S'expatrier en 2023 : et si vous alliez entreprendre ?

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Publié le 2023-01-23 à 10:00 par Asaël Häzaq
Défi personnel, opportunité professionnelle, reconversion, ambitions nouvelles, projet de vie… Les raisons d'entreprendre sont multiples. La crise sanitaire a paradoxalement motivé de nombreux nouveaux entrepreneurs de se lancer, et de le faire à l'étranger. L'accomplissement professionnel est désormais aussi important que l'accomplissement personnel. On veut se réaliser à travers le travail, et non plus être commandé par lui. Ce désir de liberté revient chez la majorité des entrepreneurs. Mais l'actualité est-elle propice au lancement d'une entreprise à l'étranger ? Que faut-il prendre en compte pour créer son entreprise en 2023 ? Quels sont les meilleurs pays pour entreprendre ?

Entrepreneur et expatrié : les défis de 2023

Existe-t-il une bonne période pour entreprendre ? Peut-on créer son entreprise en 2023 ? On pourrait penser qu'il faille attendre un climat favorable pour se lancer. Mais tout comme on embauche en période de crise comme en pleine récession, il n'y a pas de moment favorable pour entreprendre. Le bon moment, c'est celui qu'on décide. 2020 a vu un boom des créations d'entreprises. Du Japon aux États-Unis, en passant par la France ou la Nouvelle-Zélande, de nouveaux entrepreneurs se sont lancés. Certains l'ont fait pour retrouver une activité professionnelle, d'autres, pour donner un sens à leur vie.

La tendance s'est poursuivie, et devrait continuer en 2023. Le contexte international reste sombre, miné par la guerre en Ukraine. D'autres autres conflits actuels ou passés dont moins ont pourtant une incidence sur le climat international, à l'instar de la guerre du Tigré, en Éthiopie (novembre 2020 - novembre 2022).

La situation politique influe directement sur les projets d'entrepreneuriat à l'étranger. La situation économique est tout aussi importante. Pour la Banque mondiale, 2023 sera l'année de la récession. L'inflation sera certainement moins forte qu'en 2022, mais continuera d'étrangler les économies et les revenus, avec de fortes disparités selon les États. C'est dans ce contexte que les futurs entrepreneurs construiront leur projet.

Les meilleurs pays pour entreprendre

Tous aux Émirats arabes unis (EAU) ! Selon le Global Entrepreneurship Monitor (GEM), l'État est une place rêvée pour démarrer son business. Né il y a plus de 20 ans de la collaboration entre l'académie américaine Babson College et London Business School, GEM mesure l'activité entrepreneuriale des États dans le monde. La dernière édition (23e édition), publiée l'an dernier, classe les EAU premier pays phare des entrepreneurs.

Avec 6,8 points, les EAU dépassent le géant américain d'une large tête. Les États-Unis n'arrivent que 11e, avec 5,3 points). Les Pays-Bas occupent la 2e position (6,3 points). La Finlande clôture le podium (6,2 points). Viennent ensuite l'Arabie saoudite (4e), la Lituanie (5e), la Norvège (6e), la Corée du Sud (7e), la Suisse (8e), le Qatar (9e) et l'Espagne (10e). Pour mesurer l'attractivité des États, le Global Entrepreneurship Monitor compare des données économiques (richesse du pays, conjoncture…), politiques (système politique, juridique, administratif…) et sociales. Ainsi, le GEM a pris en compte la réaction des différents gouvernements à la crise sanitaire. Il a également pris en compte le rapport des habitants à l'entrepreneuriat. À la question « est-il facile d'entreprendre dans mon pays ? », les habitants des EAU répondent « oui » à plus de 70 %. C'est le plus haut score de tous les pays étudiés. Aux États-Unis, ils ne sont que 34 % à répondre « oui ».

La stratégie gagnante des Émirats arabes unis

Les Émirats arabes unis tirent profit de leur nouvelle stratégie pour accueillir investisseurs et entrepreneurs étrangers. Durant la Covid les EAU s'étaient déjà positionnées comme la nouvelle terre d'accueil des expatriés, une terre sûre, qui vantait sa gestion de la crise sanitaire. L'opération séduction s'est amplifiée avec des visas taillés pour faciliter l'entrée et l'installation des entrepreneurs étrangers (green visa, golden visa...). En parallèle, les EAU lâchent du lest sur certaines pratiques, comme l'achat et la consommation d'alcool. Le message est clair : les EAU s'adaptent aux évolutions sociétales. Les EAU s'ouvrent aux autres cultures. Les EAU sont la nouvelle place to be des entrepreneurs.

Il convient de préciser que les EAU font partie des sponsors du GEM, et que l'étude de 2022 a été menée grâce aux données de 2021. Donc, avant la guerre en Ukraine, la crise inflationniste et les risques de récession mondiale. Pour autant, les experts s'accordent pour placer les Émirats arabes unis comme une terre privilégiée pour l'entrepreneuriat et le réseautage professionnel. Les visas très favorables aux entrepreneurs, couplés à la politique fiscale avantage (pas ou peu d'impôts sur les sociétés) favorisent l'implantation des entreprises et start-ups. Ce sont surtout les secteurs de l'innovation, de la Tech, de la beauté, la mode et l'industrie de pointe qui sont représentées.

