Infectée par le COVID-19, une expatriée colombienne contrainte de changer de carrière

Vie pratique
Publié le 2020-08-24 à 15:17 par Javier Olivas Alguacil
Hanny a vu comment la réalité de son travail a radicalement changé cette année. Accompagner les mamans en pré et post-partum est une tâche qui demande proximité, empathie et confiance, mais ce processus d'accompagnement a été perturbé par la crise sanitaire et ses impositions de distanciation sociale et d'isolement. En même temps, l'expat colombienne qui vit en France a attrapé le virus et a aussi été contrainte à rester au lit pendant plusieurs semaines.

Colombienne, anthropologue et accompagnatrice périnatale, Hanny vit en France et raconte son expérience au cours de cette année marquée par la crise sanitaire du COVID-19. Elle a contracté le virus il y a quelques mois et a surmonté cette épreuve, mais en cours de route, elle a dû faire face à la complexité du confinement et de l'équilibre travail-vie personnelle. Elle travaille principalement en accompagnement de femmes hispanophones pendant la grossesse et pendant et après l'accouchement. Mais le contexte actuel l'a obligée à adapter son modus operandi et à développer son travail à distance. Comme beaucoup d'autres personnes, elle a dû faire preuve de résilience, réinventer son quotidien pour regarder vers l'avenir avec espoir et optimisme.

Quel a été l'impact de la crise sanitaire du COVID sur votre vie professionnelle ?

Ca a été catastrophique, depuis mars je n'ai pas pu travailler. Premièrement, parce que j'ai attrapé le virus et que pendant près de deux mois j'étais faible, au lit presque toute la journée sans la force de me lever et avec des symptômes qui m'empêchaient de quitter la maison. Quand j'ai récupéré, j'ai voulu reprendre la publicité sur Facebook, ce que je fais généralement pour attirer les clients puisque je suis entrepreneur indépendant, mais j'ai été surprise d'apprendre que dans les hôpitaux notre présence n'était plus autorisée. Au début de l'accouchement, même le père n'était pas autorisé dans la salle d'accouchement. Pour le suivi pré et postnatal, il y a beaucoup de peur à laisser entrer un inconnu dans la maison, qui peut avoir le virus, donc mai et juin n'ont pas été des mois très productifs financièrement. Avant de me retrouver en situation économique précaire, j'ai décidé de faire une formation d'instructeur de «Zumbini» (zumba pour bébés et jeunes enfants) et j'y travaille actuellement.

Comment abordez-vous ces gros changements ?

Ma vie professionnelle est entièrement sans dessous à cause de cette pandémie. Cependant, je prépare toujours un examen que je souhaite passer en avril 2021 afin de devenir consultante en lactation certifiée, qui me permettra d'ouvrir mon propre cabinet et peut-être de retrouver mes revenus d'avant la crise sanitaire.

Quelles leçons avez-vous tirées de cette expérience ?

Eh bien, la première est que ma santé n'était pas aussi bonne que je le pensais. Cette maladie a attaqué des gens comme moi : qui dorment peu, qui passent la journée et la nuit à boire du café pour rester éveillé, qui passent beaucoup de temps devant l'ordinateur et prennent peu de lumière du jour et d'air frais, qui mangent de tout et qui ont de faibles systèmes immunitaires. Je ne veux pas que cela se reproduise et j'essaie de mieux manger, de dormir plus et d'avoir un mode de vie plus sain en général.

Pourriez-vous donner des conseils aux personnes qui pourraient traverser cette même situation ?

J'ai écrit un article en compagnie d'un épidémiologiste qui résume une série de conseils pour prévenir la propagation du COVID-19 et gérer les symptômes s'ils ont attrapé le virus mais sont chez eux. Et en dehors de la santé physique, je pense que COVID-19 est un test, un défi qui nous oblige à repenser notre rythme de vie, à être innovant comme j'ai dû le faire maintenant pour continuer à gagner un salaire qui paie le loyer et la nourriture, et profiter des petites choses de la vie comme la possibilité de sortir, profiter d'un parc, de la forêt, de la nature. Tout ce qui nous a été enlevé pendant le confinement.