Scolarité à l'étranger et port de l'uniforme : ce que les expats doivent savoir

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Publié le 2023-10-11 à 07:00 par Asaël Häzaq
Pour ou contre le port de l'uniforme ? Le sujet fait une nouvelle fois débat en France métropolitaine. Promotion de l'égalité, appartenance au groupe, lutte contre les discriminations, ou, au contraire, incapacité à lutter contre les inégalités… L'uniforme dépasse largement la simple question du vêtement. Quels sont les pays dans lesquels le port de l'uniforme est obligatoire ? Quels sont ceux chez qui la coutume n'existe pas ou plus ?

Ces pays où l'uniforme est la norme

Irlande, Royaume-Uni, Chypre, Malte, Australie, Nouvelle-Zélande, Liban, République du Congo, Afrique du Sud, Japon, Corée du Sud, Cambodge, Malaisie, Mexique, Philippines, Inde, Chine, Singapour, Thaïlande, Taïwan, Brésil… La liste des pays où l'on porte l'uniforme est longue, bien plus longue que celle où l'on ne porte pas. Des États comme l'Irlande, la Malaisie, la République du Congo, Chypre et le Japon font valoir l'uniforme obligatoire. D'autres, comme le Royaume-Uni, appliquent la tradition. Tradition aussi au Canada ou aux États-Unis, pays dans lesquels l'uniforme se voit plutôt dans certains établissements privés.

Même en France, où les défenseurs et les détracteurs de l'uniforme s'invectivent par débats interposés, la tenue unique est bel et bien là. Il ne faut pas en effet oublier la France d'outre-mer, où l'uniforme est la norme (Martinique, Guadeloupe, Guyane ou Nouvelle-Calédonie). En France métropolitaine, on retrouve la tenue unique dans les établissements militaires, les maisons d'éducation de la Légion d'honneur, ou encore, certains lycées professionnels.

Liberté dans le vêtement plutôt que tenue unique

Les crises de 1968 auront eu raison de l'uniforme en France métropolitaine. Jusqu'alors, la blouse blanche faisait encore de la résistance dans plusieurs établissements publics et privés. Depuis, la liberté prime. Car l'uniforme est parfois associé à des périodes sombres de l'histoire. C'est le cas en Allemagne, où la tenue unique, rappelant les jeunesses hitlériennes, a disparu à la fin des années 80. Elle refait cependant une percée timide, dans certains établissements scolaires. En Hongrie et en Bulgarie, l'uniforme évoque la période communiste. En Espagne et en Italie, des établissements privés optent pour l'uniforme. On remarque que la souplesse prime, en Europe, entre des institutions (souvent privées) optant pour l'uniforme, et d'autres préférant laisser la possibilité de choisir ses vêtements. La deuxième configuration l'emporte néanmoins sur la première.

Uniforme scolaire : vecteur d'intégration sociale ?

Faut-il instaurer l'uniforme à l'école ? La question intéresse bien entendu les familles résidant à l'étranger. Qu'on l'appelle « uniforme » ou « tenue unique », comme l'entend le président français, l'uniforme est censé rassembler et gommer les inégalités.

Avantages de l'uniforme

Cette recherche de l'égalité entre les élèves est d'ailleurs l'un des principaux avantages que ses défenseurs lui trouvent. S'habiller de la même manière met fin aux remarques désobligeantes sur le style, la présence ou l'absence de vêtements de marques, etc. Le vêtement unique renforcerait aussi la solidarité entre les élèves.

Les défenseurs du port de l'uniforme rappellent que l'enfant a besoin de marqueurs forts. Il se construit aussi en se fondant dans un groupe. Pour eux, l'enfant grandit aussi en cherchant à appartenir à un groupe. Une recherche d'appartenance indispensable, qui s'observe aussi à l'adolescence et à l'âge adulte. Or, là encore, la tenue unique permettrait de gommer les inégalités. L'apparence rendue neutre par l'uniforme encouragerait les relations plus profondes, l'esprit d'équipe, la discipline, la communication et le respect. Les élèves prendraient plus rapidement conscience qu'ils appartiennent à un établissement scolaire, et sont tous acteurs dans cet établissement. Porter l'uniforme conduirait ainsi à un plus grand respect du bien public, et un plus grand sens des responsabilités.

Enfin, fini le tri des vêtements avec la tenue unique. Pratique, l'uniforme est le même toute l'année, déclinable en version été et hiver. Des économies à la clé et un gain de temps pour tous.

Inconvénients de l'uniforme

Pour les sceptiques, si l'uniforme a le mérite de promouvoir le lien social, il ne met pas fin aux inégalités. Elles s'expriment juste différemment. Les sceptiques rappellent tout d'abord que l'uniforme a un coût qui peut être exorbitant pour les familles. Il peut certes exister des aides, mais qui ne prennent pas toujours en compte le coût total de l'uniforme.

De plus, une année, c'est long. Quelques tenues uniques ne suffisent pas toujours à couvrir toute l'année scolaire. L'usure, les déchirures, les tâches laissent des traces. Faute de moyens, des fratries se repassent l'uniforme qui ne sert plus. Il reste portable, mais a subi le poids des années. Les moqueries s'installent ici. L'élève qui porte l'uniforme défraîchi peut devenir « le pauvre », tout comme l'était celui qui n'avait pas les vêtements de marque.

Autre limite de l'uniforme : il encouragerait les pratiques sexistes. Au Japon, par exemple, des associations dénoncent régulièrement l'obligation de la jupe pour les filles. Cette jupe est d'ailleurs répandue dans de nombreux pays ayant adopté l'uniforme. Or, outre l'aspect peu pratique pour jouer dans la cour et être libre de ses mouvements, la jupe renvoie à une vision démodée des relations filles/garçons. En 2021, l'Inde a d'ailleurs opté pour la tenue mixte. Le pantalon est désormais de rigueur pour les filles comme pour les garçons.

Port de l'uniforme et liberté

Et la liberté ? À l'heure où le vêtement est bien plus qu'un simple tissu, les détracteurs de l'uniforme rappellent qu'il est tout aussi important, pour l'enfant, de préserver sa singularité. Le vêtement est un moyen d'expression simple et fort. S'il est membre d'un groupe, l'enfant est avant tout un individu à part entière. Les débats seront encore longs avant de rassembler les partisans et les opposants à l'uniforme.

Certains proposent une autre voie : oui à l'uniforme, mais pour valoriser la culture du pays. C'est le choix fait par le Ghana, qui, depuis 2021, a abandonné l'uniforme hérité de l'époque coloniale anglaise pour un uniforme hérité de la culture africaine. Certaines régions du Nigéria étaient déjà passées à la tenue scolaire 100 % africaine.