Thierry : « Cagayan de Oro est une ville dynamique et en constante expansion »

Interviews d'expatriés
Publié le 2015-05-06 à 22:00 par Expat.com team
Thierry, retraité français, s'est expatrié aux Philippines en 2009. Installé à Cagayan de Oro depuis quatre ans, il mène une vie active en tant que lecteur-correcteur et membre d'un comité de lecture...

D'où viens-tu, Thierry, et que fais-tu actuellement ?

Né en 1945, j'ai été licencié en Droit, puis, diplômé d'études supérieures de Droit Privé. Je suis en retraite aux Philippines depuis 2009. J'ai derrière moi 40 ans de carrière comme conseiller en Droit des sociétés et avocat spécialiste en Droit des sociétés et fiscalité. Arrivé à la retraite, pas question de rester à ne rien faire. Bien qu'expatrié aux Philippines, les moyens de communication modernes m'ont permis d'être lecteur-correcteur, puis, membre du comité de lecture des Éditions Hélène Jacob.

Comment s'est passée ton installation aux Philippines ?

« À la hussarde » ! Je n'avais pas un sou en poche. J'ai eu de la chance.

Qu'est-ce qui t'a attiré vers Cagayan de Oro ?

Rien au départ. Cela s'est fait tout naturellement. Étant provisoirement sans revenu, il m'était impossible de louer quoi que ce soit. J'ai eu la chance que la famille de ma compagne mette une maison à notre disposition, gracieusement, à proximité de Cagayan de Oro. Je me suis donc retrouvé sur Mindanao par la force des choses.
Après plus de 6 ans, j'y ai fait mon trou et je m'y sens à l'aise. La ville est dynamique et pour ceux qui sont intéressés, le site officiel de la ville, qui se nomme elle-même « La Ville de l'Amitié en Or » est intéressant à consulter.

Depuis combien de temps t'y es-tu installé ?

Depuis plus de 6 ans. J'ai d'abord passé deux à trois mois sur Manille, ensuite deux ans dans la campagne profonde des Philippines, à proximité de CDO, et finalement à CDO depuis plus de 4 ans.

Quelles étaient les procédures à suivre pour qu'un citoyen français s'expatrie aux Philippines ?

La question ne m'a pas effleurée avant de partir. Bien que non-résident au regard de la loi française, je suis toujours un Turist pour la loi Philippines. J'ai débarqué aux Philippines le 1er janvier 2009 avec mon passeport et ma valise. Lorsque vous arrivez, le bureau d'immigration de l'aéroport vous donne un visa gratuit (21 jours en 2009), aujourd'hui de 30 jours.
Avant l'expiration de ces 30 jours, vous pouvez le renouveler pour un mois. Ensuite, vous pouvez le renouveler de deux mois en deux mois jusqu'à ce que vous atteigniez une durée totale de trois ans. Il vous faut alors quitter le territoire des Philippines pour un jour. Vous pouvez, par la suite, revenir dans les mêmes conditions (30 jours, puis un mois, puis de deux mois en deux mois pour 36 mois au total). Je suis donc un éternel touriste.

Qu'est-ce qui t'a le plus surpris à ton arrivée à Cagayan de Oro ?

Dès mon arrivée, j'ai fait connaissance avec les Philippines profondes. Je me suis retrouvé à vivre dans un endroit uniquement fréquenté par des Philippins parmi les plus pauvres de l'échelle sociale. L'impression que j'en ai retirée ne va pas cesser de se confirmer par la suite. Les chocs que j'ai ressentis, moi Français, en arrivant dans ce pays, non pas en tant que touriste, mais pour y vivre et y finir mes jours, c'est qu'on est très loin des clichés de carte postale. Quand vous parlez des Philippines à un Français, il pense aussitôt aux cocotiers, plages de sable blanc, eaux turquoise... La réalité est loin de tout cela. S'il est exact que certains secteurs très touristiques peuvent être vus et appréciés de cette façon, la majorité du territoire est très différente. Aussi, le réseau électrique urbain est impressionnant et inquiétant à la fois ! Les incendies sont fréquentes ici.

As-tu eu des difficultés à rechercher un logement ? Quels sont les types de logements qui y sont disponibles et accessibles aux expatriés ?

