L'importance de l'immigration pour les économies

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Publié le 2021-11-08 à 10:00 par Ester Rodrigues
Les pays en développement abritent aujourd'hui plus d'un tiers des immigrants dans le monde. La plupart d'entre eux sont des travailleurs immigrants et sont employés de manière formelle ou plus souvent informelle à l'étranger. Mais abordons de manière critique certaines idées reçues sur les immigrants et les expatriés. Il faut reconnaître que l'immigration et l'expatriation contribuent de manière positive aux pays, à leurs économies et à leurs sociétés.

Ces dernières années, des efforts considérables ont été démontrés en particulier par les États-Unis, l'Europe et le Royaume-Uni, pour réduire l'immigration légale. Ce qui a évidemment eu un impact sur l'expatriation. La pandémie de coronavirus, qui perdure toujours, a séparé des couples et des familles pendant plusieurs mois. Des conséquences se sont également fait ressentir au niveau de la santé publique, mais aussi au niveau des économies, dont certaines peinent toujours à se remettre sur les rails. Pendant plusieurs décennies, l'immigration a contribué à stimuler la création d'entreprises et l'innovation, à répondre aux besoins essentiels en main-d'œuvre et à renforcer les économies avec une valeur ajoutée.

Selon un rapport de l'OCDE datant de 2018, les immigrants apportent une contribution significative dans différents contextes grâce aux mesures et politiques appropriées. Ce rapport souligne la complexité de l'impact de l'immigration. En général, cela dépend du contexte du pays et de sa situation économique, mais aussi des caractéristiques de ces immigrants. Selon cette étude, cependant, tout pays a la capacité de maximiser l'impact positif de l'immigration en adoptant des politiques cohérentes visant à mieux gérer l'immigration et intégrer les immigrants afin qu'ils puissent légalement investir et contribuer à l'économie en toute sécurité. Par conséquent, les pays devraient se concentrer davantage sur l'inclusion des immigrants pour que les deux parties puissent en profiter pleinement.

Une perspective égoïste

Le Pen, Farage, Salvini, Orban, Kurz, Bolsonaro... La xénophobie d'extrême droite a gagné du terrain dans le monde entier ces dernières années, mais le rejet des immigrés vient aussi indirectement d'autres gouvernements. Le Brexit au Royaume-Uni et les récentes déclarations de Macron en France n'en sont que quelques exemples. La crainte ou plutôt la haine envers les immigrés et des étrangers façonne les paysages politiques. Des nations qui étaient jadis considérées comme des emblèmes de la démocratie et du libéralisme montrent aujourd'hui un visage tout à fait différent.

Selon une autre idée reçue populaire, lorsque les immigrants s'installent dans un pays, ils se disputent la part de l'emploi des locaux, faisant baisser leurs salaires. D'un autre point de vue, puisqu'ils ne sont pas de la même ethnie et de la même race que les locaux, ils sont considérés comme une « menace à l'existence » de ces derniers. De même, avec les stéréotypes du terrorisme autour du globe, beaucoup associent l'immigration à des taux de crimes haineux plus élevés. Ces points et d'autres contre l'immigration ont tendance à déclencher une réaction populiste.

Les « justifications » du rejet des immigrés fonctionnent comme une perspective nationale purement égoïste. Une baisse de l'immigration serait toutefois préjudiciable à l'économie et à la société car, dans la réalité le métissage permet aux natifs d'avoir une plus grande ouverture d'esprit par rapport à la diversité existante. Il s'agit de reconnaître, d'apprendre et d'échanger en gardant toutes ces différences à l'esprit. Pour les gouvernements, il s'agit d'encourager la tolérance de la population à l'égard des étrangers, mais cela dépend aussi et grandement de l'accent mis sur la reconnaissance des racines de cette insécurité sociale et de ces préjugés. De plus, cela implique de comprendre et d'atténuer leurs effets tout en permettant aux immigrants de continuer à enrichir la société et, par la même occasion, de vivre dans un endroit sûr et paisible.

