La vie à l'île Maurice selon une expat britannique

Interviews d'expatriés
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Publié le 2021-09-29 à 07:12 par Nicola Richards
Jeune et dynamique, Kaajal est une jeune expatriée qui s'est installée à l'île Maurice il y a quelques années en compagnie de son époux mauricien et de leurs jumeaux. Elle vient du Royaume-Uni et exerce actuellement comme enseignante d'anglais. Kaajal nous parle de l'emploi et de la vie de famille et sociale à l'île Maurice.

Pouvez-vous vous présenter brièvement ?

Je viens de la ville de Stalybridge qui se trouve juste à l'extérieur de Manchester au Royaume-Uni. J'ai été passionnée par l'aventure et le voyage depuis ma toute première aventure à l'âge de 18 ans pour être qu'enseignante bénévole dans l'Himachal Pradesh, en Inde. Par la suite, j'ai poursuivi mes études supérieures afin d'être d'enseignante du secondaire. J'ai aussi vécu à Sydney, en Australie, avec un visa vacances-travail pour enseigner l'anglais en Asie du Sud-Est. C'était une expérience sensationnelle. Je recommande à tout le monde de voyager de manière indépendante.

Quelques mois après mon retour au Royaume-Uni, j'ai rencontré mon époux qui est Mauricien et qui aime aussi voyager. En 2014, nous avons déménagé à Abu Dhabi, ce qui nous a permis de découvrir une autre culture tout en nous offrant la possibilité de voyager ensemble dans de nombreux endroits merveilleux. Nous avons eu nos jumeaux fin 2017, mais l'aventure ne s'est pas arrêtée là. Nous sommes tout simplement plus nombreux à présent.

Heureusement, être enseignante me donne la possibilité de me déplacer presque partout dans le monde et de continuer à faire le travail que j'aime tant. Je n'étais pas inquiète à l'idée de déménager à Maurice. Je savais déjà que ça allait être un autre chapitre passionnant et littéralement une bouffée d'air frais pour nous.

Que faites-vous actuellement sur l'île ?

Aujourd'hui, je travaille pour mon compte propre en offrant des cours d'anglais à des étudiants de tous les âges. Ce travail me permet d'être créative, de réfléchir et de faire la différence, tout en me donnant la possibilité de passer du temps de qualité avec ma famille. J'apprends enfin le français aussi, et mon créole s'améliore lentement.

Qu'est-ce qui vous a amené à l'île Maurice ?

En août 2018, j'ai démissionné de mon poste d'enseignante à Abu Dhabi après avoir eu nos jumeaux en novembre 2017. En tant que maman pour la première fois, j'avais besoin d'être avec mes bébés pour des raisons évidentes. Bien que nous aimions beaucoup de choses dans la vie aux Émirats arabes unis, nous avions toujours su que nous voulions élever nos garçons dans un endroit où ils pourraient être immergés dans la nature plutôt qu'entourés d'immenses gratte-ciel. Il se trouve que mon époux rendait visite à sa mère à l'île Maurice. Elle avait récemment subi une intervention chirurgicale majeure. Mon époux s'est senti si nostalgique lors de son vol retour qu'il a décidé de postuler à un emploi. Il a eu la chance de recevoir une offre d'emploi à son retour et nous avons commencé à planifier notre prochain déménagement. Quelques mois plus tard, en octobre 2018, nous avons débarqué sur l'île et nous nous sommes installés à Tamarin à Rivière Noire. Nous y vivons depuis notre arrivée.

La crise sanitaire a-t-elle eu un impact sur votre activité professionnelle ?

Pendant le premier confinement, je travaillais dans une école internationale en tant qu'enseignante d'anglais. Mon époux et moi avons été contraints de travailler à domicile. Ce fut l'une des périodes les plus éprouvantes émotionnellement et physiquement de notre vie. Devoir bien travailler, faire les courses et garder la maison semi-organisée tout en prenant soin de nos deux adorables mais vifs bambins n'était pas une mince affaire ! En plus de cela, mon mari terminait également sa maîtrise.

De toute évidence, quelque chose devait céder, et cela a été le cas à plusieurs reprises. Pour moi, c'était insoutenable et l'impact se manifestait émotionnellement. En voyant cela se produire trop souvent, mon mari et moi avons commencé à réfléchir à ces situations de crise sanitaire. Ces réflexions ont fini par nous procurer à tous les deux un sentiment de révélation et d'éclaircissement. Je savais alors que mes valeurs et principes n'étaient pas parfaitement alignés avec mon travail, et je savais que je devais faire quelque chose à ce sujet. Essentiellement, la crise sanitaire m'a poussé au bord du gouffre et m'a obligé à recentrer mon énergie vers mes propres objectifs. Ce recentrage m'a amené à créer ma propre entreprise.

Grâce à ce changement, le deuxième confinement a été beaucoup plus facile à gérer que le premier. J'ai pu enseigner en ligne à beaucoup de mes étudiants. Mes clients m'ont donné la chance de travailler selon mon propre emploi du temps et celui de mon époux. Nous nous relayions avec les enfants et je pouvais être flexible avec mes cours car les parents de mes élèves comprenaient la situation et étaient compatissants. Je leur en serai éternellement reconnaissante. Non pas que j'aie eu le moindre doute, mais cela m'a rassuré que j'avais fait le bon choix de carrière.

Comment arrivez-vous à concilier votre vie de famille, professionnelle et sociale sur l'île ?

