Travail, loyer, coût de la vie : les restrictions qui touchent les étudiants étrangers

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Publié le 2022-11-28 à 14:00 par Asaël Häzaq
Temps gris pour les étudiants étrangers. Le quotidien est plus rude depuis la crise sanitaire. La crise énergétique et l'inflation n'ont fait qu'ajouter aux difficultés des étudiants internationaux. Le travail devient indispensable pour faire face à la hausse des dépenses. Mais comment jongler entre études et travail ? Que représente le travail dans la vie d'un étudiant étranger ?

Impact de l'inflation sur le budget des étudiants étrangers

Cours, matériel de travail, loyer, transports, alimentation, sans compter les imprévus : étudier coûte cher, encore plus lorsqu'on part à l'étranger. En Australie, un semestre d'étude coûte entre 10 000 et 13 000 dollars. C'est un peu plus qu'en Nouvelle-Zélande (8 000 à 12 500 dollars), qu'en Israël (2200 à 8500 dollars), qu'au Japon (1500 à 2500 dollars) ou qu'en Afrique du Sud (2000 à 4000 dollars). Aux États-Unis, les prix s'envolent à plus de 15 000 dollars le semestre. Ces chiffres ne sont que des moyennes, et sont loin de refléter la réalité de tous les étudiants étrangers. Ils peuvent varier du simple au triple selon l'établissement choisi, le cursus, le niveau d'étude (licence, master, doctorat). À ces frais s'ajoutent le loyer, d'environ 800 à plus de 1500 dollars par mois selon les pays, l'alimentation, les transports, et les autres frais annexes. Des frais en hausse constante depuis l'inflation.

C'est une double peine pour les étudiants locaux comme étrangers. La crise sanitaire les a privés d'emploi. Pas (ou moins) de travail, donc moins de revenus pour faire face aux études et à la vie à l'étranger. En Australie, les étudiants étrangers de l'Université Charles Darwin sont dans l'impasse. L'inflation dans cette partie du pays explose. En août, les loyers ont augmenté de 16 % à Darwin contre 4 % dans le reste du pays. Le gouvernement a accordé une aide de 250 dollars pour les citoyens australiens. Exclus, les étudiants étrangers tombent dans l'extrême précarité. Même en accumulant plusieurs jobs (payés au salaire minimum), impossible pour eux de joindre les deux bouts. Une précarité qui influe sur leur moral et leurs résultats scolaires. Un cercle vicieux. Étranglés par des frais de scolarité toujours trop élevés et une inflation galopante, les syndicats étudiants dénoncent les arbitrages du gouvernement.

Même situation au Canada et en France, où des étudiants disent sacrifier leur budget nourriture pour acheter des manuels scolaires. En France, le coût de la vie d'un élève non boursier a grimpé de 7 % . Pour faire des économies, des étudiants partent à plus d'une heure en transport de leur lieu d'études. Le rythme de vie, entre présence en cours, travail et études devient difficilement soutenable.

La place du travail dans la vie d'un étudiant étranger

Au printemps 2022, The Varsity, journal de l'Université de Toronto, publie une enquête révélant la face cachée du travail des étudiants étrangers. Indispensable, il est souvent trop précaire pour maintenir un bon niveau de vie. D'autant plus que les étudiants étrangers sont limités à 20h/semaine durant les périodes scolaires. Limitée au temps partiel, leur candidature n'attire pas toujours les employeurs. Akaash, étudiant étranger, témoigne : « Beaucoup d'entreprises ne nous embauchent pas parce qu'elles savent qu'on ne peut faire que du temps partiel. ». Comme de nombreux autres, Akaash s'oriente vers la livraison à domicile. Livreur pour UberEats, il parcourt des dizaines de kilomètres à vélo pour moins de 10 dollars canadiens de l'heure. Un travail physique dans des conditions difficiles pour un faible salaire. D'autres étudiants étrangers travaillent dans la restauration, dans des conditions tout aussi difficiles.

Que disent les gouvernements ?

