À quels défis les nomades numériques sont-ils confrontés dans le monde ?

Ce que vous devez savoir au sujet du nouveau visa de nomade numérique en Espagne

L'idée du visa espagnol a été présentée pour la première fois en janvier 2022 par la ministre de l'Économie, Nadia Calviño. Elle a fait ressortir que l'Espagne souhaitait attirer et retenir les profils étrangers pointus. Le but était d'aider les télétravailleurs et les nomades numériques à s'installer en Espagne. Le visa de nomade numérique a été officiellement approuvé par l'Assemblée nationale espagnole en novembre 2022. 

Qui est éligible pour ce visa ?

Pour faire une demande pour un visa de nomade numérique en Espagne, vous devez répondre à certaines exigences, notamment :  

• Être le citoyen d'un pays tiers. En effet, ce visa s'adresse aux personnes provenant de pays hors l'Union européenne et de l'Espace économique européen. 
• Votre entreprise doit vous autoriser à travailler à distance et vous devez disposer d'une preuve en écrit de cet arrangement.
• Vous êtes indépendant et vous avez plusieurs clients dans le monde entier, ou vous percevez des revenus de diverses activités en ligne en dehors de l'Espagne.
• Vous devez travailler à distance depuis au moins un an.
• Vous avez un casier judiciaire vierge.
• Vous disposez d'une assurance santé qui offre une couverture complète sur tout le territoire espagnol. 
• Vous êtes en mesure de prouver votre expérience et vos connaissances techniques dans votre domaine. Mettez en valeur votre expertise et vos qualifications.
• Si vous travaillez pour une entreprise étrangère, vous devez être en mesure de prouver que vous avez travaillé avec cette dernière pendant au moins trois mois. Vous devez également fournir des preuves de vos antécédents professionnels. 
• Si vous êtes un travailleur indépendant, vous devez avoir travaillé pour au moins une entreprise et prouver que vous avez un travail en freelance en cours.
• Enfin, vous devez prouver que vous disposez d'un revenu minimum de 2 334 euros par mois ou de 28 000 euros par an. 

Mais comme indiqué au début de cet article, les choses ne sont pas aussi simples en réalité. Il ne s'agit pas d'une simple liste d'impératifs.

Les défis à la demande de visa de nomade numérique en Espagne 

Ivan dirige une agence qui aide les expatriés (principalement d'Europe de l'Est) à s'inscrire à divers programmes de résidence en Espagne, notamment la résidence étudiante et la résidence non lucrative, entre autres. Depuis l'annonce du visa de nomade numérique, il a eu l'occasion de discuter avec de nombreuses personnes quant à leurs chances d'obtenir le nouveau visa, et il a même plusieurs exemples de réussite à partager avec les nouveaux demandeurs. « Ce qui différencie ce nouveau visa de la plupart des autres programmes avec lesquels j'ai travaillé, c'est que chaque cas est différent, et que de nombreuses circonstances personnelles doivent être prises en considération ». 

Angie, nomade numérique depuis quelques années, était en voyage en Europe lorsqu'elle a entendu parler de la nouvelle initiative de l'Espagne. « Je cherchais un moyen de prolonger mon séjour en Europe et il m'a semblé que je me trouvais au bon endroit au bon moment. Cependant, après avoir étudié le programme plus en détail, j'ai eu l'impression qu'il y avait trop de variables et d'incertitudes. J'envisage donc d'opter pour le visa de nomade numérique du Portugal ». 

Alors, quels sont les principaux défis rencontrés par les postulants au nouveau visa de nomade numérique en Espagne ? 

Un expatrié ayant fait la demande et obtenu le nouveau visa de nomade numérique espagnol met en exergue les difficultés suivantes : 

• Avant tout, les documents fournis par leur employeur devaient comporter une signature « réelle », voire « à l'ancienne » - une signature numérique n'était pas acceptée. Et cela peut être perçu comme déconcertant dans le monde des nomades numériques où tout, y compris les contrats de travail et les documents liés, est traité à distance et numériquement. 
• Ensuite, lorsqu'une deuxième série de documents a été requise (environ un mois après la demande), on n'a qu'un délai de dix jours pour fournir des documents supplémentaires. Ainsi, si un employeur n'est pas en mesure de signer immédiatement les nouveaux documents et de les envoyer rapidement, une demande risque d'être retardée, voire rejetée. Il est donc judicieux d'avoir des documents supplémentaires signés et prêts à l'avance, avant même qu'ils soient demandés. 
• Une autre bonne idée, selon l'expatrié, est d'avoir un compte LinkedIn actif et à jour et d'y ajouter un lien vers son CV. Selon lui, le compte LinkedIn d'un demandeur de visa de nomade numérique peut avoir été vérifié par les autorités décisionnelles au moment où la demande de visa est faite. 

