Ces pays encouragent leurs expatriés à rentrer

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Publié le 2023-01-30 à 10:00 par Ameerah Arjanee
La pandémie a accentué la pénurie de main-d'œuvre dans de nombreux pays. En plus d'essayer d'attirer de nouveaux immigrants, ces pays encouragent aussi leurs citoyens qui sont à l'étranger à rentrer. Certains d'entre eux, qui ont historiquement souffert de la fuite des cerveaux, s'y sont mis dès avant la pandémie. Ils ont créé des politiques favorables, telles que des allègements fiscaux et des prêts dédiés à l'entrepreneuriat, pour encourager les rapatriés à exploiter dans leur pays les compétences et l'expérience acquises à l'étranger.

Terre-Neuve-et-Labrador offre une incitation financière aux professionnels de la santé qui rentrent au pays

La province côtière canadienne de Terre-Neuve-et-Labrador ne compte pas seulement sur les politiques fédérales pour attirer les travailleurs étrangers, elle encourage également ceux qui ont quitté la province à y revenir. Le gouvernement provincial offre une incitation financière substantielle de 50 000 à 100 000 dollars canadiens (38 000 à 75 000 dollars américains) aux professionnels de la santé qui ont quitté la province où ils sont nés, où ils ont été élevés, où ils ont fait leurs études et où ils ont travaillé, s'ils décident d'y revenir. Les médecins, les infirmières et le personnel paramédical sont tous éligibles pour ce programme baptisé « Come Home », littéralement « Rentre à la maison », lancé l'an dernier.

Qu'est-ce qui détermine le montant que perçoit chaque professionnel ? Cela dépend de leur niveau d'expertise et d'expérience, ainsi que du nombre d'années pendant lesquelles ils s'engagent à exercer à Terre-Neuve-et-Labrador. Un médecin qui accepte de revenir pour cinq ans reçoit 100 000 dollars, par exemple, tandis qu'une infirmière praticienne ne peut signer qu'un accord de trois ans. Elle bénéficie alors de 60 000 dollars. Un infirmier diplômé, quant à lui, touche 10 000 dollars de moins que l'infirmier praticien pour le même contrat.

Comme le rapporte l'agence de recrutement « Skilled Worker », les médecins (en particulier les médecins spécialistes) et les infirmières sont en tête de liste des emplois à plus forte demande à Terre-Neuve-et-Labrador. CTV News Atlantic rapporte que les salles d'urgence des zones rurales de la province ont dû être fermées par intermittence en raison de la grave pénurie de personnel médical. Environ 60 % des résidents de la province (c'est-à-dire des patients) y vivent.

Le programme « Back for Business » pour aider les expatriés irlandais à entreprendre en Irlande

En janvier 2022, le ministre irlandais de l'Aide au développement outre-mer et de la Diaspora, Colm Brophy, a lancé le programme « Back for Business », financé par l'État. L'Irlande souffre depuis des années d'une fuite de cerveaux qui n'a fait que s'intensifier avec la pandémie de Covid-19 et la crise postpandémique de l'inflation. Ce sont surtout les jeunes qui ont tendance à partir, et ce sont souvent eux qui finissent par créer des entreprises innovantes dans d'autres pays.

« Back for Business » vise à encourager les expatriés irlandais talentueux à l'étranger à revenir dans leur pays d'origine et à devenir des entrepreneurs. Le programme a été renouvelé cette année, et il est fort probable qu'il se poursuive en 2024. Il est ouvert aux Irlandais qui ont vécu à l'étranger pendant au moins un an et sont rentrés dans leur pays il y a trois ans au maximum. Ils doivent également avoir dépassé le stade du concept de leur projet d'entreprise. Pour l'instant, le nombre de places disponibles dans le programme est de 50 par an, mais il est probable que ce nombre va augmenter à l'avenir.

Le programme propose aux participants 6 mois de formation et de soutien pour leur entreprise en phase de démarrage. Cela comprend des séances interactives avec des entrepreneurs chevronnés, des séances d'information sur le fonctionnement du système pour les entrepreneurs (par exemple, les lois), une formation à la gestion de projet et à la réalisation d'objectifs réalistes, ainsi qu'un soutien par les pairs. « Business Plus » rapporte que les entrepreneurs en phase de démarrage qui ont participé au programme en 2022 ont réussi à accroître leur chiffre d'affaires de 107 % et leur effectif de 76 % grâce aux connaissances, aux compétences et au réseau qu'ils ont acquis.

