Essayons d'être positif...

A mes amis français, saluons la victoire de la démocratie en Tunisie
27 octobre 2011
tags: elections tunisie, tnelec, tunisie
par bruno walther



Chers amis français,

Depuis dimanche, vous tentez de transformer le printemps tunisien en hiver islamiste.

Je vais probablement en choquer certains d'entre vous mais je me réjouis du bilan des élections en Tunisie.

J'entends déjà certains s'étrangler : « quoi mais comment se réjouir de la victoire d'Ennahda, quel cynisme ? »

Oui, je l'assume, le résultat des élections est une bonne nouvelle pour la Tunisie, la démocratie et le monde libre.

En tant que démocrate, je ne boude pas mon plaisir de voir une nation s'émanciper et prendre le chemin de la démocratie.

Abandonnons cinq minutes le pathos des » belles âmes européennes » et de « l'intelligentsia moderne autoproclamée » et soyons un peu factuel.

Le peuple tunisien réussit à se libérer seul de la dictature et à lancer un mouvement d'émancipation démocratique que nous n'avions pas connu depuis 1989.

En neuf mois, la petite Tunisie a bâti un processus électoral exemplaire avec une haute autorité dont l'intégrité pourrait servir de modèle à bien des démocraties occidentales. A reconstruit les listes électorales vérolées par le benalisme. A légalisé les partis politiques interdits sous la dictature, libéré les prisonniers politiques, appris à faire de la politique et à dialoguer.

Sur la forme, le processus électoral s'est déroulé dans une concorde remarquable pour un pays qui vivait, sur fond de récession et de crise économique, la première expérience démocratique de son histoire.

Sur le fond,du CPR à Ennahda en passant Ettakatol, les grands gagnants de ces élections sont les partis et les personnalités qui ont eu un comportement exemplaire sous la dictature et qui affichent un haut degré de probité morale.

Le message envoyé par le peuple tunisien est limpide. Il souhaite tourner définitivement la page du BenAlisme. En finir avec les pratiques de la dictature mais aussi avec un modèle de développement économique basé sur l'irresponsabilité sociale et la prédation économique. Avec une administration, kafkaienne en grande partie corrompue, construite, de Bourghiba à Ben Ali, non pas pour servir le peuple mais pour le contrôler.

Quitte à continuer à choquer mes amis français, la seule chose qui me choque, en tant que démocrate, est le score invraisemblable d'Aaridha qui démontre la puissance du régionalisme et des réseaux RCDistes.

Vous allez me dire Ennahda a un double discours.

Peut-être. C'est souvent la plaie des parties politiques de faire du mensonge une stratégie de prise de pouvoir.

Mais de grâce tentons de sortir de la dialectique mortifère issue du Benalisme et de raisonner librement en faisant abstraction de vingt-cinq ans de propagande.

Jugeons simplement sur pièce. Et n'oublions pas que c'est sur la base de ce programme qu'Ennahda a conquis le cœur des tunisiens. Qu'Ennahda abandonne son programme, dérive et le peuple tunisien sera se mobiliser.

Je vous le dis directement, vu de Tunis, l'hystérie des journalistes français contre Ennahda est aussi ridicule que les cris, en 2007, d'une partie de la gauche française qui nous expliquait que Sarkozy était une ré-incarnation d'Hitler.

La Tunisie est indéniablement une démocratie. La première du monde Arabe. Et c'est une très belle nouvelle.

Maintenant vous allez me dire, mais comment peux-tu investir dans un pays gouverné par des islamo conservateurs où le risque d'instabilité est si fort?

Et bien là je vais achever de vous choquer.

Ce qui menace la Tunisie ce n'est pas l'extrémisme religieux. La Tunisie est un pays historiquement ouvert et pacifique. Un des rares pays au monde qui n'a jamais déclaré la guerre à ses voisins et qui n'a jamais massacré ses minorités. Après plus de 2000 ans de pacifisme la Tunisie ne va pas se transformer, par enchantement, en peuple guerrier et intolérant. 50 ans après l'indépendance, la Tunisie est juste entrain de retrouver son identité arabe et musulmane. Et c'est plutôt une bonne chose.

Non ce qui menace la Tunisie aujourd'hui c'est la misère, la crise économique et les insupportables inégalités sociales.

Et cette misère a une cause la corruption. Elle gangrène l'ensemble de la société, pervertie les valeurs et plombe l'économie.

En Tunisie, après 25 années de benalisme, le modèle d'enrichissement ne passe pas par la création d'entreprise, l'innovation ou l'effort. Non c'est le règne du piston, des commissions et des bakchichs.

La corruption est devenue une machine à détruire la croissance, à casser les entreprises, à décourager l'effort et à faire fuir les investissements étrangers.