Les logements sont disponibles et je n'ai jamais rencontré de difficulté majeure. Le seul problème, c'est que les propriétaires ont tendance à réclamer 12 chèques antidatés pour s'assurer du paiement du loyer pendant un an. Personnellement, j'ai toujours refusé, prétextant que je n'avais pas de chéquier. En outre, l'expérience m'a appris que le seul moyen d'obtenir d'un propriétaire Philippin qu'il respecte ses obligations, c'est de suspendre le paiement du loyer, ce qu'autorise expressément le code civil. Autrement, s'il a vos chèques en poche, il fera la sourde oreille. Malgré mon opposition, on n'a jamais refusé de me louer.
On y trouve toutes sortes de logements : maisons individuelles, appartements (ce qu'ils appellent ici « condos »), en subdivision ou pas. Il faut juste faire attention et se renseigner sérieusement avant, pour être certain de ne pas être dans une zone inondable. Je l'ai appris à mes dépens et j'ai failli en mourir noyé.
Les loyers vont de 6 000 à 7 000 php par mois pour une simple chambre studio confortable, à 60 000 php par mois et plus pour les plus belles maisons. On peut trouver des maisons à 10 000 php par mois, hors subdivisions. Dans les subdivisions (résidences gardées entourées de murs), les prix vont de 20 000 à 50 000 php par mois et plus.

Que penses-tu du mode de vie des Philippins ?

Il y a autant de modes de vie que de Philippins ! Difficile de répondre à une telle question. Les Philippins des grandes villes ne vivent pas comme ceux des Philippines profondes et nous sommes chez eux. Donc, nous n'avons pas à juger, mais nous adapter. Je reconnais que c'est parfois difficile. L'extrême pauvreté du pays pousse parfois les habitants à des attitudes que nous supportons difficilement.
De là découle toute une série de comportements qui peuvent nous choquer : le bruit (ils n'imaginent pas qu'ils puissent gêner d'autres personnes en parlant haut et fort, dans la rue à 2 heures du matin), les ordures (elles sont jetées directement n'importe où), la conduite automobile (pour le moins folklorique et dangereuse des Philippins).

As-tu eu des difficultés d'adaptation à ton nouvel environnement ?

Non, aucune difficulté particulière. Quand on doit lutter pour sa survie, on s'adapte sans même s'en rendre compte.

À quoi ressemble ton quotidien à Cagayan de Oro ?

Je partage mon temps entre l'écriture de mon blog sur mon expérience d'expat, la généalogie, l'écriture de mes e-books, mon activité pour les Éditions Hélène Jacob et la musique. Pas le temps de s'ennuyer ! Je passe donc le plus clair de mon temps devant mon ordinateur qui est, tout à la fois, ma discothèque et ma bibliothèque, ma fenêtre sur le monde et mon outil de contact.

Que fais-tu pendant ton temps libre ? Quels sont les loisirs accessibles aux expatriés ?

Tout mon temps est du temps libre, puisque je suis en retraite, et se confond avec mes activités. Côté loisirs, Cagayan de Oro n'est pas un lieu touristique. Les amateurs de rafting le savent et je crois que la Cagayan de Oro River est réputée dans le monde entier pour cette activité. Nous avons aussi, à proximité le Dahilayan Park où les plus intrépides peuvent s'éclater.

Qu'est-ce qui te plait le plus à Cagayan de Oro ?

CDO est une ville dynamique et en constante expansion. Il n'est que de voir le nombre de chantiers de construction dans la ville et à la périphérie. Je pense que c'est une ville intéressante pour ceux qui veulent y créer une activité.

Tes spécialités culinaires préférées ?

Je ne suis pas fan de la cuisine philippine. J'apprécie leurs adobos (sorte de ragoûts de poulet, ou de porc), mais pas trop le bulad (poisson séché frit), encore moins leur balut (œufs déjà incubé contenant un fœtus). J'ai plutôt tendance à manger à la française.

Quel est ton avis sur le coût de la vie à Cagayan de Oro et aux Philippines en général ?

Il est évident que le coût de la vie est nettement plus favorable aux Philippines qu'en France. Mais les choses risquent de changer rapidement. La chute continue de l'euro nous fait perdre une part importante de notre pouvoir d'achat. Lorsque je suis arrivé en 2009, l'euro était à 63 pesos, il est monté jusqu'au-delà de 70 php. Aujourd'hui, il est à 45 php, soit une perte de plus de 35 % augmentée de l'inflation de l'ordre de 3 à 5 % par an. C'est, finalement, aujourd'hui plus de 40 % de perte de pouvoir d'achat en moins en 5 ans. Cela étant, ma retraite me permet, pour le moment, de vivre mieux aux Philippines qu'en France.

Qu'est-ce qui te manque le plus par rapport à la France ?

Mes enfants.

Des conseils aux personnes qui souhaitent s'expatrier aux Philippines ?

Le meilleur conseil que je puisse donner aux candidats à l'expatriation, c'est de lire le maximum de blogs sur l'expérience de ceux déjà expatriés et de se faire leur propre opinion à travers ces lectures. Ensuite, chacun son tempérament, chacun son vécu, chacun sa propre expérience.

Tes projets d'avenir ?

A près de 70 ans, difficile de parler de projets d'avenir. Disons plutôt que j'espère rester en bonne santé le plus longtemps possible pour continuer les activités qui me passionnent et que j'ai évoquées plus haut.

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