
Le bilan de la pandémie de COVID-19 s'alourdit jour après jour en Amérique, avec plus de 4,3 millions de cas et près de 150 000 décès aux États-Unis, suivis du Brésil avec plus de 2,4 millions de cas et plus de 87 000 décès. Ces deux pays figurent d'ailleurs sur la liste rouge des destinations dont les citoyens sont soumis à des interdictions de voyage. Une situation alarmante qui, bien évidemment, suscite l’inquiétude des expatriés présents sur place, d'autant que les gouvernements étrangers recommandent fortement à leurs ressortissants de rentrer sans plus tarder. Nous avons recueilli les témoignages de quelques expatries aux États-Unis et au Brésil sur l'évolution de la situation.
Insécurité et mécontentement aux États-Unis
Même si les avis sont assez mitigés sur la situation aux États-Unis, un sentiment d'insécurité s'est installé depuis le mois de mars quand surgissent les premiers cas de COVID-19. C'est ce que nous dira Olivier, un Français qui vit aujourd'hui en Californie avec son épouse tandis que leur fille vit à Los Angeles. « C'est tout simplement dramatique. On a, à ce jour, plus de 140,000 morts et 1/3 des Américains contaminés. La Californie a été le premier État des 50 États américains à mettre en place un confinement généralisé. Celui-ci a été levé progressivement en mai mais, actuellement, ça reconfine. Les bars, les restaurants, les salons de coiffure, etc., sont soumis à des restrictions importantes en fonction de l'état des infections dans le comté ». Maé, qui vit à Hawaï, abonde dans le même sens : « On a l'impression de vivre dans un autre monde, un pays dont le gouvernement dénigre la science (quand ils dit : « Ne laissons pas la science décider si on peut rouvrir les écoles »), un pays qui donne plein d'argent aux entreprises mais ne se donne pas les moyens de faire suffisamment de tests et de traçage pour assurer la santé de la population ».
Marion, expatriée française vivant dans le Tennessee, les rejoint. « Je suis outrée de la façon dont la première puissance mondiale a géré la crise et est devenue la risée du monde (à juste titre).
Depuis un mois, le nombre de morts augmente à nouveau aux États-Unis. Le problème c'est que chaque état, chaque conté, voire chaque ville, décide de ses propres mesures pour lutter face au virus. Enfin, une bonne partie des gens ici crient au complot gouvernemental et médiatique alors qu'en fait beaucoup n'en ont rien à faire et vivent normalement ». Comme Olivier et Maé, elle déplore également l'absence de mesures fermes au niveau fédéral. « On est à moitié confinés par endroit, puis on déconfine, puis on reconfine, par ci par là. C'est une blague en bande organisée. Le nombre de morts va exploser d'ici la fin de l'année. ».
Du côté de Los Angeles, Lisa estime que les médias influencent beaucoup les esprits. « Mes parents pensent que si on sort dans la rue on va tomber raides morts. Mes amis ont peur de toucher les poignées de portes. Quand on regarde les chiffres, le nombre de morts est en baisse. Je suis en « quarantaine » depuis environ 4 mois et demi, mais personnellement, j'en ai ras le bol du monde entier qui tape sur les États-Unis alors qu'en France tout le monde se fait des petits barbecues, des soirées piscine ou sortent au restaurant tranquilles, mais sinon c'est les États-Unis les méchants ». Elle évite toutefois de sortir, dans la mesure du possible, et a adopté les gestes barrière comme se laver régulièrement les mains.
Marion avoue, pour sa part, qu'elle se sent clairement moins en sécurité qu'en France dans la mesure où la France a été beaucoup plus ferme sur la gestion de la crise. « J'ai beau travailler à la maison et éviter les lieux publics, je pense qu'il y a de fortes chances que je sois contaminée un jour ou l'autre, en attendant un vaccin. Cependant je ne rentrerai pas en France car ma vie est ici pour l'instant ». A David, expatrié à Los Angeles, d'ajouter que : « Si j'avais été célibataire, je pense que j'y aurai réfléchi plutôt deux fois qu'une pour rentrer en France ». Selon ses dires, même si le port du masque est obligatoire en Californie, beaucoup de personnes ne le portent pas et on ne risque pas grand chose. « Les plages sont ouvertes près de chez moi et c'est comme avant : les gens font du vélo et courent sans vraiment respecter les règlements. Les gens ne portent pas de masque, pour la plupart, mais les sauveteurs ne disent rien. Chaque ville décide un peu comme elle veut. Par exemple, la Police Locale de Redondo Beach refusait de verbaliser les gens le week-end du 4 juillet pour non port du masque . Cela a sûrement évolue depuis, enfin j'espère ».
