Bénédicte à Fukuoka : « C'est une ville à taille humaine proche de la mer et de la montagne »

Interviews d'expatriés
Publié le 2014-07-10 à 00:00 par Expat.com team
A 26 ans, Bénédicte vit au Japon depuis 2 ans. Arrivée avec un visa étudiant pour perfectionner son japonais, elle a ensuite cherché un travail de graphiste dans le pays et s'est installée à Fukuoka...

Pourquoi as-tu choisi de t'installer à Fukuoka ?

J'ai choisi cette ville car je voulais m'installer dans une petite ville de province mais dynamique. Après avoir hésité entre plusieurs endroits, j'ai opté pour la plus grande ville d'une île dont j'avais eu un coup de coeur : Kyûshû. Je voulais aussi éviter Tôkyô, Kyôto ou Ôsaka où tout le monde va (je n'aime pas trop ces endroits non plus).

Comment s'est passée ton installation ?

Très facilement. Etant partie à la base en tant qu'étudiante, j'ai obtenu mon visa très facilement. J'ai trouvé mon logement deux mois avant mon départ (logement étudiant). En arrivant, j'ai juste eu à aller fabriquer un sceau à mon nom, m'inscrire à la sécurité sociale et aller ouvrir un compte en banque. Avec un peu d'aide de mon école !

Quelles ont été les formalités que tu as dû accomplir pour pouvoir vivre et travailler au Japon ?

Je suis d'abord arrivée avec un visa étudiant. Une fois mes études terminées je souhaitais rester au Japon. Après avoir trouvé un travail, j'ai basculé, non sans rebondissements, sur un visa me donnant le droit de travailler. Je ne pensais pas l'avoir car je n'avais pas le diplôme requis (licence). Mais grâce à mon entreprise, mon expérience professionnelle et mon école de japonais, j'ai réussi à décrocher le sésame.

Comment s'est passée ta recherche d'emploi ? As-tu des conseils à partager avec les autres membres ?

Assez facilement puisque j'ai décroché un travail dans la première entreprise à laquelle j'ai postulé. J'ai d'abord cherché des agences web sur ma ville et ai regardé leurs offres d'emploi. Trouvant une offre me correspondant, j'ai répondu à la demande puis j'ai passé deux entretiens qui ont débouché sur un contrat. Pour toutes les personnes qui souhaitent s'établir au Japon, je conseille d'y venir plusieurs fois en tant que touriste pour découvrir le pays puis sur une plus longue période grâce notamment au visa vacances-travail. La vie japonaise étant différente de l'image de celle que l'on a en France, il est important de ne pas se précipiter et de ne pas brûler les étapes. Enfin il faut être très motivé et sûr de son projet.

As-tu eu des difficultés d'adaptation (barrière de la langue, coutumes) ?

Comme c'était la 7ème fois que je venais au Japon et que j'apprenais la langue depuis quelques années, je n'ai eu aucune difficulté en particulier.

Qu'est-ce qui t'a le plus surpris à Fukuoka ?

La gentillesse des habitants. Je crois que les habitants de Fukuoka sont les plus gentils et les plus accueillants que je n'ai jamais rencontré au Japon. Autant dans le reste du Japon (surtout sur Tôkyô), je lis beaucoup de témoignages de discriminations par rapport aux étrangers rési-dant ici (regards de travers, refus d'accès à certains restaurants, soupirs et grognements, etc.), autant à Fukuoka je n'ai jamais eu rien de ce genre. Je ne suis pas traitée différemment que n'importe quel Japonais.

Les Japonais sont-ils accueillants ? Est-il facile de s'intégrer et de faire de nouvelles connaissances ?

Cela dépend des régions. Dans le sud, les gens sont en général plus accueillants et ouverts que dans le nord. Pour les gens ne visitant que Tôkyô et Kyôto cela ne sera pas flagrant mais il suffit de venir à Ôsaka ou sur Kyûshû pour se rendre compte de cette différence. Je trouve les habitants de Tôkyô bien froids maintenant.
L'intégration dépend surtout du niveau de japonais et de la capacité d'adaptation de la personne souhaitant s'installer ici. Ce dernier point est primordial à mes yeux. Sans devenir Japonais (impossible de toute façon), si on ne se rapproche pas un minimum de la façon de penser des natifs, il sera difficile de s'intégrer à long terme.
Aussi, sans parler japonais ça sera assez compliqué de se faire des connaissances et des amis. D'ailleurs, l'amitié est un concept assez complexe au Japon. Rares sont les personnes ayant beaucoup d'amis, comme nous avons en France. Il est aussi fréquent de ne pas voir ses amis pendant de (très) longues périodes (une ou deux fois par an).