Les conséquences économiques de l'immigration dans les pays en développement

Il est important de comprendre l'origine des idées reçues sur l'immigration et pourquoi celles-ci limitent les pays en développement en termes de progression. Selon l'OCDE, les immigrants affectent non seulement la prospérité économique d'un pays, mais aussi le bien-être de la population native car, ensemble, ils jouent divers rôles économiques, sociaux et culturels. En tant que travailleurs, les immigrants font partie et ont un impact sur le marché du travail de leur pays d'accueil, ainsi que sur les revenus. Les étudiants étrangers contribuent, pour leur part, à la diffusion et à l'échange des connaissances. Quant aux entrepreneurs et investisseurs, ils ont la capacité de créer des opportunités d'emploi, tout en encourageant l'innovation et le développement technologique. En tant que consommateurs, les immigrés contribuent à accroître la demande de biens et locaux et internationaux. En tant que contribuables, ils représentent un apport considérable au budget public et bénéficient des services publics.

Il est donc clair qu'à travers ces différents rôles, les immigrants peuvent contribuent à la croissance économique de leur pays d'accueil et à booster le développement. Les immigrants contribuent également à la diversité sociale et culturelle au sein des communautés.

Même si leur impact sur le marché du travail peut être différent, dépendant de la catégorie et des caractéristiques personnelles des immigrants, il s'agit généralement de travailleurs, qui sont plus souvent employés et gagnent moins que les locaux, selon l'OCDE. En outre, l'immigration a un impact limité sur le marché du travail local, ce qui signifie que la relation entre la part des travailleurs immigrants et les locaux dans le pays est généralement négligeable dans les pays partenaires.

La vérité est que les immigrants sont loin d'être un fardeau pour l'économie et qu'une baisse de l'immigration n'aura aucun impact positif sur l'économie. Par exemple, au moment où les États-Unis rouvrent leurs frontières à l'international, les immigrants et investisseurs qui ont la capacité de créer et d'occuper des emplois sont absolument essentiels à la reprise. D'ailleurs, en 2016, les immigrants ont contribué à hauteur de 2 000 milliards de dollars au PIB américain. En 2018, leur apport a été d'au moins 458,7 milliards de dollars aux impôts nationaux, locaux et fédéraux.

Expatriation

L'expatriation est étroitement liée à l'immigration, et parfois elle en dépend aussi. Souvent, les voyageurs provenant de pays non émergents ou pauvres sont confrontés à des problèmes et des réglementations supplémentaires lors de leur expatriation. Un autre rapport de l'OCDE analyse le nombre d'immigrés et d'expatriés et leurs rôles dans différents pays. Cette étude démontrait, à l'époque, que l'immigration internationale était plutôt sélective vis-à-vis des immigrants hautement qualifiés, ce qui signifie que le nombre d'immigrants détenteurs d'un diplôme d'enseignement supérieur vers d'autres pays de l'OCDE était supérieur au nombre d'expatriés hautement qualifiés. Ce qui signifie qu'en Europe, par exemple, il y a beaucoup plus d'immigrés que d'expatriés.

Si l'impact de la mobilité internationale des personnes hautement qualifiées est hétérogène dans les pays tiers, les principaux pays en développement semblent peu touchés. Au contraire, ils peuvent bénéficier des effets indirects de cette mobilité alors que des États insulaires, notamment dans les îles Caraïbes et en Afrique, font face à des « taux d'émigration » importants de leurs élites sociales et éducatives.

Ainsi, au lieu de reproduire des stéréotypes sur les immigrés, les gouvernements devraient prêter une oreille attentive aux recommandations de l'OCDE et adapter leurs politiques afin de faciliter l'intégration des immigrants. Ce qui leur permettra de profiter pleinement des avantages économiques et sociaux de l'immigration. D'autre part, les échanges avec des personnes d'origines différentes peuvent aider les gens à sortir de leur bulle et, qui sait, les encourager à s'expatrier à leur tour.