A Hawaï, selon Fabien, les militaires qui s'y sentent en sécurité et donc ne portent pas de masque, ainsi que ceux ayant 20-29 ans pensent qu'ils ne risquent rien, donc ne prennent pas de précautions et propagent le virus. S'agit-il d'une situation généralisée ? Il faut croire que oui ! « Dans ma ville, Nashville, il y a un « face mask mandate », mais en réalité, il n'est pas respecté complètement par les habitants. Je suis allée chez le docteur la semaine dernière. Personne ne portait de masque à part moi, pas même le docteur et les infirmières. C'est invraisemblable ! » s'insurge Marion.
Du côté de la Virginie, toutefois, selon Jose, les autorités veillent à ce que l'obligation de port du masque dans les lieux publiques et dans certains commerces soit respectée. « Il y a aussi eu une campagne de communication intense via tous les médias possibles, sans parler des tests gratuits et en rotation dans différents quartiers du compté où nous sommes ».
Interrogés sur leur quotidien depuis le début de la crise, tous nous avouent que même s'ils ont adopté les gestes barrière comme se laver régulièrement les mains, ils évitent de sortir quand ce n'est pas nécessaire. « Depuis le début de cette histoire, c'est-à-dire mars, mon épouse et moi-même sommes restés à la maison. Nous ne sortons presque jamais, sauf pour se rendre au supermarché pour faire des courses, du moins les courses que nous ne pouvons pas faire en ligne », nous dira Olivier. Jose, en revanche, va un peu plus loin. « Nous avons adopté toutes les bonnes habitudes (port de masque, lavage régulier des mains, distanciation sociale...) et faisons également en sorte que les enfants prennent toutes les précautions nécessaires. Nous sortons prendre l'air dans le quartier et pour faire nos courses, en restant vigilant, et continuons à voir nos proches de temps en temps ».
Marion, qui va travailler à distance au moins jusqu'à la fin de l'année, sort le week-end uniquement dans des lieux en extérieur comme State Parks. « Je ne touche à rien et lorsque je dois toucher, je me désinfecte les mains en attendant de pouvoir les laver. Évidement, je mets mon masque dès que je sors de chez moi ». Concernant le port du masque, justement, l'avis de Sylvain, expatrié en Floride, est plutôt intéressant. « Quand on porte un masque ici, on a l'impression de voter anti Trump, donc il faut être prudent ! ».
Le désespoir au Brésil
Au Brésil, la situation s'aggrave au fil des jours, d'autant que la mise en place des mesures de protection a pris trop de temps. D'ailleurs, le président Bolsonaro s'est prononcé à maintes reprises contre le confinement depuis le début de la pandémie, accusant les médias de semer la panique et la paranoïa. John, un expatrié américain au Brésil, estime que la situation va s'empirer davantage au Brésil, entraînant la mort d'encore des milliers d'innocents. « C'est vraiment désolant de voir tant de gens qui meurent et d'autres qui n'ont plus les moyens de nourrir leurs familles ». Il pense d'ailleurs que les tests de dépistage devraient être plus accessibles et que tous ceux qui ont été en contact avec des personnes infectées devraient être retracés au plus vite à des fins de traitement. Que fait-il pour se protéger ? « Je porte toujours un masque et des gants lorsque je vais faire mes courses ou acheter des médicaments et j'utilise toujours le gel hydroalcoolique quand c'est disponible. Aussi, pour éviter de m'exposer, je sors le moins possible et me fais livrer mon déjeuner ». Mais les gestes barrière adoptées par John ne s'arrêtent pas là ! « Quand je suis dans la rue et que vois une personne qui ne porte pas de masque, soit je l'évite, soit je traverse la rue ou je fais demi-tour carrément ! ».



















