Que signifie la hausse des prix alimentaires pour les expatriés ?

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Publié le 2021-09-20 à 10:00 par Ester Rodrigues
Lors d'une expatriation, on s'attend généralement à des dépenses liées au déménagement, l'installation, la location ou l'achat d'un nouveau logement, sans oublier les assurances, ou encore les frais de scolarité pour ceux qui partent étudier. Cependant, les nouveaux expatriés pourraient être surpris de constater que les prix alimentaires, par rapport aux salaires, peuvent être un nouveau défi lorsqu'on choisit de vivre dans un nouveau pays. En effet, les prix autour du globe ne cessent de grimper depuis le début de la pandémie de Covid-19.

Le Yémen, la République centrafricaine, l'Afghanistan, le Venezuela, la région du Sahel en Afrique de l'Ouest, l'Éthiopie, le Soudan, le Soudan du Sud et la Syrie sont quelques-uns des pays et des régions où la crise alimentaire est particulièrement alarmante. Au cours de l'année écoulée, la famine s'est également intensifiée dans d'autres endroits tels que le Brésil, l'Inde ou encore l'Afrique du Sud. Ces pays ont d'ailleurs subi les hausses les plus importantes des taux d'infection à Covid-19.

Au Brésil, une nouvelle hausse de la famine a été observée ces derniers mois après une diminution significative jusqu'au milieu de la dernière décennie. L'enquête nationale sur l'insécurité alimentaire dans le contexte de la pandémie de Covid-19 au Brésil démontre que de 2013 à 2018, l'insécurité alimentaire a augmenté de 8% par an. De 2018 à 2020, cependant, cette croissance s'est accélérée, particulièrement dans la modalité sévère. Le nombre total de personnes affectées par la famine est ainsi passé de 10,3 millions à 19,1 millions.

Hausse des prix et insécurité alimentaire

Outre les effets néfastes de la morbidité et de la mortalité, la Covid-19 a également entraîné une hausse significative de l'insécurité alimentaire. Il est clair que cette hausse est liée à la pandémie qui perdure. Les perturbations auxquelles la production, la main-d'œuvre et le transport on fait face ont affecté la chaîne d'approvisionnement dans pratiquement tous les pays du monde. Selon l'indice des prix des aliments réalisé par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), les prix ont augmenté à un rythme mensuel le plus rapide depuis plus d'une décennie. Pendant les 12 derniers mois consécutifs, les prix alimentaires ont atteint leur valeur la plus élevée depuis septembre 2011. Les hausses de prix les plus importantes étaient celles des huiles végétales, des céréales et du sucre.

Pourtant, selon l'indice, les prix des aliments en mai de cette année étaient de 4,8% supérieurs à ceux d'avril. Ce qui représente la hausse mensuelle la plus importante depuis octobre 2010, soit 39,7% supérieurs aux prix au même mois en 2020.

Coût de la nourriture pour les expatriés

Pour les expatriés, les frais inhérents à l'alimentation peuvent varier. Pour ceux qui aiment sortir manger au restaurant, cela peut revenir a bien plus cher que les repas préparés à domicile. Faire des courses de base à l'épicerie du coin revient généralement à un prix abordable. Il est également plus facile pour les expatriés d'avoir un contrôle sur leurs dépenses alimentaires en achetant eux-mêmes leurs aliments pour préparer leurs repas.

Dans les grandes villes, vous trouverez bien souvent des épiceries haut de gamme qui proposent une large gamme de produits importés. Il est donc important de connaître les petits marchés et épiceries de votre quartier. Pensez à discuter avec les habitants de votre localité pour savoir où trouver les produits les plus abordables et de meilleure qualité.

Pour l'achat de produits de base tels que le pain, les céréales, la viande, privilégiez les marchés et épiceries locaux ou les prix sont généralement plus abordables. De toute évidence, cela vous reviendra à moins cher que de manger au restaurant. Outre le fait que la nourriture produite localement est moins chère, les expatriés doivent accorder une attention particulière à la région où ils vivent. Par exemple, lorsqu'on vit sur la côte, il faut naturellement s'attendre à ce que les prix du poisson et des fruits de mer soient moins élevés. Parallèlement, les viandes telles que le bœuf et le porc coûteront moins cher dans les régions agricoles de l'intérieur.

Il est également important pour un expatrié de savoir quels sont les produits nationaux, car cela pourrait signifier un meilleur rapport qualité prix. Lorsqu'un expatrié souhaite garder ses habitudes alimentaires depuis son pays d'origine, il n'y a aucun doute que les prix alimentaires auront un impact considérable sur son budget. Il n'empêche qu'en allant dans certains pays, comme en France, par exemple, vous allez sans aucun doute trouver du bon fromage et du vin à des prix intéressants. Si au Brésil on trouve plus facilement du café et de la cachaça, la liqueur nationale à base de canne à sucre, en Espagne, l'huile d'olive et des légumes sont plus facilement accessibles et moins chers. Au Nigeria, le riz et le maïs sont moins chers, et en Australie, ce sera les fruits et les noix.

Prix alimentaires : quel avenir ?

Récemment, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et la FAO ont publié une analyse conjointe sur les perspectives agricoles 2015-2024. Ces deux agences anticipent d'ailleurs une production agricole plus élevée et des prix inférieurs au cours de la prochaine décennie. Le rapport est basé sur différents éléments, y compris « des rendements agricoles élevés, une productivité plus élevée des terres, une croissance plus lente de la demande mondiale, ainsi que les avantages supposés d'une baisse des prix du pétrole. Ce qui devrait contribuer à réduire les coûts de l'énergie et des engrais, et décourager la production de biocarburants à base alimentaire.

Cependant, ce type de rapports sur les tendances de quelque chose d'aussi extrêmement imprévisible que la production alimentaire ne sont pas très précis. Ils dépendent de nombreux aspects, comme les effets désastreux de plus en plus visibles du changement climatique et dont les conséquences sont impossibles à mesurer ou à évaluer a priori. En outre, les énormes limitations des terres agricoles et de l'eau douce existant sur notre planète. A titre d'exemple, pour voir ce qu'il se passe dans un secteur aussi précis, on peut citer la propagation de la grippe aviaire aux États-Unis ou dans certains pays européens et l'impact de la pandémie de Covid-19 sur la production alimentaire. Ainsi, même si la hausse des prix alimentaires ne mettra pas un frein à l'expatriation, il est impossible d'en déterminer l'impact sur leur budget. Une bonne planification financière est donc indispensable.