Record des cas de COVID-19 au Brésil : des expatriés nous en parlent

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    Wilfried Pohnke / Pixabay
Publié le 2021-03-22 à 11:00 par Veedushi
Le bilan ne cesse de s'alourdir au Brésil. Le pays compte actuellement plus de 280 000 décès liés à la COVID-19. Il devient ainsi le deuxième pays le plus endeuillé au monde après les États-Unis. Mais comment en est-il arrivé là ? Des expatriés au Brésil nous partagent leurs sentiments au sujet de la situation chaotique dans le pays.

Matthew, un expatrié américain au Brésil, trouve vraiment désolant le fait qu'un pays comme le Brésil ne soit pas en mesure de s'adresser au problème de manière intelligente. Il n'empêche qu'il n'a pas l'intention de s'en aller pour autant, puisqu'une grande partie de sa famille vit aujourd'hui au Brésil. « Ce qui me surprend, en revanche, c'est le fait qu'un certain nombre de citoyens aient fait preuve d'incompréhension en laissant les dirigeants du pays s'en tirer seuls. Il est vrai que les dirigeants sont là pour diriger. Mais les citoyens doivent aussi assumer leur part de responsabilité en témoignant de leur capacité à relever les défis », maintient-il.

Comme nous l'indiquions plus haut, le Brésil a déjà enregistré plus de 280 000 décès pour une population de quelque 212 millions d'habitants. Selon les rapports de l'université Johns Hopkins, le taux de décès est de 128 pour 100 000 habitants. Ce qui représentait, début mars, pas moins de 21% du nombre de décès au niveau mondial. Le plus surprenant, c'est que le nombre de cas enregistrés chaque jour dépasse la barre des 90 000. La semaine dernière, le nombre de décès au quotidien dépassait la barre des 2 000. Le 10 mars, par exemple, 2 286 personnes sont décédées de suites de la COVID-19 en 24 heures !

Un système de santé qui s'effondre

Une situation inédite, d'autant que le système de santé brésilien peine à faire face à cette crise sanitaire sans précédent. « Il est dommage que nous ne puissions rien y faire. En tant qu'expatriés, nous sommes des étrangers ici. Nous pouvons uniquement avoir de l'espoir pour un avenir meilleur », nous dira William, un expatrié américain qui vit à Foz do Iguaçu.

A travers le pays, les unités de soins intensifs sont remplis à plus de 80%. Qui plus est, dans la plupart des 27 États du pays, à l'exception de deux, ils sont à plus de 90% de leur capacité. Les médias internationaux rapportent d'ailleurs que les hôpitaux de Brasília, la capitale, ont déjà atteint leur capacité maximale, la ville étant la plus touchée par la pandémie. D'autre part, d'autres villes ont dépassé leur capacité maximale et n'arrivent pas à répondre à l'urgence de la situation. Ce qui expliquerait ce que des experts de la santé qualifient d' « effondrement des systèmes de santé ».

Force est de constater que ce n'est pas le cas partout au Brésil. Comme nous le dira Denis, un Français qui vit à Bahia depuis plusieurs années. Ce dernier a d'ailleurs attrapé la COVID-19 en mars 2020 alors qu'il se trouvait à Rio de Janeiro. « Chez nous à Bahia, il n'y a aucun problème, sauf que nous sommes constamment confinés. Mais je dois avouer que c'est bien moins pire qu'en France. D'ailleurs, les chiffres de l'OMS démontrent que la mortalité par million d'habitant est bien moindre au Brésil qu'en France. Ici, au Brésil, nos médecins nous soignent (HCQ et ivermectine). Quand j'ai chopé la COVID-19, j'étais déjà sous vitamines C et D. Aujourd'hui, on a le kit anti-Covid avec tout ce qu'il faut pour éviter l'UTI », soutient-il. Et d'ajouter que le système de santé de Bahia n'est pas si mauvais qu'on tente de le faire croire. « Selon les chiffres officiels, une ville comme Bahia, avec 15 millions d'habitants, ne compte que 1 141 cas d'UTI. Qui plus est, la grande majorité des médecins soignent leurs patients. C'est tout de même incroyable, non ? »

La variante P1 au Brésil

Depuis quelques semaines l'Institut Fiocruz, au Brésil, fait état d'une nouvelle variante. Celle-ci, appelée P1, serait originaire de la ville de Manaus, en Amazonie, et serait plus contagieuse. Elle serait actuellement présente dans pas moins de 8 États et se répand comme une traînée de poudre. Des études démontrent d'ailleurs que la probabilité de réinfection avec cette nouvelle variante varie entre 25% et 60%.

Quid de la vaccination ?

Malgré la gravité de la situation, la campagne de vaccination peine à démarrer au Brésil. Jusqu'à tout récemment, la pandémie avait été traitée comme une grippe banale par le gouvernement brésilien. La hausse drastique du nombre de cas a toutefois contraint les autorités brésiliennes à commander une nouvelle cargaison de vaccins. La semaine dernière, 4% de la population seulement avaient déjà reçu leur première dose. Si le pays avait déjà commandé quelque 200 millions de doses des vaccins Oxford-AstraZeneca et CoronaVac, il vient de commander 100 millions de doses du vaccin Pfizer-BioNTech qui devraient être livrés d'ici septembre ainsi que quelque 38 millions de doses du vaccin Janssen, attendues un peu plus tôt. A savoir que des négociations viennent d'être entamées pour qu'au moins 14 millions de doses du vaccin Pfizer-BioNTech soient livrées d'ici le mois de juin.

Un soulagement pour Alain, un autre expatrié français au Brésil. « Quelqu'un peut-il expliquer aux gens pourquoi il est nécessaire de vacciner le monde entier contre une maladie qui en 17 mois a tué 0,03% de la population mondiale ? Ça aiderait à comprendre dans tous les pays ce qu'il se passe. Si tout le monde retirait son masque et que les médecins se remettaient à soigner comme avant, personne ne se rendrait compte que le virus circule... », dit-il.