Le « Mauritian Diaspora Scheme » offre des avantages fiscaux intéressants aux rapatriés

Le « Mauritian Diaspora Scheme » a été lancé en 2015 par l'Economic Development Board (EDB), l'agence pour l'investissement de l'île Maurice. Il vise à encourager les expatriés mauriciens hautement qualifiés à l'étranger, en particulier ceux qui touchent beaucoup d'argent, à rentrer au pays et à contribuer à l'économie. Il est ouvert aux expatriés qui ont la nationalité mauricienne, à ceux qui ont renoncé à leur nationalité en adoptant une nationalité étrangère, ainsi qu'aux enfants et petits-enfants de ces derniers (c'est-à-dire les immigrants de deuxième et troisième générations qui n'ont peut-être jamais eu la nationalité mauricienne).

Ce régime leur accorde la résidence permanente ainsi que divers avantages fiscaux intéressants. Le conjoint du demandeur, ses enfants de moins de 24 ans et d'autres membres de la famille dont il a la charge (par exemple, des parents âgés) obtiennent également la résidence permanente. Les participants sont dispensés de payer l'impôt sur le revenu pendant 10 ans, même sur les revenus provenant de l'étranger. Ils ne paieront pas non plus de droits d'accises sur l'achat d'une nouvelle voiture, ni de droits d'enregistrement pour l'achat d'une première maison dans le cadre du programme Smart City ou du Property Development Scheme, le Programme de développement immobilier.

En revanche, les demandes sont examinées en fonction des compétences et du niveau de revenu des expatriés. Seuls ceux qui touchent des revenus élevés, notamment ceux vivant dans des pays plus riches comme l'Australie et le Canada, ont tendance à être acceptés. Fin 2021, le journal mauricien Le Défi a publié un article sur les résultats du programme au cours des six années, soit durant la période de 2015 à 2021. Le programme a eu peu de succès, n'ayant attiré que 389 rapatriés pendant toute cette période. Il s'agissait principalement de professionnels en milieu de carrière, âgés d'une quarantaine d'années. Beaucoup étaient des médecins spécialistes, des architectes et des comptables agréés.

Depuis la pandémie, la fuite des cerveaux de Maurice s'est intensifiée, notamment dans des secteurs comme la finance et l'informatique. Aucune modification n'a cependant été apportée au Mauritian Diaspora Scheme depuis. Aucun nouveau programme visant à encourager les Mauriciens de l'étranger à revenir n'a vu le jour non plus.

L'Overseas Korean Act vise à inciter les personnes d'origine coréenne à rentrer

La Loi sur l'immigration et le statut juridique des Coréens d'outre-mer a été adoptée pour la première fois par la Cour constitutionnelle de la Corée du Sud en 1999. Elle a été revue pour la dernière fois en 2019. Elle permet à toute personne ayant déjà eu la citoyenneté coréenne et à toute personne descendant de Coréens d'obtenir le visa coréen d'outre-mer F-4.

Les titulaires de ce visa peuvent rester dans le pays pendant 2 ou 3 ans et ensuite faire une demande de renouvellement, voire une résidence permanente. Bien qu'ils ne puissent pas voter, ils peuvent occuper la plupart des emplois et conclure des contrats à long terme (par exemple, des contrats de location) dans le pays. La Corée du Sud n'accepte pas la double nationalité, mais en devenant des Coréens d'outre-mer, les personnes qui avaient auparavant renoncé à leur nationalité de naissance pour être naturalisées à l'étranger peuvent toujours travailler en Corée du Sud et contribuer à son économie.

La brochure intitulée « Customized Guide for Foreign National Koreans to Support Their Settlement in Korea », soit le Guide personnalisé pour les Coréens de l'étranger pour soutenir leur retour en Corée du Sud, publiée par le service d'immigration du pays, indique que le nombre de Coréens de l'étranger résidant au pays est passé d'environ 100 000 en 2000 à environ 700 000 en 2021. Le Commissaire du Service de l'immigration affirme qu'ils « contribuent au développement de la nation en s'engageant activement dans divers domaines en tant que membres de la société coréenne ».