En Australie, on parle de trouver un « juste équilibre » entre les études et le travail. Assouplies en début d'année, les heures de travail pour les étudiants étrangers devraient être de nouveau plafonnées en juillet 2023. Mais en leur permettant de faire plus d'heures (ils étaient limités à 40/semaine avant l'assouplissement), le gouvernement cherchait à endiguer les fortes pénuries de main-d'œuvre, pas à améliorer les conditions de vie des étudiants. Conscient qu'une accumulation d'heures nuit à la scolarité, il cherche à présent le « juste équilibre ». Cela passera-t-il par davantage d'aides pour les étudiants étrangers ? Pour l'instant, le gouvernement n'a pas évoqué ce sujet.

Il y a bien longtemps que le job étudiant n'est plus une simple découverte du monde de l'entreprise à l'étranger. Il entre dans le budget étudiant dès la conception du projet d'expatriation. Certains de trouver un petit boulot, les étudiants se focalisent bien sûr davantage sur le choix de l'école que sur les offres de travail dans le pays étranger. La Covid a changé la donne. La crise économique a aggravé une situation déjà intenable pour beaucoup d'étudiants étrangers. Pourtant, le travail est pour eux capital; il conditionne la poursuite de la scolarité. Mais dans quelles conditions ?

Bourses d'études pour les étudiants étrangers

Les bourses peuvent-elles supporter l'intégralité d'un cursus à l'étranger ? La réponse est non. Conscientes de la pression que subissent les étudiants, pression encore plus forte pour les étudiants étrangers (souvent seuls dans le pays d'accueil), les universités disent faire tout leur possible. L'Université d'Ottawa affirme avoir l'un des programmes de bourses « les plus généreux ». Toronto, Cambridge, Oxford, New York ou Dartmouth proposent aussi des aides pour les étudiants étrangers. En Europe, le programme Erasmus veut accroître la mobilité des étudiants internationaux précaires. Initié par la Comission européenne, Erasmus mundus scholarships permet aux étudiants étrangers éligibles d'étudier en Europe, dans les établissements partenaires du programme. D'autres aides existent, au niveau des états : Eiffel scholarships en France (pour les masters et doctorants), DAAD scholarships en Allemagne, Slovak Government scholarships (Slovaquie)…

Bien entendu, ces aides ne permettent pas de supporter le coût intégral d'une ou plusieurs années d'études à l'étranger. Le travail reste indispensable. Un travail que les étudiants voudraient davantage rémunéré, surtout lorsqu'ils remplissent les mêmes tâches qu'un salarié ordinaire. Mais ces différences, ils ne les découvrent que sur place. Les étudiants ne choisissent pas leur pays d'accueil en fonction de l'offre de petits boulots et des conditions de travail. Ils se renseignent sur les universités, les comparent en fonction de leurs aspirations. Les jobs se trouvent partout : fast-food, restaurants, hôtels… La règle est moins vraie aujourd'hui. Loin de l'image d'Épinal de l'étudiant vacancier profitant de sa vie à l'étranger, les étudiants internationaux luttent pour concilier études et travail.

Liens utiles:

Bourses d'études (liens en anglais)

Union européenne : Erasmus Mundus Scholarships 

France : Eiffel Scholarships ; INSEAD Business School International Scholarships 

Belgique : VLIR-UOS Training and Masters Scholarships 

Allemagne : DAAD scholarships 

République tchèque : Charles University Faculty of Social Sciences Development Scholarships 

Slovaquie : Slovak Government Scholarships 

Canada : Global Affairs Canada 

Japon : ADB Japan scholarship program (pour les ressortissants des pays membres de l'Asian Development Bank)

États-Unis : Dag Hammarskjöld Journalism Fellowships (pour les étudiants venant d'Afrique, d'Asie, d'Amérique latine et des Caraïbes) ; Mandela Washington Fellowship for Young African Leaders (pour les étudiants venant d'Afrique)

Royaume-Uni : Commonwealth Master's Scholarships (pour les ressortissants des pays membres du Commonwealth)