Il ne s'agit là que de quelques-unes des difficultés qui se présentent aux aspirants nomades numériques en Espagne lors de la demande de visa. Mais il y a aussi d'autres éléments à prendre en compte : 

• Il n'existe pas de « site Web unique » où l'on peut obtenir tous les renseignements sur le processus de demande. Par conséquent, faire une demande de visa de nomade numérique de manière indépendante (sans l'aide d'un avocat local) peut s'avérer exceptionnellement compliqué ; une mauvaise manœuvre peut entraîner un refus sans explications détaillées. Il n'empêche qu'avoir recours à un professionnel pour vous guider tout au long du processus peut être beaucoup plus coûteux : prévoyez un budget de 1 500 à 3 000 euros pour les frais de consultation juridique. 
• Certains documents nécessaires pour demander le visa de nomade numérique peuvent s'avérer problématiques pour les citoyens de certains pays. Par exemple, les résidents américains sont tenus de fournir une attestation de la Sécurité sociale comme preuve de leur couverture d'assurance santé en Espagne. Cependant, l'obtention de ce type de certificat peut s'avérer problématique : l'Espagne et les États-Unis ayant déjà conclu un accord au niveau de la Sécurité sociale, les autorités américaines ne trouvent tout simplement pas de motif pour délivrer un certificat de Sécurité sociale distinct.
• Il y a aussi pas mal de situations contradictoires qui ont été rapportées. Par exemple, le processus de demande de visa de nomade numérique prendrait environ 30 jours. Mais pour demander le visa, il faut s'acquitter des frais de 76 euros. Or, pour payer ce droit, il faut être en possession du NIE (Número de identidad de extranjero ou numéro d'identité l'étranger). Et pour recevoir le NIE, il faut d'abord prendre rendez-vous avec les autorités compétentes - ce qui peut prendre beaucoup de temps ou doit malheureusement être « acquis » au marché noir. 

Visas pour nomades numériques : quels sont les défis et les limitations ? 

L'Espagne n'est pas le seul pays à offrir des conditions de résidence spéciales aux nomades numériques. En fait, selon le site Web CitizensRemote, plus de 50 pays accordent actuellement des visas de nomade numérique. 

Le fait que de plus en plus de pays adoptent des visas de nomade numérique est assurément une bonne nouvelle. Cela reflète une reconnaissance mondiale de la tendance croissante du travail à distance et du nomadisme numérique. La reconnaissance des nomades numériques à un « niveau officiel » leur confère davantage de légitimité et de sécurité dans le mode de vie qu'ils ont choisi. Cela étant dit, plusieurs défis importants subsistent.

L'un des défis réside dans la nature même des visas, qui peut varier considérablement d'un pays à l'autre. Tous les visas de nomade numérique ne sont pas similaires : il existe des exigences et des conditions variables à respecter. Par exemple, certains pays peuvent exiger une preuve d'emploi ou des seuils de revenus spécifiques, tandis que d'autres peuvent réclamer une couverture d'assurance santé. Ce manque d'uniformité peut rendre difficile pour les nomades numériques la planification de leurs déplacements et l'établissement de routines stables, en particulier s'ils sont habitués à un mode de vie plus souple.

Les complexités juridiques et financières associées aux visas pour nomades numériques posent également des défis. Les obligations fiscales, par exemple, peuvent devenir plus compliquées, car les nomades numériques doivent tenir compte à la fois des lois fiscales de leur pays d'origine et de celles du pays d'accueil. Il peut être décourageant de composer avec ces complexités, surtout sans les bonnes ressources ou conseils.

La fracture numérique est un autre problème qui peut créer des obstacles pour les nomades numériques. Même avec un visa de nomade numérique, la connectivité et l'accès à une technologie fiable peuvent être un problème, en particulier dans les pays où l'infrastructure n'est peut-être pas encore à la hauteur des normes nécessaires pour soutenir le travail à distance. C'est souvent le cas dans les destinations touristiques populaires qui utilisent les visas de nomade numérique afin d'attirer les voyageurs pour des séjours plus longs. 

Les adaptations sociales et culturelles qui accompagnent l'installation dans un nouveau pays peuvent également représenter un défi. De l'apprentissage d'une nouvelle langue à la compréhension des nuances culturelles, s'intégrer dans une nouvelle société tout en maintenant les exigences du travail à distance peut s'avérer un exercice difficile. 

