Ce qui change avec la nouvelle réforme de la loi sur l'immigration en Espagne

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Publié le 2022-09-14 à 10:00 par Asaël Häzaq
Voilà une bonne nouvelle pour tous les futurs expatriés en Espagne. Le 16 août dernier, le pays a finalement adopté la nouvelle loi sur l'immigration. L'Espagne manque de main-d'œuvre. Certains secteurs sont particulièrement sous tension. En faisant appel aux travailleurs internationaux, le pays entend redynamiser son économie. Détail des principaux dispositifs de la nouvelle loi.

Faciliter le recrutement des travailleurs étrangers

C'est le point fort de la réforme. La nouvelle loi sur l'immigration permet aux travailleurs étrangers d'obtenir plus facilement leur visa. Un point indispensable pour l'Espagne, qui veut devenir plus attractif et attirer les talents internationaux.

En pratique, la réforme simplifie le recrutement depuis l'étranger, dans certains secteurs d'activité. La liste des emplois sous tension sera actualisée tous les 3 mois par secteur d'activité et position géographique. Auparavant, cette liste était restrictive et limitée. Les travailleurs étrangers avaient de nombreuses difficultés à trouver un poste. D'autant plus que la procédure pour obtenir un permis de travail était longue et fastidieuse.

Désormais, la liste des métiers sous tension est bien plus variée, pour toucher le plus grand nombre. Elle se divise en deux volets : d'un côté, les métiers difficiles à pourvoir (postes sous tension), de l'autre, les autres postes. Auparavant, les entreprises ne pouvaient recruter que pour des métiers du premier volet (postes sous tension). La réforme leur permet de recruter au-delà de ce secteur. Pour cela, il leur suffit de publier leur offre d'emploi sur le Portail pour l'emploi espagnol. Si l'offre reste non pourvue pendant 8 jours, elle tombe dans la liste des postes difficiles à pourvoir, et les entreprises seront libres de recruter la main-d'œuvre étrangère.

Développer l'entrepreneuriat

Le nomadisme numérique est en plein boom, et l'Espagne veut en profiter pour encourager les indépendants. Tout comme le permis de travail, il était auparavant difficile de créer son entreprise en Espagne. Obtenir le visa de travailleur indépendant relevait de l'épreuve de force, surtout si le projet d'entreprise ne figurait pas parmi les secteurs dynamiques ou novateurs. Le lieu de résidence n'influait pas sur la complexité de la procédure : postuler depuis l'étranger ou en Espagne exposait aux mêmes difficultés.

Là encore, la réforme simplifie la donne. Tous les éléments procéduriers qui ralentissaient l'obtention du permis de travailleur indépendant (permis autónomos) sont supprimés. La loi permet plus de souplesse dans le traitement des permis de séjour, et s'adapte à chaque cas d'espèce. C'est une conséquence directe de la « nomadisation » de l'organisation du travail. Conscient du développement de nouvelles formes de travail, l'Espagne veut promouvoir la digitalisation des activités professionnelles. Les nouveaux métiers du numérique tendent tous vers plus de flexibilité. La réforme de l'immigration suit cette ligne, y compris pour les demandes de regroupement familial des entrepreneurs étrangers. Pour l'Espagne, l'opération est gagnant-gagnant. Favoriser l'implantation des indépendants créa plus de richesse, donc plus de croissance.

Favoriser l'emploi des étudiants étrangers

La réforme de la loi sur l'immigration cible aussi les étudiants étrangers. Tout d'abord, elle facilite l'entrée dans la vie active des étrangers qui étudient dans un établissement à visée professionnelle (une école spécialisée, par exemple). Grâce à la loi, l'étudiant étranger qui suit une scolarité dans un établissement qui le rend directement « employable » pourra travailler sans avoir à faire une demande de modification de visa. Ces étudiants pourront travailler en tant qu'employés, et même en tant qu'indépendants, dans la limite de 30 heures maximum par semaine.

Les autres étudiants étrangers bénéficient aussi de plus de souplesse. En 2018, le gouvernement espagnol avait déjà créé un nouveau titre de séjour pour les étudiants en recherche d'emploi. La nouvelle loi sur l'immigration va plus loin, et supprime les 3 ans requis pour transformer son visa étudiant en visa de travail, dès lors que les études sont terminées. De plus, un étudiant étranger peut maintenant travailler 30 heures maximum par semaine, au lieu de 20 auparavant.

Une réforme migratoire pour attirer les travailleurs étrangers

La réforme de la loi sur l'immigration allonge la durée de renouvellement de visa. Le renouvellement dure plus longtemps que précédemment : 4 ans, au lieu de 2. On pourra le demander si l'on a travaillé 3 mois dans l'année, et non plus 6. La procédure est plus simple. Il suffira de prouver que l'on cherche effectivement du travail.

En ciblant les travailleurs étrangers, l'Espagne fait un nouveau pas dans la course pour attirer les talents internationaux. Le pays est lui-même confronté à la « fuite des cerveaux ». Le problème inquiète depuis la crise immobilière espagnole de 2007, aggravée par la crise financière mondiale de 2008. Les différentes coupes budgétaires ont fait partir chercheurs, doctorants et autres diplômés. C'est pour contrer cette vague que l'Espagne mise sur les talents internationaux. Leur arrivée pourrait même avoir un effet boomerang positif, et montrer aux locaux les avantages du pays.