A tous, je vous salue!
La semaine passée, l'Europe s'est dotée d'une nouvelle fonction. Désormais, l'Europe a son président. Herman Van Rompuy, inconnu des non belges, est ce président. Que sa nomination soit une bonne chose ou non pour l'Europe, elle est en tout cas catastrophique pour la Belgique.
La Belgique est un pays vraiment différent de beaucoup d'autres. Depuis 1830, elle est un bricolage, une sorte de puzzle construit au milieu de l'Europe. Elle est peuplée de trois communautés (néerlandophones, francophones et germanophones). Les deux premières se partagent le gâteau du pouvoir politique. Les germanophones (en grande minorité : 3%) sont oubliés, à tort.
Le problème communautaire est réel, en Belgique. Il a d'abord été politique. Les politiques flamands ne cessent d'alimenter ce feu de la haine communautaire. A présent, il est descendu dans la population. Flamands et francophones ne s'entendent plus. Mon pays est sur le point d'éclater. Qui serai-je si on me détruit mes racines ?
Ce pays que j'aimais, je n'ai plus foi en lui. Je ne crois plus en lui.
Ma région ? Quelle est-elle si mon pays ne survit pas ?
Après de longues négociations et échecs, on nous a choisi un premier ministre. Tempéré, il a calmé cet incessant jeu communautaire. Avait-on des raisons d'y croire, à nouveau ? Celui-ci s'en va pour en haut de la hiérarchie européenne, laissant à nouveau, le premier poste décisionnel dans les mains de personnes qui ne veulent plus de l'unité belge. « L'union fait la force », telle est la devise de nos contrées. Un véritable leurre à présent
Cette Belgique qui se meurt, je ne veux assister à son enterrement. La Belgique, c'est fini. La négociation politique entre communautés se résume à choisir les pompes funèbres et le type de couronne mortuaire. Le peuple n'est pas dupe.
Je ne puis pas continuer à résider dans le pays qui m'a vu naître
s'il disparaît. Belgique, je ne t'aime plus, mais je t'ai tellement aimé que je ne puis rester impuissant à ton décès. Je te tourne le dos, et je m'en vais, lâchement, en exil.
Et ce matin, mon épouse avait, par mégarde, laissé un CD dans la voiture qui me menait à mon travail quotidien. Linda Lemay parle de son pays : Bleu. N'est-ce pas une propagande pour le plus « beau » pays du monde ? Que veut-elle transmettre par ces paroles ? J'en frissonne, mais n'a-t-elle pas exagéré dans sa description de son pays qu'elle semble tant aimer ? Son pays, c'est comme le mien. Avec ses qualités et ses défauts, ses rires et ses pleurs. Mais son pays, à elle, il vit.
Le Canada et son Québec m'ont souvent parlé. Trop loin, trop risqué, inutile, que sais-je ? S'il me parle, autant lui répondre. A toi, Canada, je te pose cette question : « Voudras-tu de moi, un homme qui a perdu ses racines quelque part dans un conclave communautaire ? ». Et de mes enfants, en voudras-tu ? Une famille de 5 personnes est paumée au milieu des bois ardennais, les forêts du Saint-Laurent vont-elles nous dépayser, si tu veux de nous ?
« Si vous venez dans mon pays
Vous en ressortirez tout bleu
Et puis malgré c 'que Madame dit
Nous, d' la visite, ben on en veut ! »
Est-ce que je peux m'inviter à toi, Montréal ?
Il paraît que tu cherches des personnes diplômées ? J'ai 32 petites années et je le suis. Je suis licencié des Hautes Etudes Commerciales (HEC) de Liège. Tu dois connaître, toi qui dispose du même type d'enseignement à HEC Montréal. J'ai également une spécialisation en droit Fiscal de l'Université de Liège. J'ai gambadé dans différents secteurs, mais c'est dans le bois que je me suis établi. La gestion financière des PME (petites et moyennes entreprises) est mon dada. As-tu de la place pour moi?
J'ai trois enfants. Deux petits ket's et une toute petite fille de quelques mois. Une épouse fabuleuse qui veille sur eux, en mon absence, comme les mamans parfaites telles qu'on aurait tous tant voulu avoir près de soi.
Est-ce que tu leur plairas ? Arriveras-tu à les adopter ? Et eux, arriveront-ils à t'aimer ?
J'ai perdu mes racines, mon pays, voudras-tu être les racines de mes enfants, leur pays ?
Amicalement.
Lopic