Le succès d'une jeune artiste mauricienne au Canada

Pouvez-vous vous présenter brièvement et nous parler de votre parcours ?

Je m'appelle Sheila Veerasamy. Je suis Mauricienne et je vis à Toronto. Je suis une ex-enseignante du secondaire. J'ai enseigné pendant 13 ans.

Qu'est-ce qui vous a amené au Canada, en particulier à Toronto ? Depuis combien de temps y êtes-vous ?

Je voulais à tout prix sortir de ma zone de confort à l'île Maurice. J'avais l'impression de stagner dans ma vie et j'avais désespérément besoin d'un changement. J'avais aussi un immense désir de pouvoir m'épanouir sur les plans professionnel et artistique.

En août je fêterai mes six années au Canada.

Avez-vous eu des difficultés à vous adapter au Canada ? Quels sont les principaux défis auxquels vous avez dû faire face et comment les avez-vous surmontés ?

Je n'ai pas vraiment eu de difficultés d'adaptation. A vrai dire, je m'étais préparée au pire. Toronto est au carrefour de différentes cultures, comme l'île Maurice. Je suppose que c'est l'une des raisons pour lesquelles je n'ai pas eu de mal à m'adapter. J'ai eu la chance de me faire des amis qui m'ont encouragés et guidés pendant mes premières années à Toronto. Je suis donc heureuse de n'avoir pas eu de défis majeurs à surmonter. Je crois que Dieu a été très aimable avec moi. Les seules petites difficultés que j'ai eues au début relèvent de l'utilisation des logiciels de comptabilité et des portails des différentes institutions financières. J'ai été très réceptive lors des sessions de formation. J'ai observé la façon de travailler de mes collègues et je leur ai demandé des conseils pour concevoir ma propre façon de travailler. J'étais optimiste et avide d'apprendre davantage. J'ai fait mes propres recherches et pratiqué sur ces différents portails pour surmonter ces petits obstacles.

La pandémie de COVID-19 a-t-elle eu un impact sur votre profession au Canada ?

Je travaille actuellement dans le secteur financier, mais j'avoue que la pandémie a eu un impact positif. Ça fait plus d'une année que je ne me rends plus au bureau comme j'ai la possibilité de travailler à distance. Ce qui me permet de gagner énormément de temps, surtout en matière de déplacements. J'arrive à honorer mes rendez-vous virtuellement, dans le confort de ma maison.

Comment se présente le marché du travail canadien ? Y a-t-il actuellement des perspectives de carrière pour les expatriés ?

Il existe des opportunités d'emploi dans les secteurs de l'informatique et de la finance. De nombreuses entreprises sont actuellement en train de recruter. Aussi, le fait d'être parfaitement bilingue est un sérieux avantage au Canada.

Début avril, vous avez sorti votre premier single « T'es un homme exceptionnel », ce qui est un grand pas en avant pour une expatriée. Qu'est-ce qui vous a motivé à le faire et comment y êtes-vous parvenue ?

J'écris des chansons depuis que j'étais au lycée et j'ai toujours voulu les sortir. J'ai eu la chance de travailler avec Adrien Juhel (Big Chulo Studio) sur le projet « Lavwa Diaspora » avec MRU23O Mov. J'étais très satisfaite du travail d'Adrien. C'est un véritable génie dans le domaine de la musique. Ce qui m'a motivé à l'approcher pour travailler sur la musique de ma chanson.

Comme Adrien est au Québec et moi à Toronto, je n'ai pas eu la possibilité de m'y déplacer en plein cœur de la pandémie. Alors j'ai fait l'enregistrement chez moi, à Toronto. J'ai ensuite envoyé l'enregistrement à Adrien (Big Chulo Studio), qui a travaillé sur la musique avec la collaboration de Coeur de Lion Studio (Ile Maurice).

Quand j'ai sorti le teaser, Radio M230 (la première station de radio mauricienne au Canada) m'a approché pour lancer la chanson. L'équipe a réalisé ma brochure et ma vidéo comme je lui ai demandé de le faire. Ce fut une expérience incroyable ! Nous avons travaillé dans l'unité malgré la distance qui nous séparait. Je suis fière de dire que « T'es un homme Exceptionnel » est une production 100% mauricienne.

Qu'est-ce que ça fait d'être une artiste mauricienne à l'étranger ? Est-ce votre première expérience ?

Cela fait du bien lorsque les gens apprécient mon travail et me soutiennent, en particulier les Mauriciens qui sont ici et ceux à l'île Maurice, ainsi que les Canadiens. Même si beaucoup de mes amis et collègues ne comprennent pas le français, ils n'arrêtent pas de m'encourager et attendent impatiemment la sortie de ma prochaine chanson.

J'ai aussi eu l'occasion de participer à The Voice Verses I, II. J'en suis d'ailleurs à ma troisième participation cette année à l'événement de poésie à l'occasion du Mois national de la poésie. J'ai également participé à un concert international dans une église de Toronto. J'ai chanté une chanson gospel que j'ai moi-même écrite il y a quelques années. Lors de cet événement, j'ai aussi eu la chance d'apprendre aux gens plusieurs mots en créole, ma langue maternelle. L'an dernier, j'étais le parolier de la chanson « Lavwa Diaspora », chantée par de jeunes Mauriciens au Canada.

D'où vient votre passion pour la poésie ?

J'étais étudiante en littérature française et mon professeur est auteur et poète. Je crois que c'est lui qui a éveillé en moi cette passion pour la poésie.

Quels conseils donneriez-vous aux Mauriciens et autres et autres artistes expatriés qui souhaitent s'épanouir à l'étranger ?

Persévérez, soyez optimiste et croyez en vos visions. Quoi qu'il arrive, avancez et apprenez de vos expériences. Restez humble et soyez prêt à partir de zéro. Le succès ne vient pas du jour au lendemain. Il faut travailler dur pour améliorer vos compétences et développer vos qualités. Faites preuve de patience. Les fruits de vos efforts arriveront au fil du temps. N'attendez pas que les gens viennent vers vous. Sortez, présentez-vous et faites-vous de nouveaux amis.

Qu'est-ce qui vous manque le plus à l'île Maurice ?

La plage.

Si vous deviez repartir à zéro au Canada, y a-t-il une chose que vous feriez différemment ?

Oui, j'aurais choisi mon colocataire. J'interrogerais des colocataires potentiels pour savoir à quel genre de personne j'ai à faire. J'aurais choisi le type de personne avec qui je préférerais cohabiter.

Découvrez le single de Sheila (Athena)