Et disons-le clairement il n'y aura pas de croissance durable et de créations massives d'emplois en Tunisie tant que la corruption ne sera pas sévèrement combattue, que l'effort ne sera pas récompensé et les richesses mieux redistribuées.

Ce qui menace l'investissement c'est clairement la corruption. Derrière chaque douaniers, inspecteurs des impôts, affairistes se cache un prédateur potentiel qui risque de vous braquer votre capital et vos économies. Valoriser l'effort et le respect dans une société où l'incivisme et l'individualisme extrême ont été érigés en modèle est un défi quotidien.

De ce point de vue, le résultat des élections est une bonne nouvelle.

En balayant les partis politiques issus de l'ancien régime et en plébiscitant les partis intègres qui proposent une société, moins individualiste et plus juste, les tunisiens ont envoyé un mandat impératif aux nouveaux élus : la justice.

La justice pour que les criminels et les corrompus de l'ancien régime soient enfin inquiétés.

La justice économique pour que la richesse tunisienne ne soient plus confisquée par une artistocratie autoproclamée et massivement corrompue.

La justice sociale pour que la dignité des plus faibles soit enfin respectée.

En nettoyant le système, en moralisant la vie politique et en s'attaquant fermement à la corruption, la Tunisie peut enfin se donner les armes pour créer une croissance durable capable de créer des emplois.

Les grands gagnants des élections en Tunisie ne sont pas les intégristes mais les intègres !

Et c'est définitivement en Tunisie que se dessine le monde de demain, avec ses incertitudes et ses promesses.




à méditer !

il est impoosible d'avoir une réaction "à chaud" de ce texte.
laisser du temps au temps je ne vois que cette option

louvoyer entre confiance et méfiance sera notre sécurité

mais tabler sur du long terme aujourd'hui, c'est impossible !

pat27 a écrit:

il est impoosible d'avoir une réaction "à chaud" de ce texte.
laisser du temps au temps je ne vois que cette option

louvoyer entre confiance et méfiance sera notre sécurité

mais tabler sur du long terme aujourd'hui, c'est impossible !


laisser du temps au temps c'est sur !!!!

rien n'est impossible tout est possible;)

c'est surtout un nouveau pas vers la démocratie c'est une étape mais trés importante qui nous donnera confiance et sécurité dans l'avenir...

"La Tunisie est un pays historiquement ouvert et pacifique. Un des rares pays au monde qui n'a jamais déclaré la guerre à ses voisins et qui n'a jamais massacré ses minorités. Après plus de 2000 ans de pacifisme la Tunisie ne va pas se transformer, par enchantement, en peuple guerrier et intolérant."
Ghanouchi n'a ti pas déclaré qu'il était en guerre contre israel, donc tunisie pacifiste cela peut bientot changer

Le doute s'installe-t-il chez les femmes ?

« Des jours incertains attendent la Tunisie. Oui, nous sommes désenchantés, et principalement les femmes tunisiennes, démocrates, modérées, instruites. Dans tout le Maghreb, dans tous les pays arabes, nous sommes musulmans, par essence, par naissance.
Mais en Tunisie plus qu'ailleurs, chacun était libre de vivre sa foi, sa conviction religieuse comme il l'entendait. Aujourd'hui, le doute s'installe », a indiqué Fériel Berraies Guigny, ancienne diplomate.
Cette déclaration fait suite à la victoire du parti islamiste Ennahdha aux élections de l'Assemblée constituante en remportant plus de 40% des votes et devenir la première force du pays.
Au sujet de l'alliance d'Ennahdha avec les partis démocratiques, Fériel Berraies s'est interrogée sur le droit auquel ces partis de s'allier avec ceux qui défendent des valeurs tellement éloignées des aspirations des femmes : « Nos votes ne leur ont pas donné mandat pour cela. Il n'est sans doute pas à craindre que notre pays sombre dans une théocratie à l'iranienne. Mais, nous ne sommes pas dupes, nous savons qu'ils tiennent un discours politiquement correct, histoire de construire ces nouvelles allégeances du Nord. Déjà échaudés par les orientations du CNT libyen, qui, dès le lendemain de la mort de Khadafi, s'empressait de faire référence à la Charia pour l'établissement de la future constitution, l'Europe ferme les yeux et se satisfait d'un résultat qui n'est pas un signe de progrès, notamment pour les femmes.
Sur la victoire d'Ennahdha, elle a fait savoir que « la pilule est très dure à avaler pour nous les musulmans modérés, mais nous acceptons le résultat des urnes. Le peuple tunisien, en tout cas une catégorie du peuple tunisien, a fait son choix et on l'accepte, on ne le comprend pas, mais on l'accepte.
Le retour de manivelle est là et le populisme et le pragmatisme aidant, il sera difficile de récupérer cette frange de la population. En réprimant l'intégrisme dans le pays nous l'avons quelque part aidé à mieux se construire pour le futur. Cette mouvance a bénéficié des financements provenant de l'Arabie Saoudite et de l'Iran, ils se sont structurés avec le temps ».
Fériel a indiqué plus loin qu'un un véritable Tsunami politique et historique attende notre région. « Ce qui nous attriste c'est que pour la Lybie les femmes ont été récompensées de leur bravoure par l'adoption de la Charia et de la polygamie. Quant à Ennahda, elle s'est imposée parce qu'elle s'est adressée à une population en désespérance sociale, parce que le « petit peuple » pouvait s'identifier à ses représentants qui avaient eux aussi été opprimés et qu'en prime, elle a bénéficié de certaines largesses (Arabie Saoudite, Iran).
Maintenant, et c'est tout l'exercice de la démocratie, nous comptons sur l'opposition pour limiter les dommages collatéraux et pour faire contrepoids ».

