Vers un « Schengen » de l'Asie du Sud-Est ?

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Publié le 2024-04-23 à 14:00 par Asaël Häzaq
Pour relancer le tourisme et booster leur économie, les pays d'Asie du Sud-Est réfléchissent à l'instauration d'un système de visa inspiré du système européen. Toujours fragile malgré la reprise post-Covid, le tourisme doit composer avec l'inflation et la morosité internationale. Un système commun aux pays d'Asie du Sud-Est impulserait une nouvelle dynamique. Décryptage.

Un « système Schengen » pour attirer les visiteurs étrangers

C'est la nouvelle idée du Premier ministre thaïlandais Srettha Thavisin pour relancer l'économie du pays, qui subit toujours le contre-coût de la crise sanitaire. Au pouvoir depuis l'été 2023, le Premier ministre multiplie les déplacements à l'étranger pour attirer les investisseurs… et les touristes. Son nouveau plan viserait à lancer un visa commun aux pays d'Asie du Sud-Est partenaires : la Malaisie, le Cambodge, le Myanmar, le Vietnam et le Laos.

Ces pays, Thaïlande et Malaisie en tête, ont attiré 70 millions de visiteurs étrangers l'an dernier. D'après Srettha Thavisin, le chiffre serait multiplié grâce à l'instauration d'un visa commun. La relance du tourisme est en effet indispensable aux économies des pays concernés. En Thaïlande, elle représente 10 % du PIB et 20 % des emplois. La Malaisie est aussi une super championne du tourisme, avec plus de 20 millions de visiteurs étrangers reçus en 2023. Les pays d'Asie du Sud-Est attirant moins d'étrangers profiteraient également de ce visa unique pour dynamiser leur secteur touristique.

À quoi ressemblerait le visa unique ?

Le visa Schengen permet de circuler librement dans les pays de l'espace Schengen. Les ressortissants étrangers peuvent séjourner dans l'espace Schengen 90 jours par période de 6 mois. Le visa Schengen dure entre 1 et 5 ans, à condition d'avoir un passeport valide. Le système d'Asie du Sud-Est devrait s'aligner sur un visa « 90 jours » pour permettre aux voyageurs étrangers de séjourner plus longtemps sur les territoires.

Le défi sera d'accorder les différentes politiques. Car le Laos, le Cambodge, le Vietnam, la Thaïlande et la Malaisie proposent déjà des programmes spécifiques de visa ou d'exemption de visas avec d'autres États, notamment européens. Il ne faut donc pas s'attendre à une instauration imminente de ce nouveau visa. La conclusion de nouveaux accords bilatéraux prendra du temps. Il s'agit néanmoins d'un signal envoyé aux visiteurs et investisseurs étrangers. À l'instar de la zone Schengen, d'autres États ont opté pour le visa commun, comme ceux de la Communauté d'Afrique de l'Est (CAE). Le Conseil de coopération du Golfe (CCG) envisage également la création d'un visa commun.

Un visa unique : quels avantages pour les expatriés ? 

Un « système de visa Schengen » serait tout aussi positif pour les expatriés. Dans sa tournée à la rencontre des dirigeants étrangers, le Premier ministre thaïlandais a ciblé particulièrement les investisseurs et les chefs d'entreprises. Un visa commun aux pays d'Asie du Sud-Est faciliterait leurs déplacements dans la région. L'Asie du Sud-Est est une zone traditionnellement plébiscitée par les investisseurs étrangers. Le secteur industriel enregistre une part importante d'investissements directs étrangers (IDE), grâce à des projets d'envergure (au Vietnam, en Thaïlande, en Malaisie, au Cambodge…). Les IDE vers la Thaïlande et la Malaisie relèvent d'ailleurs des hausses significatives, avec respectivement +22 % et +37 %.

Les travailleurs expatriés pourraient également profiter du visa commun. Car le nouveau système permettrait la libre circulation au sein des pays d'Asie du Sud-Est. La solution serait aussi avantageuse pour les candidats à l'expatriation dans un pays d'Asie du Sud-Est. Le visa leur permettrait de « tester » plus facilement leur pays d'expatriation. Reste à connaître les modalités pratiques de ce projet de visa. La procédure pour obtenir le visa Schengen est réputée complexe. Quels seront les choix arrêtés par les pays d'Asie du Sud-Est ? La simplicité des formalités sera un avantage supplémentaire pour les expatriés.