Enfin, nous ne pouvons pas oublier le fait qu'il n'existe pas de définition unique de ce qu'est un nomade numérique. Bien sûr, à la base, il s'agit d'une personne qui travaille en ligne et qui a la flexibilité de choisir l'endroit où il souhaite travailler. Mais à quoi ressemble son travail ? S'agit-il d'un travail d'indépendant ? D'un emploi à distance à temps plein ? Ou peut-être même de l'entrepreneuriat ? Ce que nous entendons par « nomade numérique » est important pour que les pays définissent les exigences spécifiques en matière de visa pour les nomades numériques. Par exemple, certains pays peuvent exiger un contrat de travail traditionnel avec une entreprise étrangère pour l'obtention d'un visa, ce qui désavantagerait considérablement les nomades indépendants. D'autres pourraient ne pas considérer les personnes qui possèdent leur propre entreprise en ligne comme des nomades numériques « à part entière », ce qui implique qu'elles devraient plutôt faire une demander pour un visa d'affaires. Cette ambiguïté peut conduire à une toute nouvelle série de défis, créant des obstacles pour beaucoup de ceux qui ne rentrent pas dans le moule de « l'employé » typique. 

Malgré ces écueils, il est indéniable que le nomadisme numérique a le vent en poupe. C'est un monde nouveau et courageux, et il est admirable que les pays le reconnaissent en créant des visas dédiés aux nomades numériques. Mais, du moins pour l'instant, la demande d'un visa de nomade numérique s'apparente souvent à un tour en montagnes russes : c'est excitant, mais il s'accompagne de son lot de rebondissements. 

Bonus : Visas de nomade numérique qui peuvent vous intéresser

Estonie

Le programme e-Residency permet aux nomades numériques d'établir et de gérer leur entreprise en ligne. Les conditions à remplir sont les suivantes : faire une demande, payer les frais et fournir un plan d'affaires. 

Barbade

Le Barbados Welcome Stamp offre un visa d'une durée d'un an pour les travailleurs à distance. Les conditions à remplir sont une preuve d'emploi ou de fonds suffisants, une assurance santé et une vérification des antécédents. 

Bermudes

Le « Work from Bermuda Certificate » permet aux nomades numériques de vivre et de travailler sur l'île pour une durée maximale d'un an. Les conditions à remplir sont une preuve d'emploi, une assurance santé et un casier judiciaire vierge. 

Dubaï, Émirats arabes unis

Le programme de travail virtuel (Virtual Working Program) offre un visa d'une durée d'un an aux télétravailleurs et à leur famille. Les exigences comprennent une preuve d'emploi, une assurance santé et un revenu mensuel minimum. 

Îles Caïmans

Le « Global Citizen Concierge Program » permet aux nomades numériques de vivre et de travailler aux îles Caïmans pendant une période maximale de deux ans. Les exigences comprennent une preuve d'emploi, une assurance santé et le respect d'un seuil de revenu minimum. 

Costa Rica

Le visa pour télétravailleurs (Rentista) permet aux nomades numériques de séjourner au Costa Rica pour une durée maximale d'un an. Les conditions à remplir sont une preuve d'emploi, un revenu mensuel minimum et une assurance santé. 

Grèce

Le visa de nomade numérique permet aux télétravailleurs de vivre et de travailler en Grèce pendant une période maximale d'un an. Les exigences comprennent une preuve d'emploi, une assurance santé et le respect d'un seuil de revenu minimum. 

Portugal

Le visa D7 (Income Visa) permet aux nomades numériques de vivre et de travailler au Portugal. Les conditions requises sont une preuve de revenu ou de fonds suffisants, une assurance santé et le respect de critères financiers spécifiques. 

Mexique

Le visa de résident temporaire mexicain permet aux travailleurs à distance de vivre dans le pays pendant une période maximale de quatre ans. Les conditions à remplir sont une preuve d'emploi ou de revenu, une assurance santé et un casier judiciaire vierge. 

Thaïlande

Le programme « Smart Visa » offre un visa d'une durée de quatre ans aux nomades numériques travaillant dans des secteurs ciblés. Les conditions requises comprennent un emploi dans des domaines spécifiques, le respect d'exigences minimales en matière de revenus et une assurance santé. 

Pour résumer, si vous êtes un nomade numérique à la recherche de nouveaux horizons, faites vos recherches, explorez toutes les options, demandez les avis d'autres expatriés et vous serez peut-être ce nomade numérique spécial que convoite le pays de votre choix.