Dans la peau d'un expatrié rédacteur de voyage

Vie pratique
  • redacteur dans un hamac
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Publié le 2020-09-30 à 07:00 par JerryANelson
Voyager le monde, partir à la découverte de destinations exotiques, séjourner gratuitement dans des hôtels de luxe et passer ses journées en toute détente dans un hamac, avec avec votre ordinateur portable sur vos genoux et un cocktail à la main. N'est-ce pas l'idéal de tous les rédacteurs de voyage ? Détrompez-vous ! Jerry Nelson, un expatrié américain en Argentine et blogueur avide, nous parle des dessous de la scène de la rédaction de voyage.

Les yeux de Tom Johnson se dilatent et son cœur bat la chamade. Il ouvre son courriel électronique et fixe l'écran.

Le sujet du courriel : « Gagnez des milliers de dollars et voyagez gratuitement en tant que rédacteur de voyage ! ».

Tom se trouvait dans une position assez délicate après avoir dû réduire ses dépenses de manière significative. Durant les trois dernières années, il a eu la chance de profiter d'un mode de vie extravagant en vivant dans un pays développé. Cet expatrié américain en Espagne avait un avenir assuré. Mais le destin en a voulu autrement.

La crise de COVID-19 s'empare rapidement du monde entier, et la société où travaille Tom n'est pas épargnée. De nombreux employés sont licenciés. Même si Tom n'en fait pas partie au début, comme il travaille à distance, il commence à se serrer la ceinture à Malaga, sa ville adoptive. Le licenciement finit par l'atteindre et le voilà sans emploi.

Après avoir réduit drastiquement ses dépenses pendant plusieurs mois, Tom s'inscrit à un cours de formation au métier de rédacteur de voyage. Un cours qui lui coûte 19$ par mois.

Cependant, il ne met pas beaucoup de temps à comprendre qu'il ne s'agissait que de fausses promesses et que la rédaction de voyage était loin d'être la solution à sa situation complexe.

Malheureusement, Tom n'est pas le seul à s'être fait avoir. Ce qui semble être un bon point de départ finit bien souvent en une désillusion lorsque l'on y réfléchit de manière plus approfondie.

Mais cela ne veut pas dire que vous devriez laisser tomber. Loin de là ! L'expérience de Tom peut vous servir à aller au delà de ce que vous croyez devoir faire, ce qui peut vous aider à trouver chaussure à votre pied d'une manière plus authentique.

Les clichés sur la rédaction de voyage

Pratiquement tout le monde a des idées reçues sur la vie des rédacteurs de voyage.

La plupart des gens croient que nous passons le plus clair de notre temps à voyager dans les destinations les plus romantiques de toute l'Europe, ou encore dans les îles les plus exotiques d'Asie, que nous séjournons gratuitement dans des villas et hôtels de luxe en profitant de spas et des meilleures délices culinaires du pays dans lequel nous nous trouvons.

Certains croient que nous faisons régulièrement des visites guidées dans les meilleures attractions touristiques avec toutes nos dépenses prises en charge par les représentants des relations publiques. D'autres pensent que nous faisons la navette entre la Thaïlande, l'Estonie, le Brésil et l'Argentine, et que nous passons nos journées dans des cafés branchés entourés d'autres nomades digitaux.

Il y a aussi ceux qui croient que nous passons nos journées à siroter un café pendant que nos doigts se défilent sur nos claviers en réalisant des articles et des récits destinés à enchanter ceux qui nous suivent de près dans nos publications magazine et sur les réseaux sociaux. Pour eux, chacune de nos journées idylliques se termine dans un hamac sous les palmiers d'une plage immaculée pendant que nous contemplons le coucher du soleil avec un cocktail de fruits ou une bonne bière frappée à la main et notre ordinateur portable sur les genoux pour rédiger nos articles.

Pour ma part, je n'ai jamais eu l'occasion de rédiger un article en me détendant dans un hamac au bord de la plage. Il n'empêche que la nature de mon travail me permet de profiter d'un certains avantages. Ces différents types de scénarios sont vraiment la cerise sur le gâteau pour tout rédacteur de voyage. Et lorsque je complète plusieurs jours voire semaines de travail acharné, je peux bien me permettre d'en profiter.

La plus grande partie de l'iceberg, je dirai même 90%, de la rédaction de voyage, reste sous la surface de l'eau. Je vous avoue que c'est beaucoup moins excitant. C'est tout à fait banal.

Pour de nombreuses personnes, mes tâches quotidiennes ne seraient que des corvées qui me permettraient de profiter de la belle vie pour quelques mois chaque année.

La rédaction de voyage est un métier comme les autres. Il ne s'agit pas de bière et de quilles. Il faut vraiment travailler pour pouvoir profiter de ces avantages.

Dans les coulisses du métier

Passer des heures stupéfiantes en ligne, parcourir des sites comme Writer Market, rechercher des magazines pour ma liste de distribution

Rédaction et envoi de centaines de requêtes par courriel aux éditeurs, présentant mes dernières idées d'articles

Passer de longues heures à réaliser des articles qui peuvent intéresser mes clients ainsi que mes suiveurs, dans le respect de mes différents délais de publication

Envoi des articles terminés aux représentants des relations publiques ou du marketing des destinations pour la vérification des informations

Parcourir les articles publiés précédemment pour voir ce que je peux en tirer de plus afin de générer le plus de revenu possible pour chaque article

Souffrir de vols interminables et du décalage horaire subséquent à chaque destination. Ensuite, essayer d'avoir l'air intelligent lorsque je suis en train d'interviewer quelqu'un alors que je suis encore en décalage horaire.

Envoi d'e-mails de politesse pour solliciter l'assistance voyage (RTA) aux organisations de marketing de destination, demandant l'hébergement, les repas, l'accès aux attractions touristiques, des guides, le transport, comme mes missions rémunérées ne couvrent pas mes frais de voyage

Montrer un intérêt particulier et une appréciation sincère pour les visites de familiarisation, même si une attraction ne m'accroche pas vraiment

Il ne s'agit là que de quelques-unes des nombreuses tâches nécessaires pour se ressaisir en tant que rédacteur de voyage indépendant. C'est le prix à payer pour ces quelques mois de voyage glamour dont nous profitons sans la moindre encombre.

Si vous souhaitez vous lancer dans ce domaine, lisez cet article et revenez-vers moi, après au moins une année d'expérience, pour me dire si j'avais tord.

Les leçons à en tirer

Le travail à distance, le voyage et l'expatriation sont des éléments qui peuvent être combinés d'innombrables façons pour une carrière réussie. Pour éviter de vous faire piéger, prenez suffisamment de temps pour faire vos recherches avant de partir. Cela vous sera très utile.

N'oubliez jamais qui sont vos véritables « clients ». Ceux qui achètent ce que vous vendez en tant que pigiste sont des éditeurs. S'ils n'ont pas envie de publier votre matériel, vos idées créatives n'iront jamais au-delà de votre journal ou de vos lettres à vos proches dans votre pays d'origine.

En tant que blogueur, vos clients sont vos lecteurs réguliers, mais aussi les offices de tourisme ou les marques qui peuvent vous proposer du travail. Gardez en tête que si vous n'êtes pas à l'aise à l'idée de vous commercialiser ainsi que vos idées, ce métier n'est peut-être pas fait pour vous. Être rédacteur de voyage ou blogueur, du moins jusqu'à ce que vous soyez bien établi, c'est 90% de marketing et 10% d'écriture.

Article traduit de Travel writing for expats