Entreprendre à l'étranger : les business les plus porteurs

On peut entreprendre dans tout ou presque, mais quels sont les secteurs les plus porteurs ? Bien entendu, tout dépend du pays et de sa propre stratégie entrepreneuriale. Le projet d'entreprise est-il du 100 % ? Du temps partiel pour s'offrir un complément de revenu ? Est-ce un projet d'entreprise individuelle ou de société ? Avec quelques salariés ou plusieurs dizaines (de milliers) ?

On peut identifier les mêmes secteurs porteurs dans nombre d'États. Secteurs également en vue pour les personnes recherchant un emploi à l'étranger. Sans surprise, les métiers du consulting restent en tête d'affiche. Les business consultants sont ceux susceptibles de générer le plus de chiffres d'affaires. L'immobilier reste lui aussi porteur, malgré un marché bien moins euphorique qu'en 2021-2022. Les secteurs du numérique, de la communication et des énergies vertes restent tout aussi plébiscités.

Entreprendre à l'étranger : les conseils en plus

Choix du pays, du secteur, de la forme juridique, du visa… Comment entreprendre à l'étranger ? Entre le rêve d'une nouvelle vie et sa réalisation, une foule de questions se pose. Conseils pratiques pour bien préparer son projet entrepreneurial.

Comment choisir son secteur et son pays d'accueil ?

Certains rêvent de se mettre à leur compte depuis toujours, et se sont formés pour. D'autres ont eu le déclic durant la Covid. D'autres encore savent ce qu'ils ne veulent pas ou plus faire, mais pas vraiment dans quel secteur ils veulent entreprendre. Les premiers n'auront aucun mal à définir leur projet. Ils avancent à la passion, et ont certainement une idée de leur futur pays d'expatriation. Pour les autres, le conseil d'experts peut aider à y voir plus clair (Chambres du commerce et de l'industrie, Chambres de Métier et de l'Artisanat, cabinets de conseil en expatriation…). Canaliser ses idées et structurer son projet permettra de vérifier qu'il est viable, et si oui, dans quel pays.

Pour quel statut juridique opter ?

On s'intéresse souvent à la communication et au statut juridique de sa structure. Pourtant, ils viennent en dernier. Tout part du plan financier. Pour les futurs expatriés, une étape indispensable vient au préalable : le visa. Il convient de s'assurer qu'une vie d'entrepreneur est possible dans le pays étranger. La question du visa se pense avec le plan financier. C'est le plan financier qui détermine la structure juridique (besoin ou non de capital de départ, matériel, services, dépenses énergétiques, entrepreneur seul à la création, ou avec un associé et/ou des employés…). Il faut s'assurer que le visa choisi soit compatible avec la forme juridique voulue, et qu'il sera possible d'exercer l'activité choisie dans le pays d'accueil. Là encore, faire appel à des professionnels (avocats, conseillers en création d'entreprise dans le pays visé…) permettra de faire le bon choix.

Faut-il déjà être un professionnel du métier ?

Oui. Et en même temps, tout dépend le secteur. Il n'est bien sûr pas obligatoire d'être soi-même styliste pour ouvrir une boutique à Dubaï. Par contre, il faudra détenir les compétences de tout bon chef d'entreprise : compétences managériales, commerciales, techniques (choix du local, emplacement…), comptables… Quand bien même des comptables, commerciaux et communicants seraient embauchés, l'entrepreneur doit se former un minimum pour comprendre le fonctionnement de son entreprise. En revanche, l'entrepreneur-artisan ou artiste se doit de maîtriser son métier. En général, il travaille seul ou a quelques assistants. Le business consultant, le développeur web, le perruquier ou le concept artist qui se met à son compte doit bien sûr pratiquer son métier (et bien, s'il veut avoir des clients).

Comment créer et développer son réseau à l'étranger ?

Le réseau peut se créer bien avant l'implantation dans le pays d'accueil. Chambres du commerce et de l'industrie, réseaux professionnels internationaux, forums d'entrepreneurs, réseaux sociaux professionnels et autres conventions sont autant de moyens de réseauter. Les anciens collègues peuvent aussi être sollicités, de même que les réseaux informels. Il ne faut pas forcément chercher des contacts dans sa sphère professionnelle. Au contraire, élargir son cercle créera une émulation positive.

Faut-il parler la langue du pays d'accueil ?

Oui. Même si l'anglais est la première langue commerciale au monde, il ne sera peut-être pas celle des futurs clients et du réseau. Même si l'anglais est parlé dans le réseau professionnel, il ne le sera peut-être pas au coin de la rue. Il faut bien entendu parler anglais. Mais faire l'impasse sur la langue locale, tout aussi capitale, est une erreur. Bien plus qu'un outil de communication, elle permet l'intégration. La langue du pays d'accueil peut s'apprendre avant l'expatriation (c'est la meilleure option). Même s'il fait appel à des experts pour décortiquer le jargon administratif et juridique (un mystère, parfois même pour les bilingues et les natifs), l'expatrié a tout intérêt à apprendre la langue de son pays d'accueil. La maîtriser lui donnera plus d'assurance et le mettra dans de meilleures dispositions pour démarrer et développer son business.

Liens utiles :

International Chamber of Commerce

World Chambers Network

Global Chamber

Business Network International

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