Svetlana à Osaka : « Le lieu m'a enchanté ! »

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Publié le 2015-08-06 à 00:00 par Expat.com team
Jeune expatriée française, Svetlana a fait ses valises en septembre 2014 pour aller vivre une expérience en Permis Vacances-travail au Japon. Elle vit depuis une dizaine de mois à Osaka où elle peut perfectionner son japonais tout en s'adonnant à sa passion de blogueuse et de photographe.

D'où viens-tu Svetlana, que faisais-tu avant d'arriver au Japon et que fais-tu actuellement ?

Je viens de France. Être plus précise est un peu compliqué mais je dirais de la région lyonnaise avec 4 ans d'études à Poitiers dans le domaine de l'art. Avant de venir au Japon, j'ai étudié en DNSEP (diplôme national supérieur d'expression plastique) que j'ai quitté en cours de 5ème année, puis j'ai tenté de travailler à mon propre compte pendant 6 mois sans grand résultat. Un peu perdue, j'ai finalement décidé de mettre les voiles pour un an au Japon, et réfléchir à mon avenir. Résultat, je vis actuellement à Osaka et je travaille dans une guesthouse (une pension) en échange puis à temps plein dans un bar de la même entreprise.

Depuis combien de temps es-tu à Osaka ? Qu'est-ce qui t'a donné envie d'aller y vivre ?

Je suis à Osaka depuis le 13 Septembre 2014. Je viens de finir mon 10ème mois, ce qui me rapproche de plus en plus de la fin du visa... Au début de mon Working Holiday Visa (WHV), je ne pensais pas rester à Osaka un an. Je voulais commencer mon voyage dans le Kansai, Kyoto et Osaka étaient mes deux options. J'ai répondu à des propositions pour travailler en guesthouse et avoir un logement gratuit en échange. La guesthouse d'Osaka m'a donné une réponse positive après un entretien skype. Puis à mon arrivée à Osaka, le lieu m'a enchanté ! Que ce soit l'équipe, le travail, la vie en général à Osaka, tout me convenait. Après une discussion avec la manager j'ai finalement opté pour rester à Osaka plus longtemps. Ce « plus longtemps » s'est finalement retrouvé être la totalité de mon WHV.

Comment vis-tu ton expérience en Working Holiday Visa au Japon ? Que t'apporte-t-elle ?

Mon expérience en WHV au Japon est exactement ce que je recherchais en quittant la France : améliorer mon japonais, prendre du recul avec la famille et les amis afin de savoir qui je suis et ce que je veux faire, découvrir des lieux, des gens, échanger, etc. C'est une expérience qui m'a permis de trouver ce que je voulais faire plus tard, et de me couper de mes expériences précédentes qui me pesaient. Je suis sortie d'un milieu artistique avec l'envie de travailler dans des lieux d'accueil, mais à la suite des études j'étais incapable de l'affirmer. Aujourd'hui avec plus d'un an passé dans une guesthouse, je peux enfin dire que je souhaite continuer à vivre dans un tel lieu, voire le créer. C'est aussi ma première longue expérience de voyage loin de la France et je doute que ce ne soit la dernière !

Quelles ont été les démarches pour pouvoir accéder au WHV Japon ? As-tu rencontré des difficultés pour l'obtenir ?

Les démarches sont simples pour le WHV au Japon. La plus grosse contrainte est sans doute financière puisqu'il faut justifier posséder 4 500€ soit 3 100€ pour un billet aller-retour de 6 mois avec retour modifiable, ce qui fait de ce WHV celui où la condition financière est la plus élevée. Le reste du dossier doit comporter un justificatif de domicile, une photo d'identité, un certificat médical, ledit formulaire de demande, un CV, une lettre de motivation et le programme de votre séjour. Ce programme sert surtout à vérifier que vous vous êtes renseigné sur les petits boulots réalisables et sur le salaire japonais, il n'est en rien une fiche de suivie. Pour ma part, je ne l'ai absolument pas respecté. Le bémol suivant est le dépôt du dossier, étant de la région lyonnaise, il m'a été facile de me rendre sur place mais pour ceux qui sont un peu éloignés c'est une contrainte. Le visa peut quant a lui être envoyé à votre adresse ou être retiré sur place. Il faut enfin compter une semaine pour l'obtention.

