couples mariés. Mais lorsqu'un couple décide de procréer, il doit uniquement le faire lorsqu'il se sent prêt à avoir des enfants. Ceci étant dit, la contraception permet aux familles musulmanes d'avoir des enfants quand elles le souhaitent et quand elles y sont préparées.

Quels sont les pays où les méthodes de contraception sont les plus accessibles ?

Selon l'Atlas des politiques de contraception 2022 en Europe, la Pologne possède l'un des pires politiques de contraception d'Europe, d'après un nouveau classement du Forum parlementaire européen pour les droits sexuels et reproductifs. Il s'agit du seul pays du continent à être classé dans la catégorie des politiques "exceptionnellement mauvaises". À l'autre bout de l'échelle, la Belgique, la France et le Royaume-Uni (91,1 % chacun) possèdent des politiques jugées les meilleures.

L'Atlas des politiques de contraception évalue 46 pays européens sur la base d'une série de mesures relatives à la contraception, notamment le remboursement de leurs coûts par le système de santé, le type de conseil disponible et le degré d'information fourni par les autorités. La Pologne affiche en effet la pire note (33,5%), en dessous de la Russie (42,8%) et de la Bosnie-Herzégovine (44,3%).

La Pologne est le seul pays d'Europe dans lequel la contraception d'urgence a été déclarée indisponible. En 2017, le gouvernement national conservateur Droit et Justice (PiS) a rendu accessible la pilule du lendemain, uniquement sur ordonnance. Les groupes de défense des droits des femmes ont fait valoir que, dans la pratique, cela rend les pilules inaccessibles pour de nombreuses femmes.

Une autre étude sur la contraception réalisée dans les pays en développement en 2016, a révélé que la prévalence globale de la contraception chez toutes les femmes de 15 à 49 ans présentant un risque de grossesse (toutes celles qui sont mariées ainsi que celles qui sont célibataires et sexuellement actives) variait de 13 % au Sénégal à 79 % au Vietnam. Par sous-région, la prévalence de la contraception variait considérablement et était extrêmement faible dans les pays d'Afrique de l'Ouest (fourchette, 13-19%) et faible dans les pays d'Afrique de l'Est (14-58%). Elle était un peu plus élevée dans les pays d'Europe orientale et d'Asie centrale (28-69%) et d'Asie du Sud (35-61%), et généralement la plus élevée dans les pays d'Amérique latine (38-77%), d'Asie du Sud-Est (49-79%), et d'Afrique du Nord et d'Asie occidentale (51-72%).