Peux-tu partager avec nous un trait caractéristique de Fukuoka qui te plaît particulièrement ainsi qu'un aspect négatif ?

Fukuoka est une ville que j'aime tellement que je ne peux pas ne citer qu'une qualité. C'est une ville à taille humaine proche de la mer et de la montagne tout en étant dynamique. Elle est sûre puisque les séismes sont très rares. Enfin, la nourriture y est excellente.
Quant à l'aspect négatif, rien n'est fait pour les touristes occidentaux. Il y a très peu de traductions anglaises et de retranscriptions dans notre alphabet. Par exemple, les habitants de Fukuoka prennent assez peu le métro (cher et peu pratique) mais beaucoup les bus. Autant le métro est traduit en anglais autant les bus pas du tout mis à part 2 ou 3 grandes lignes. C'est un point que la ville doit développer si elle veut continuer son projet d'attirer des touristes non-asiatiques.

Une idée reçue sur le Japon qui s'est avérée totalement fausse :

"Les Japonais se tuent au travail". En fait les Japonais passent beaucoup de temps au bureau mais leur productivité est assez faible. Pour citer un exemple, dans mon entreprise on reçoit le planning de la semaine chaque mardi. Le mien est en général plus chargé que mes collègues mais j'arrive pourtant à tout terminer le vendredi soir, sans faire d'heures supplémentaires. Mes collègues quant à eux, restent en moyenne 2h en plus chaque soir et ne prennent qu'une demi-pause déjeuner et pourtant ils peinent à terminer le planning à temps.

A quoi ressemble ton quotidien d'expatriée à Fukuoka ?

Mon quotidien d'expatrié est le quotidien classique de millions de japonais : je vais au travail en vélo, je travaille de 9h30 à 18h30, je fais mes courses en rentrant puis prépare mon dîner avant de regarder la télévision ou mettre à jour mon blog. Enfin un bon bain et au lit. Le week-end, je profite de mon temps libre pour visiter la région et voir mes amis.

Y a-t-il une habitude locale que tu as adoptée depuis que tu vis ici ?

Il y en a tellement... Pour changer un peu des réponses classiques, je dirais "porter un masque". Ici le masque se porte dans toute sorte de situations et c'est devenu un véritable allié du quotidien : quand je suis malade, lors des pics de pollution "PM2.5", en hiver pour me protéger du froid ou lorsque je n'ai pas envie de me maquiller !

Quel est ton plat japonais favori ?

Plus un plat, un ingrédient : l'umeboshi. C'est une prune marinée assez acide. Sinon, je ne peux pas résister devant une soupe miso (surtout avec du tofu et des coquillages) ou un sanma (poisson d'automne) grillé au sel. C'est un délice.

Qu'est-ce qui te manque le plus par rapport à la France, ton pays d'origine ?

Je n'ai pas du tout le mal du pays et la vie en France ne me manque pas mais je regrette de ne pas pouvoir... manger de bonnes compotes ! C'est un dessert que j'adorais et en mangeais plusieurs fois par semaine. Hélas ici cela n'existe pas. Les pommes japonaises ne sont pas adaptées à en préparer. Dommage.

Pourquoi as-tu créé ton blog, Béné no Fukuoka ?

A la base, j'ai commencé à écrire pour que mes proches puissent suivre le voyage que j'ai fait au Japon en 2011. Puis j'ai commencé à confirmer mon projet de vivre au Japon donc tout en expliquant mes démarches, j'ai raconté divers évènements japonais à Paris. Aujourd'hui, j'essaie de faire découvrir Fukuoka, cette région mal-aimée des Français tout en écrivant sur mon quotidien.

Quels conseils peux-tu donner à ceux qui veulent s'installer à Fukuoka ?

Plus encore que dans les plus grandes villes japonaises, il est indispensable de parler japonais à Fukuoka. Pour les Français, il faut s'attendre à être plus isolé qu'ailleurs (la communauté française est très très restreinte). Attention aussi à la pollution venue de Chine PM 2.5 à la-quelle Fukuoka est particulièrement exposée. Enfin, pour ceux qui s'inquiètent de la situation à Fukushima, nos aliments viennent uniquement du sud du Japon (Fukuoka est située à plus de 1 300km).

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