Je sens que la réponse à cette question évolue constamment. La maternité est un travail qui ne s'arrête jamais à mesure que les enfants grandissent, et nous devons donc nous adapter et évoluer constamment. Je suis reconnaissante pour avoir la flexibilité dans mon emploi du temps pour respirer et être moi-même, du temps pour être pleinement présent avec mes enfants et du temps pour renforcer les liens avec mes amis et ma famille. Ma famille qui est dans mon pays d'origine me manque incroyablement et j'ai hâte de rentrer l'année prochaine à l'occasion du mariage de ma sœur. Ce sera des retrouvailles tant attendues ! Pour l'instant, je suis ravie que ma mère soit en visite après presque deux ans. Nous avons tous besoin de ces retrouvailles nous pour nous ressourcer et renouer les liens.

J'ai un petit conseil pour tous les parents qui essayent de trouver un équilibre sur l'île : utilisez tout soutien disponible, qu'il s'agisse de votre propre famille, de vos amis ou d'une garderie payante. N'essayez pas de tout faire vous-même. Il existe de nombreux groupes Facebook locaux sur lesquels il est possible de rencontrer des gens, trouver des idées, trouver des endroits pour acquérir de nouvelles compétences ou des endroits où emmener les enfants pour dépenser de l'énergie.

Quelle est votre partie préférée de l'île Maurice et pourquoi ?

L'île elle-même est dotée d'une atmosphère magique. Vous pourriez être au milieu de l'agitation d'une rue bruyante avec des aboiements de chiens, les conversations des gens, des klaxons, de la nourriture de rue, et en moins de 60 secondes, vous pourriez vous retrouver dans le silence total en contemplant les cimes des arbres et des rivières aux abords des rues, ou allongé sur le sable doré en écoutant le son des vagues. Peu d'endroits dans le monde peuvent vous offrir cela.

J'adore la population mauricienne. Les Mauriciens, en particulier, ont un sens de l'humour qui sort de l'ordinaire ; leur sarcasme est hors pair. Jusqu'à présent, je n'ai vu cela nulle part ailleurs. Il suffit de jeter un coup d'œil à la section commentaires de n'importe quel groupe Facebook local pour comprendre de quoi je parle ! L'île Maurice possède un beau métissage de gens, de cultures, de nationalités et de personnalités. Il y a tellement de choses à apprendre et à aimer sur tant de gens ici.

Parlez-nous de votre expérience de déménagement à l'île Maurice, de recherche d'un logement, d'un travail, etc. ?

Trouver une maison était notre priorité en venant ici. Mes beaux-parents habitent à Bambous, et nous voulions être proches d'eux. Nous avons toujours aimé l'ouest de l'île : le paysage, l'infrastructure et le style de vie, donc nous avons concentré notre recherche sur Tamarin. Trouver un endroit ou vivre n'était pas très difficile : le choix est vaste tant en termes de style que de prix. Trouver du travail n'a pas été trop difficile non plus, mais ça l'est généralement dans le domaine de l'enseignement. Ce qui m'a le plus choqué, c'est la différence au niveau des salaires par rapport au Royaume-Uni, et surtout aux Émirats arabes unis. Néanmoins, après presque un an passé à la maison avec mes garçons, je savais que je voulais reprendre le travail que j'aimais faire, alors j'ai commencé à travailler à temps partiel.

Quels sont les principaux défis auxquels vous avez fait face à votre arrivée à l'île Maurice ?

Au départ, le principal défi était le fait d'être loin de mes amis et de ma famille. J'ai manqué des choses comme pouvoir sortir, rester connecté socialement et avoir mon propre objectif ; je suis sûre que c'est un défi pour la plupart des nouveaux parents. Heureusement, ma mère et mes amis sont venus nous rendre visite, et nous avons aussi pu voyager dans notre pays quelques fois. Une fois installé, et maintenant que je suis ici depuis quelques années, j'ai compris que je trouvais vraiment l'équilibre que je recherchais et que je pouvais profiter pleinement de tout ce que cette île insulaire a à offrir. Ce qui m'a particulièrement aidé c'est le fait de pouvoir travailler ici et de rencontrer des collègues qui sont aujourd'hui de bons amis.

Je ne pense pas vraiment que vivre à l'île Maurice pose des défis spécifiques en soi, même si je dirai qu'il est important de faire preuve de respect et d'apprécier la diversité des cultures et des personnes vivant ici ainsi que ceux venus d'ailleurs. Si vous avez déjà travaillé dans un pays autre que votre pays d'origine, vous saurez que les gens font les choses différemment et la façon dont vous choisissez de le voir déterminera votre niveau de stress.

En revanche, la scène musicale britannique me manque énormément. Aussi, les voitures ne s'arrêtent pas toujours aux passages piétons. Et il est pratiquement impossible de trouver des crumpets (une sorte de muffin ressemblant à une crêpe) ici !

Quels sont vos projets d'avenir ?

Nous souhaitons, avant toute chose, préserver notre équilibre vie privée-vie professionnelle, sans parler de notre santé et de notre maison. Nous avons récemment conçu notre nouvelle maison et sommes enthousiastes d'en démarrer la construction. L'année prochaine, j'aimerais offrir gratuitement des cours d'anglais à un groupe de jeunes mauriciens défavorisés. Il s'agit d'un projet personnel qui compte énormément pour moi. Explorer cette île magnifique nous apporte des sentiments de paix, d'épanouissement et de gratitude. Qui plus est, cela permet à nos enfants de s'épanouir, alors nous attendons avec impatience la possibilité de faire encore plus de découvertes et d'aventures.

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