Que peux-tu nous dire du coût de la vie à Osaka et au Japon en général ?

J'ai l'impression qu'en général les Français pensent que la vie au Japon est chère. L'on associe de manière inconsciente la qualité à un prix élevé, et donc nous projetons que le Japon est cher. Actuellement, la vie est moins chère qu'elle n'y paraît. Pour le logement, il semblerait que pour 750€ environ l'on puisse trouver quelque chose de bien à Osaka en plein centre ville. Après pour la nourriture, il faut juste arriver à changer ses habitudes. C'est vrai qu'une petite courgette à 2€ paraît chère, mais l'on trouve des pâtes à 0.20€ ! Les restaurants aussi sont moins chers qu'en France, l'on peut manger pour 13€ le soir, même en weekend pour un repas copieux. Les transports peuvent paraître chers si l'on regarde le prix du Shinkansen mais il existe des low cost même au Japon avec Peach Airways et JetStar. Un Aller-retour d'Osaka à Kagoshima, en comptant les métros et bus, revient à moins de 100€ par exemple. La vie n'est pas plus chère qu'en France, il faut juste apprendre où chercher. Enfin à l'heure actuelle, le cours du Yen est aussi faible, ce qui est plutôt un avantage pour ceux qui utilisent leurs sous d'Europe.

Est-il facile de trouver un logement à Osaka ?

Il existe en effet plusieurs solutions de « share house » et de guesthouse avec « long term stay plan ».

T'es-tu adaptée rapidement à ton nouvel environnement ? As-tu réussi à tisser des liens avec la population japonaise sans difficulté ?

Je n'ai eu aucun problème d'adaptation au Japon. J'ai la chance de vivre dans une guesthouse où le staff majoritairement japonais a voyagé et continue de voyager. Si au début mon japonais n'était pas parfait, j'avais toujours l'anglais en secours pour comprendre et me faire comprendre. Quant aux liens, parlant japonais, j'en ai tissé plein et j'en tisse encore. Voyageant parfois seule à travers le Japon, il m'est arrivée de me faire inviter par des Japonais à un barbecue et une partie de pêche par exemple. J'ai reçu des cadeaux de la part de Japonais qui étaient ravis de parler avec une étrangère intéressée par leur culture et j'ai des souvenirs fantastiques de chacun de mes voyages.

Quelles différences t'ont le plus marqué entre la vie en France et la vie au Japon ?

Avant de venir au Japon j'avais déjà une idée de la vie sur place assez juste. J'ai donc toujours des difficultés à répondre à cette question. Je dirais déjà les rapports dans le travail, peut-être parce que j'ai eu la chance de ne travailler que dans des endroits assez « familiaux », mais l'entraide, le respect, la sérénité, les échanges, sont des points clefs que j'ai rencontrés ici. Il y a des mots intraduisibles en français comme « otsukaresama » que l'on échange à la fin du travail et qui témoigne du respect du travail de l'autre. Personne ne dit « merci » à la fin de sa journée de travail à ses collègues en France, mais ici c'est naturel. Comme aller boire un verre avec toute son équipe de travail dont son directeur d'entreprise, et le lendemain travailler comme si de rien n'était. La propreté des villes, des rues et des toilettes, peu importe où l'on est et où l'on va. Et enfin la qualité du service en général, que ce soit pour demander son chemin dans la rue, ou dans le travail. Si en France « le client est roi », au Japon « il est dieu ».

Une anecdote particulière que tu aimerais partager avec nous ?

A Kyoto, il y a un spectacle non-verbal de performance qui est assez connu : GEAR. Pour faire sa promotion, le théâtre a offert deux places à la guesthouse où je travaille. J'en ai donc profité pour y aller avec un ami japonais qui d'ordinaire vit en Inde. A la fin du spectacle, une enquête rédigée en japonais et en anglais est distribuée à tout le monde. Une des questions de cette enquête est « d'où venez vous ? ». Comme nous étions venus d'Osaka j'ai répondu naturellement « Osaka ». Mon ami a alors explosé de rire : « Tu es vraiment originaire d'Osaka ! », car oui plutôt que « de France » j'ai répondu « d'Osaka », et sans y réfléchir à deux fois. Depuis, tout le monde en rit et me répète que, pour une Japonaise d'Osaka, je parle décidément très bien français !