Bonsoir,
Je suis un ami Français et je trouve votre texte magnifique.
Je suis sur ce blog car j envisage de vivre en Tunisie pour ma retraite d içi peu.
Les élections n ont pas détourné mon envie au contraire.
Je vous rejoins quand vous dites que la Tunisie  est maintenant un parti démocratique. Il fallait s attendre à cette volonté d afficher une identité Arabe, il fallait s attendre à ce que la parole soit donnée à des partis reclus à la clandestinité.
Comment pouvez t on penser que ces élections aller ouvrir la voie à une social démocratie à l occidentale? Comment pouvez t-on penser que tout resterait comme au temps du benalisme sans ben ali?
Je comprends ceux qui ont peur de ne plus vivre une retraite dorée mais n ont ils jamais rien vu venir? Les dictatures ont toujours sautées un jour ou l autre et penser une stabilité aujourd hui dans l une ou l autre partie du monde est un leurre! On vit une époque formidable. Ce qui en sortira est l avenir de nos enfants.
Je suis heureux que la France prépare des élections présidentielles. Le débat en est forcément élevé. Toutes les piqûres anesthésiantes à coup de milliards d euros pour sauver un système capitaliste à l agonie ne suffiront pas tant que le système n aura pas été mis à plat. Vous démarrez le début d une démocratie, chez nous on en sonne le glas aucune consultation sur le soi disant grand sauvetage. Rien! des affaires partout une corruption immense mais l illusion d une continuité celle qui a mis des ben ali en poste chez vous et que certains regrettent
déjà. Ah la belle époque.
Merci pour votre clarté et votre humanité vous êtes une grande! je vous embrasse du fond du coeur.

"Passé un certain age,la naïveté confine à la bêtise...."

alors, d'après mes dernières conversations avec le bled
il y  a plus à craindre "de la rue" que de la nouvelle démocratie

à savoir que le risque ne sera pas prit de changer (au moins dans l'immédiat) les acquis
mais la pression "populaire" n'en sera pas moins lourde

voici le genre de p'tites phrases qui sont dans l'air de temps

Les islamistes ne vont pas imposer la polygamie ils vont juste répondre a la demande des croyants
Les islamistes ne vont pas imposer le voile... ils vont seulement harceler les femmes non voilées
etc etc

pat27 a écrit:

il y  a plus à craindre "de la rue" que de la nouvelle démocratie

à savoir que le risque ne sera pas prit de changer (au moins dans l'immédiat) les acquis
mais la pression "populaire" n'en sera pas moins lourde

voici le genre de p'tites phrases qui sont dans l'air de temps

Les islamistes ne vont pas imposer la polygamie ils vont juste répondre a la demande des croyants
Les islamistes ne vont pas imposer le voile... ils vont seulement harceler les femmes non voilées
etc etc


C'est exactement ça et il n'y aura aucun moyen de se plaindre...:proud

et pour couronner le tout le risque en France de se taper marine au deuxième tour.

perso je ne m'inquiète pas du tout des 40% d'ennahda et puis s'inquiété facon ne sert a rien...
par compte personne ne parle de l'ouverture des frontières avec la libye ?
Personne ne parle non plus des risque liés non pas à la politique d'islamiste modéré en tunisie mais au risque de pays moins modérer qui voudrait s'interesser de plus près à la tunisie et faire pression ?
qu'en pensez vous ?

Hahh Pat,
elle est fine!!
Je la demanderais bien, en mariage lol
Mais je suis trop vieux!
Mais, ne sait on jamais, comme elle est intelligente, elle ne trouvera pas de mari!!
Alors un vieux comme moi...! ne sait on jamais lol
Allez ma fille
Francis