Décris-nous ta journée type à Osaka.

Levée à 9h30, je déjeune rapidement en regardant quelque chose sur internet : musique, animé ou drama. Puis à 10h50, je descends pour attaquer la journée de travail avec le ménage. De 11h à 14h, nettoyage des chambres de la guesthouse. A 14h, c'est la pause repas, parfois avec les collègues en bas ou bien à l'étage en regardant à nouveau quelque chose sur l'ordinateur. Puis, après une bonne douche, après-midi tranquille qui varie entre : traitement des photos, écriture du blog, repos, course pour les repas, Skype avec la famille et les amis, etc. A 16h, je descends au bar pour mon second job. De 16h à 17h, il me faut préparer l'ouverture, puis de 17h à minuit je suis de service, épaulée de 18h à 23h par un(e) collègue. De minuit à 1h, je range le bar pour le lendemain. Enfin vers 1h30, je me couche. Parfois j'épaule le barman régulier et je ne travaille donc que de 18h à 23h, ce qui me permet de profiter de mon après-midi pleinement.

Des loisirs ou activités préférées pour occuper ton temps libre ?

Je m'arrange la plupart du temps pour regrouper mes repos et partir en voyage. Si j'ai trois jours, c'est amplement suffisant pour voler jusqu'à Hokkaidô ou Yakushima par exemple. Sinon j'ai un intérêt assez poussé pour le Baseball et il m'arrive d'aller voir des matchs de temps à autre, professionnels ou alors du côté de Yodogawa où des amateurs jouent. Avec le Koshien, tournois national lycéen, je vais sans doute voir plein de matchs. Sinon j'aime marcher et prendre des photos, avec l'écriture du blog en plus j'avoue que cela occupe bien mon temps libre.

Quels sont tes projets d'avenir ?

Après le Japon, en septembre, je pars pour l'Australie 1 mois dans les environs de Sydney. Puis direction la Nouvelle-Zélande où, avec ma sœur, nous allons voyager 2 mois. Le Japon a été une expérience extraordinaire qui m'a donné envie de travailler en guesthouse et d'ouvrir mon propre lieu, mais je manque d'expérience. C'est pourquoi pour l'heure, j'envisage de continuer à voyager en WHV, sans doute en Nouvelle-Zélande pour le second. L'on me propose aussi de m'embaucher ici à Osaka en tant que staff régulier, et j'avoue que l'expérience est tentante, mais j'ai du temps devant moi pour me décider. Tout d'abord, je souhaite rentrer en France pour me couper du Japon et profiter des WHV tant que je le peux, mais si le Japon me manque trop, je postulerais sans doute.

Quels conseils souhaiterais-tu donner aux jeunes expatriés qui ont pour ambition de se lancer dans un Working Holiday Visa au Japon ou alors de s'y installer ?

Le WHV au Japon est facile d'obtention. Cependant, penser que seul l'anglais est suffisant est une erreur. Bien que les petits boulots de professeurs de langue existent, le japonais reste un point clef de votre réussite. Le japonais s'apprend et les mairies proposent souvent des cours gratuits pour les étrangers. De plus, les propositions comme le WOOFing ou le logement et la nourriture en échange de tâches domestiques se popularisent au Japon. Ces propositions permettent de ne pas se retrouver isolé et d'économiser les dépenses du logement qui sont toujours un gros investissement, surtout au début lors de la période d'adaptation, de la recherche d'un logement et d'un travail. Il y a aussi des secteurs plus porteurs que d'autre, les Français restent recherchés dans les domaines de l'IT et de la création en général. Cependant, un boulot de serveur est plus compliqué à trouver si votre japonais est moyen. Un Chinois ou un Coréen est plus recherché qu'un Français à Osaka en tout cas, car la population de touristes asiatiques y est très élevée. A Kyoto, cela peut-être différent. Après, il faut se donner les moyens de réussir. Quand on cherche bien, on trouve, au Japon comme ailleurs.

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